En Birmanie, une touriste américaine se retrouve malgré elle victime de la répression militaire birmane.
Forêt et rivière. Famille. Transformation personnelle comme but à atteindre. Lutte pour la survie. Questions sociales. Spiritualité bouddhiste.
A part ça, ya quoi ?
Hans Zimmer en mode flûte exotique, inspiration morriconesque. Et deux, trois plans qui rappellent que ya un vrai réal derrière tout ça. Et deux inscrutes foirées qui rappellent que ce réal, c'est John Boorman. Et "où est Charlie Boorman ?"
L'impression d'un Boorman, qui n'a pas participé au scénario, se piquant d'un film témoin hollywoodien engagé droidloms et toutes les scories qui vont avec, et pas beaucoup des qualités qu'on peut, parfois, y trouver.
Pour commencer, on ne comprendra jamais rien au pourquoi de la junte militaire, à part que c'est une dictature de gros méchants... Plus le point du vue cliché occidental (" I'm an American citizen !"), avec trauma inclu... Les autochtones qui privilégient l'anglais entre eux... Une voix-off qui pue le comblement de trou... Le carton début "d'après des faits réels", le carton de fin édifiant avec le nombre de victimes...
Le film est une invitation à aller Beyond Rangoon mais ne va pas assez loin pour illustrer un tel sujet géopolitique.
Il est aussi trop mou pour justifier le côté survival, d'autant que la junte birmane a pas l'air d'avoir des soldats d'élites, vite fait justifié dans un dialogue.
Encore peut-on se satisfaire de l'évocation du deuil vécu par le personnage d'Arquette, joliment présenté.
Un mérite (d'autant que ce ne pouvait être soupçonné d'être un poncif vulgaire et opportuniste à l'époque) est d'avoir un côté féministe. Se concentrer sur une femme, une première pour le réal.
Il a en plus la chance de diriger une très bonne Arquette. Vraiment dommage pour elle que le reste du film ne soit pas au niveau, n'ayant vraiment que le reste du cast pour l'épauler.
Plus l'évocation d'une figure politique d'opposition féminine : Aung San Suu Kyi.
Malheureusement, qui frise l'idôlatrie. A un point qu'à l'apparition de son personnage dans le film (qu'elle hante tout le long par ses portraits et les évocations permanentes par les Birmans), elle est à la limite des pouvoirs mystiques.
Pourquoi pas les quelques effets de caméra pour démontrer à l'image le charisme (et ça fait boormanien), mais les soldats qui tremblent dans leurs casques, c'est ridicule. Et puis bon, un petit dialogue didactique pour rappeler ses origines familiales qui la protégeaient au moins autant que son charisme n'aurait pas été de trop. Si on avait voulu être honnête et ne pas en faire une sainte. C'est gênant.
Même auréolée d'un Prix Nobel de la Paix tout frais, c'était trop. Aujourd'hui, ça pue la naïveté.
Peu importe le backlash qu'elle se prend depuis la persécution des Rohingyas (enfin depuis qu'on a décidé d'en faire une crise humanitaire de premier plan, les Birmans ont pas attendu Aung San Suu Kyi, qui n'a pas les pleins pouvoirs, pour s'occuper violemment de cette minorité et de beaucoup d'autres), comment un réalisateur qui se pique d'explorer la psyché humaine et d'être visionnaire peut-il tomber aussi bas dans la dévotion?
Allez, on va lui reconnaître d'avoir compris que le soutien populaire birman ne pouvait qu'amener Aung San Suu Kyi à ne plus être cantonnée à son rôle d'opposante.
Après, c'est pas catastrophique dans la forme, mais tellement en mode automatique que ça fait vraiment trop ressortir ce côté putassier du film hollywoodien piochant du drame facile dans les malheurs des dictatures.
Heureusement que Boorman sait rester digne dans sa représentation des massacres en évitant l'emphase et en conservant une saine distance, revendiquant son caractère témoin.
Ca se laisse regarder et, au regard du sujet, c'est terriblement décevant. Reste une vague valeur documentaire. A voir pour Patricia Arquette, qui porte le film.