Forum de FilmDeCulte

Sean Baker s'il fait pas un film dans un wasteland culturel moite il meurt.

J'avais été intrigué par le blurb sur l'affiche qui évoquait "Un rythme d'enfer". Et en effet, ce film c'est avant tout un rythme. Chaque séquence doit durer 45 secondes max. Il n'y a presque pas d'histoire, c'est juste une chronique effrénée, portée par la caméra libre et blagueuse de Baker et son sens du cut croustillant.

Un rythme, mais aussi un personnage. Dans le rôle de "Mickey Saber", ex-acteur de cul qui revient dans son bled, Simon Rex, sorte de Pierre Deladonchamps avec un faux nez, se débrouille bien. On sent surtout qu'il s'amuse. Parallèle intéressant entre l'acteur et le perso, qui cherche un taf mais n'en trouve pas à cause de son passé dans le porno et choisit donc de passer du bon temps.

Libre dans le ton, la construction et la forme, le film est constamment attachant. On sent Baker qui s'amuse à toujours surprendre, à chercher l'axe, l'idée ou la lumière qui va nous titiller. Généreux et stimulant, ça m'a beaucoup plu.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'aime comment Baker évite, comme pour Tangerine et The Florida Project, tout misérabilisme malgré le décor et tout jugement moral avec ce portrait improbablement attachant d'un mec qui se révèle de plus en plus un exploiteur égoïste (Simon Rex dans un rôle méta et à des kilomètres de...Scary Movie 3 ou 4).
C'est un peu trop long malgré le rythme enlevé mais j'aime beaucoup cette mise en scène au 16mm naturaliste qui se fait par moments plus ostentatoire à dessein, avec des mouvements de caméra plus marqués, et ce séquençage qui fait confiance à l'intelligence du spectateur, ellipse ce qu'il faut, écourte ce qu'il faut...
Les scènes les plus attendues sont évitées et même les trucs les plus écrits servent davantage à la caractérisation qu'à du rebondissement facile peu crédible.
Très sympa.

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Désolé mais c'est factuellement faux, il doit y avoir plus de séquences durant deux minutes que de séquences durant quarante-cinq secondes.

Film sympa sinon, mais avec trente minutes de trop. Ça m'a donné envie d'acheter des donuts (ce que j'ai fait).

Bravo à ceux qui ont écrit leur critique d'avoir réussi à ne pas employer les termes "white trash".

Confirmation qu'après The Florida Project Sean Baker c'est vraiment du tout bon. J'espère que la performance de Caleb Landry Jones mérite vraiment le prix d'interprétation qu'il a récolté à Cannes, parce qu'à Simon Rex il aurait convenu comme un gant (acteur dont je n'avais par ailleurs jamais entendu parler, et en parcourant sa filmographie je me rends compte que le mec a débuté... dans le porno gay détail qui me fait penser qu'il est effectivement monté comme un âne). Sinon pour en revenir à Baker, je pensais (à tort) que Tangerine était son premier film, mais en fait non il a 4 longs à son actif avant celui-là, très envie de rattraper tout ça.

Très rapidement devant Red Rocket j'ai pensé à The Other Side de Roberto Minervini (que je recommande très très chaudement), les mêmes laissés pour compte de l'Amérique que l'on voit peu représentés au cinéma, la même Bible Belt, Texas chez l'un, Louisiane chez l'autre. Ça ne manque pas après le film je regarde le conférence de Presse de Cannes, et le seul réalisateur qui soit cité, c'est bien évidemment Minervini (dont il reprend d'ailleurs une "actrice", la cheffe des trafiquants Leondria, que j'avais vu dans What You Gonna Do When the World's on Fire?). Et finalement la parenté est évidente, parce qu'il y a une vraie dimension documentaire chez Sean Baker, qui choisit avec beaucoup de scrupules les lieux où il va tourner (parce qu'il tient à ancrer socialement et géographiquement son récit), et parce qu'au-delà des quelques acteurs professionnels dans les rôles titres il s'entoure pour l'essentiel d'amateurs. De là vient le gage d'authenticité qui se dégage tout au long du film.

