Forum de FilmDeCulte

J'ai récemment eu envie de découvrir un cinéaste atypique et controversé du cinéma français au travers de sa filmographie qui m'était en grande partie inconnue. Je crée ce fil pour y consigner mes découvertes au fur et à mesure. Cette envie est née au fil de la lecture de son bouquin Les Chantiers de la Gloire paru il y a un ou deux ans.



Un bouquin assez bien écrit où il revient en détails sur ses débuts d'assistant-réalisateur, sans langue de bois, et où il remonte le fil de sa filmo pas à pas. Sincère et entier, il s'affiche aussi comme étant fier, avec une tendance à la prétention. Pourtant il n'hésite pas à revenir sur ses erreurs (nombreuses) notamment dans sa façon de tisser des liens dans le travail puis de rompre totalement à la moindre frustration ou au premier désaccord. Un véritable pavé plein de générosité, qui développe énormément son observation autour de la façon de faire un film, d'exister, de résister aux concessions, aux pressions, de plonger dans les médias, de la façon dont un film vous échappe dès le premier jour de tournage etc., mais curieusement il est assez peu question de mise en scène.

Bref, tout commence avec :

Diva (1981)



Un jeune postier amoureux du bel canto réalise un enregistrement pirate d'un concert donné par une diva. Sa passion et un hasard malencontreux vont provoquer une chasse à l'homme dont il est la proie.

Un film qui a bidé sévèrement à sa sortie et qui a petit à petit généré un bouche à oreilles positif auprès d'une partie des cinéphiles, et de certains artistes de la profession (particulièrement ceux qui oeuvrent dans la décoration et la photographie) pour s'imposer comme une référence en terme de premier film et d'esthétisme hors-norme.

Et hors-norme, le film l'est à plus d'un titre. Assez déconcertant même. Le choc est premièrement narratif : les dialogues sonnent très écrit, très faux (adaptation d'un bouquin américain de série noire transposé à Paris), et pourtant on sent que cela fait partie d'un style personnel plutôt que d'un style français tel qu'on peut le juger parfois de façon péjorative.

Le choc est surtout visuel, avec de beaux mouvements amples de caméra (Rousselot en est à ses débuts, il fera par la suite La Reine Margot, Les Liaisons Dangereuses, Trop belle pour toi, Entretien avec un vampire, Larry Flint, Big Fish...), et une tendance un peu trop marquée pour le mouvement, toujours.

Des scènes mémorables : une poursuite en voiture et mobylette qui échoue jusque dans les escaliers et couloirs du métro ; une ouverture sur un air d'opéra.

Mais dans l'ensemble je me suis quand même bien fait chier. Parce que les personnages ne m'accrochent jamais, parce que le tout repose énormément sur une intrigue assez inintéressante, bordélique et bourrée d'archétypes jamais transcendés.

Etonnant quand même et visuellement très intéressant (mais attention, la stylisation à outrance n'empêche pas au film de se manger un coup de vieux monumental, limite kitsch aujourd'hui). A voir.

3/6

Prochain : La Lune dans le caniveau

Il faudrait que je vois un jour Roselyne et les lions et La Lune dans le caniveau (pour lequel Depardieu a dit "je joue dans un film de merde" !!). Je suis assez peu fan du cinéaste... Diva est original mais chiant et daté, 37°2 Le matin est joli et émouvant mais finalement creux, IP5 est bien chiant et les acteurs m'insupportent, Mortel Transfert est très drôle (selon Beinex, c'est volontaire)...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Bon je vais parler de Diva ici aussi (on pourrait limite renommer le topic?) vu que c'est le premier Beineix que je vois et que je compte également m'envoyer sa filmo.

Et bizarrement je me retrouve un peu dans la critique de Z alors que j'ai vraiment adoré. La grâce qui traverse Diva pendant les 3 premiers quarts du film m'a bouleversé, j'ai trouve ça absolument splendide. Après dans la dernière demi-heure, le lyrisme du film s'éteind un peu et l'intrigue policière prend le dessus. Pourtant c'est pas ininteressant, moi je me suis jamais fait chier, c'est toujours bourré de tas d'idées de mise en scène géniales mais voilà, ça retombe un peu regrettablement.

Bon ça reste à 6/6 parce que c'est quand même magnifique, y'a le charme de la nouvelle vague, Gérard Darmon avec une coupe ridicule et des grosses lunettes noires.. mais y'avait le potentiel pendant 1h30 d'être parmis mes 10 films préférés.

Ah tiens, j'ai vu depuis La Lune dans le caniveau... Visuellement très beau, comme DIva. Mais totalement con.

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Beinex et l'autre gros con, Besson, c'est un peu les 2 faces d'une même pièce ; issus du cinéma français des années 1980, louchant sur les films américains (ou l'idée qu'ils s'en font), ils font des films très cons. Beaux (enfin, ça se discute aussi... On va dire "esthétisants"), mais vraiment cons et avec une prétention particulièrement désagréable... Et un goût certain pour Jean-Hugues Anglade. Tout ça vieillit très très mal.

Je trouve qu'il y a plus de sincérité, moins de foutage de gueule, chez Beinex.

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Moi je me suis arrêté très vite, mais je vais reprendre. Je te conseille le bouquin dont je parle plus haut.



