Forum de FilmDeCulte

Un jeune couple annonce son mariage lors d’un dîner entre amis. Les réactions de chacun vont révéler des failles sentimentales jusque-là inexprimées au sein du groupe.

Rendons à Karloff ce qui lui appartient, la première critique sur le forum pour ce film.

Il y a effectivement une vraie influence de Cassavetes dans celui-ci, mais on est tout de même beaucoup moins dans la performance d'acteurs que dans une œuvre où c'est avant tout le verbe qui prime. Finalement je lui trouve presque plus de proximité avec Ceylan et ses tunnels de dialogue interminables où la tension monte progressivement pour finalement crever l'abcès. La scène du jeu de la vérité dans Passion n'est ainsi pas sans rappeler la longue nuit de beuverie de Winter Sleep entre Aydin, son ami et l'instituteur.

Sinon le film a eu sur moins un effet plutôt opposé à celui décrit par Karloff. J'ai trouvé que le film mettait un peu de temps à se mettre en place, disons qu'il prend vraiment son ampleur à partir du moment où les 3 amis arrivent chez l'amie de Kenichiro (dont je ne me souviens plus le prénom). A partir de cette scène c'est un sans faute, la tension ne redescend jamais, et pour la 3ème fois en une année après Senses et Asako (4ème si j'ajoute son moyen métrage) je suis subjugué par la maîtrise d'Hamaguchi. Scénario et dialogue sont d'une précision clinique, la direction d'acteur est une nouvelle fois admirable, alors que la caméra se fait beaucoup plus hésitante (un comble tant Asako est d'une maîtrise presque étouffante dans ses cadrages et ses mouvements de caméras) sans que cela n'amenuise aucunement la force de ce qui se passe à l'écran. Et il s'y passe quelque chose d'assez unique pour le cinéma nippon, où je n'ai pas le souvenir d'avoir vu un tel déballage émotionnel, mettant à nu la duplicité de chacun, les compromissions avec lesquels chacun composent afin de mieux continuer sa vie confortablement, la peur de la solitude, les renoncements amoureux, le film est d'une richesse assez folle tout en étant toujours mesuré dans chacun de ses versants, ne tombant jamais dans la caricature, ce qui est assez prodigieux pour un premier long métrage. Et je me dis que c'est probablement ce que certains doivent lui reprocher là-bas (le film a tout de même la note hautement improbable de 1.7/10 sur IMDB!), de briser une sorte de tabou, de verbaliser un non-dit avec lequel le plus grand nombre a appris à vivre mais qu'ils n'ont aucunement envie qu'on le leur rappelle.

Je n'ai finalement qu'une question, c'est pourquoi il aura fallu attendre 11 ans pour que ce film trouve le chemin des salles, tant le talent d'Hamagushi est une évidence dès ce premier film. Si j'en crois IMDB il reste 3 longs (et 2 documentaires) qui ne sont pas encore sorti en France, j'espère que nous aurons maintenant également la chance de pouvoir les voir.

4.5+/6

Ça s'appelle un 5/6.

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J'allais écrire 4.5-5/6, faut que je laisse le film mûrir pour savoir quelle sera la note finale.

Les notes sur imdb du cinéaste sont si faibles que je soupçonne un acte de vengeance mal intentionné.

sinon il m'a confié qu'il avait fait des films de commande dont il n'était pas particulièrement fier. Après c'est toujours pareil. Il faut un distributeur japonais qui envoie les films aux festivals et que ceux-ci prennent les films.

Après m'être à moitié endormi devant Senses je n'aurais jamais cru m'enthousiasmer autant devant Asako et maintenant devant ce Passion que j'ai tout simplement adoré !

C'est typiquement le genre de films qui me fascinent, je le trouve extrêmement rohmérien moi dans sa façon d’enchaîner des petits huis clos où on parle tout en se scrutant, en se mentant à soi-même et en retranchant les autres aux limites de leur morale. Les dialogues sont merveilleusement distillés, une phrase mal soupesée et qui s'échapperait trop vite et on dirait que tout peut basculer.

Peut-être qu'après le pic de la séquence "bouteille d'eau" ça retombe un peu trop et le film se finit mollement mais en tous cas j'ai été captivé.

Un bon gros 5/6

ah content que vous aimiez...

la déclaration d'amour est tellement belle...