Et sinon oui, pour reprendre l'une des qualités relevés par Bob, ce que j'aime surtout chez ce réalisateur c'est la confiance qu'il a en l'intelligence de son spectateur. Loin de nous enfoncer jusqu'au fond de la gorge (à la manière d'un Pleasure) tous les poncifs sur les horreurs du milieu du porno, il traite du même sujet de manière beaucoup plus subtile et insidieuse, mais aussi avec bien plus d'humanité. Il aurait été facile de se contenter de dresser le portrait d'un macho narcissique qui abuse de tous ses proches, ce qu'au fond Mikey Saber est, mais Baker va au-delà de ça, il nous montre aussi à voir pourquoi ce mec peut se permettre ça : parce qu'il a un charisme absolument dingue (ce petit sourire qu'arbore Rex tout le long, j'avais l'impression d'être face à un improbable croisement entre le côté rapace de Rocco Siffredi et la douce dinguerie de Jean-Claude Van Damme), et parce qu'objectivement le mec ne pense jamais à mal, il profite de sa position de privilégié (bel étalon qui a construit sa notoriété avec sa queue) sans jamais se poser de questions, pire sans que quiconque autour de lui ne se pose non plus cette question (même si elle affleure à certains moments, mais n'est jamais véritablement verbalisée). Je crois que là où le mec nous montre à quel point il touche le fond, c'est lorsqu'il arbore fièrement ses trophées pour la meilleure félation de l'année. Quand on lui fait remarquer qu'il n'a pas beaucoup de mérite (au-delà de réussir à bander, mais bon en plus le mec tourne au viagra non stop), on sent vraiment que ça touche son amour propre, il l'a gagné 3 fois donc tu comprends ça veut bien dire que finalement c'est bien lui l'élément moteur de ces scènes, et de nous raconter dans le détail comment il prend la tête de ses partenaires, qu'il leur enfonce son dard jusqu'à la garde, l'écume qui leur vient aux lèvres... c'est à la fois hilarant et terriblement gênant.

Tout le film est à l'image de cette anecdote, entre humour et stupeur, le spectateur tiraillé entre l'inévitable attrait qu'il éprouve pour Mikey Saber et le dégoût pour certaines de ses attitudes (jusque dans les plus infimes détails, comme lorsqu'il lâche son voisin qui se fait molester au centre commercial, prétextant qu'il ne peut accepter qu'il porte un uniforme militaire sans avoir fait l'armée, quand la réalité est qu'il voulait seulement éviter de se faire casser la gueule - ce qui lui arrive déjà trop souvent). C'est très subtil, ça le sera peut-être trop pour certains qui passeront à côté de ce que Baker questionne (la domination masculine comme système et pourquoi ça marche encore maintenant, en particulier dans certains milieux), et surtout toujours profondément humain, pas un seul des personnages n'étant ridiculisés ou rabaissés (une mère de famille deal tranquillement de la beuh dans son jardin en conversant amicalement avec ses voisines et alors ?).

Première ligne de la bio, première info. Son âge : 21 ans.

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Je suis allé jusqu'à la suivante : film student. Va falloir pousser un peu plus loin la pertinence critique.

J'avais pas prévu de y aller mais vos avis me font douter...

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CroqAnimement votre

Sans savoir pourquoi tu n’es pas motivé, je trouverais dommage de ne pas le voir.

Avant même de cliquer je savais qu’elle mettrait ses pronoms

Et sinon Art, fonce !

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Vu ses deux premiers films que j'aime modérément donc je sens le 3/6. Et comme ça dure plus de de 2h...

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CroqAnimement votre

Moi j’en aurais bien pris le double.

T'as surtout un sosie de Swann Arlaud.

Et c'est pas la photo la plus parlante mais dans le film c'est chaud ouais. Swan Arlo.

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2h08, c'est pas trente minutes de trop, pour ce genre de film ?...

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