Ca fait sincèrement plaisir que l'on puisse aimer à ce point aujourd'hui, à la découverte.

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I think we're gonna need a helmet.

Ah ok cool. Moi aussi je me suis mis en tête de me faire sa filmo, dans l'ordre chronologique. Pour le bouquin oui je suis curieux, j'irai voir s'il est à la bibliothèque de mon ciné !

Je suis d'accord, il ne semble pas avoir le côté roublard de Besson qui est un vrai démagogue ; ce qui explique sans doute son succès alors que Beneix ne tourne plus (gros échec de Mortel transfert, il me semble).

Je pourrais penser que le problème de Beineix, c'est sa forte prétention à faire une oeuvre (mettre des majuscules) sans cependant avoir de thèmes, d'idées, de propos...

En fait, ce qui me gène chez Beinex, c'est qu'il donne l'impression de vouloir faire de gros trucs psychologiques, avec plein de seconds sens, alors que ses films sont finalement vides. J'aime bien 37°2, mais il me donne vraiment cette impression.
Pour Mortel Transfert, il faut reconnaître qu'il a été très mal vendu à un public qui s'attendait à un thriller glauque, alors que Beinex a voulu faire une sorte de comédie totalement débile. J'étais mort de rire pendant toute la séance (comme le reste de la salle), en pensant que le film était nul justement pour cette raison. Alors que manifestement c'était totalement volontaire. J'aimerais bien le revoir.

Mais je n'ai jamais l'impression chez lui qu'il se dise, en écrivant son scénario : "ça suffira bien pour ce connard de spectateur". Alors que j'ai cette impression chez Besson dès Subway.

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En dehors de tous débats sur la qualité, je suis persuadé que Besson est plus sincère que ça. Il y a une naïveté et une bêtise désarmante mais je n'ai pas l'impression qu'il se fasse ce genre de réflexion.

Faudrait que je lise un peu cette autobio de Beinex. Sur les plateaux télé il fait vraiment démonstration de prétention et il est vite insupportable. "Mortel Transfert" je trouve que l'aspect comédie est bien évident, et la bande annonce le vendait un peu comme ça dans mon souvenir (beaucoup moins l'affiche c'est vrai); mais le moins que l'on puisse dire c'est que ça n'a pas la main légère.

Je trouve dans ses films, mais également dans ses propos, un vrai mépris du public.

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S'il n'y est pas, sincèrement, achète-le. Il coûte 26€ mais c'est un vrai pavé, et au-delà d'une première partie autobiographique sur son enfance (bien écrite, mais bon... on s'en branle), il revient sur chaque film, chaque tournage, chaque sortie, de façon exhaustive et chronologique. La meilleure façon à mon sens d'appréhender une filmographie en tentant de saisir à la fois les intentions de l'auteur, et le sens d'un film.

Pour revenir au parallèle Besson - Beineix, je les trouve mégalos tous les deux, et dotés d'un style assez lourd, d'une esthétique qui ne peut pas fonctionner sur tout le monde, très 80's (les deux sont d'immenses fans de BD et ça se sent). D'où une forte envie d'être cash et percutant, parfois au détriment de la finesse et de la psychologie, mais ce qui les pousse l'un comme l'autre à tenter des choses que personne n'aurait tenté... visuellement, ou narrativement. Ce sont deux mecs à qui l'on a du souvent dire : "ouais mais ce que tu demandes c'est impossible", ou "ça ne se fait pas comme ça, on ne peut pas"... et qui ont été obligés de le faire eux-mêmes pour convaincre leur propre équipe. Pas des âmes d'artistes à proprement parler, mais plutôt d'âpres ouvriers, laborieux, et pétris d'une grosse envie de faire, en dépit de la maigre place qu'on leur offre. Ce sont deux garçons doués qui ont appris leur travail sur le terrain, en commençant par apporter le café, en multipliant les postes d'assistanat à la réalisation sur des prods plus ou moins populaires, plus ou moins valables. Ce qui d'un côté a renforcé leur individualisme, leur côté self-made man, mais qui a également accru leur mégalomanie avec le succès. Moi je les aime bien tous les deux, alors pourtant qu'ils peuvent être l'un et l'autre INSUPPORTABLES en interview. Ils disent énormément de connerie, mais putain, avoir un garçon comme ça comme parrain de ton tournage, ce n'est quand même pas rien. Tant qu'il n'est pas également ton producteur (et surtout, ton scénariste).

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I think we're gonna need a helmet.

Je n'ai vu que 37°2 le matin, un bon nombre de fois, mais je compte voir les autres films de Beineix bien sûr.
Je sais bien qu'on a reproché à Beineix entre autres l'importance qu'il accorde à l'esthétique, mais c'est en partie ce que j'aime dans ce film, ces différents tableaux qui sont dressés. Et comme je suis nunuche à mes heures perdues je trouve que c'est une histoire d'amour vraiment magnifique, un peu à part (et ce film nous rappelle qu'un jour Beatrice Dalle a été belle ...)
J'en parle comme un cageot mais c'est clairement un de mes films préférés.

Rousselot a réalisé un film que j'avais bien aimé, surtout pour son hallucinante beauté visuelle, la baiser du serpent, un film sur la conception d'un jardin dans un palais anglais. L'histoire est pas géniale, mais le visuel m'avait vraiment tué.

Faudrait que je le revois.