A la veille du début d'une tournée estivale, le propriétaire et fondateur d'un petit cirque meurt soudainement. Désemparés, les membres de la troupe décident alors de faire appel à la fille de celui-ci, Kate, qui a pourtant quitté le cirque une quinzaine d'années plus tôt. A leur grande surprise, elle accepte de les rejoindre. Le destin met sur leur route Vittorio, un Italien, qui, intrigué par la personnalité de Kate et passionné par le monde du cirque, décide de faire un bout de chemin avec eux. Il va peu à peu intégrer la troupe, tout en essayant de percer le secret de Kate : pourquoi a-t-elle quitté la troupe hier et pourquoi accepte-t-elle de revenir aujourd'hui ? A la fin de la tournée, chacun poursuivra son chemin. Mais lequel ?La première surprise c’est que c’est un film étonnamment simple, sans doute le plus accessible de son auteur (en tout cas c’est de loin son plus court : 1h24 seulement !). La deuxième surprise, c’est que, contrairement à son très surprenant dernier film Ne Touchez Pas La Hache, celui-ci n’apporte rien de nouveau du tout à sa filmographie. Mais ce n’est pas vraiment un défaut puisque c’est le but-même du film : faire un bilan, et expliquer.
On retrouve l’ambiance bucolique de Va Savoir, et on en retrouve presque même un personnage (Sergio Castellitto semble reprendre son rôle huit ans après), et tout le film fonctionne comme ça : une intrigue toute simple mais dont chaque élément fait écho à des choses déjà entraperçues dans ses précédents films. Cet air de déjà vu (qui tient plus de l’écho que de la redondance), pourrait faire passer le film pour superficiel par rapport à certaines de ses œuvres, plus ambitieuses, mais ce qu’il y a d’inédit, c’est que Rivette recrée ici tout son univers pour nous en donner pour la première fois les clés de lecture. Tous ses thèmes fétiches (théâtre/représentation /femme en danger/ blabla…) ne sont à nouveau abordés que pour être ici révélés, expliqués. La nuance est mince, mais elle est importante. Il y a par exemple, une scène où (sans spoiler) Jane Birkin explique pourquoi elle va mal, de manière générale. C'est une scène étonnamment explicative pour Rivette, mais c’est justement le but du film : non pas de redire les choses, mais bien au contraire de mettre pour la première fois des mots sur ce qui jusqu’ici avait toujours été sous entendu ou elliptique, et dans cette scène, elle nous parle en réalité des maux qui rongeaient secrètement chaque héroïne Rivettienne depuis le début. Cela pourrait faire passer le film pour paresseux, mais il ne s'agit pas d'un simple copié/collé: les dernières scènes sont pour moi parmi les plus émouvantes qu'il ait tournées, et la toute première scène
La plus grande partie du plaisir que j'ai ressenti devant ce film vient justement de cette filiation permanente au reste de son œuvre (a l’image du personnage de Jane Birkin, qui tient déjà complètement debout en soi, mais qui gagne encore plus en nuances quand on repense à son rôle dans l’Amour par Terre). Ce qui ne veut pas dire qu’il faut s’y connaitre en Rivette pour apprécier le film, où qu'il se résume à une série de clins d'oeil pour les fans, je trouve que ça n'en fait absolument pas un film "codé", bien au contraire, il reste tout à fait accessible.
J'attends une seconde vision avec du recul, pour voir ce que deviennent les quelques toutes petites reverses que j'ai sur le film (un symbolisme parfois trop évident). En attendant, en toute subjectivité, le film m'a plus plu que ce que je pensais, je lui donne un 6/6 provisoire.
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