Filmographie courte, moins de 40 minutes si on met les films bout à bout :
- 1933 :
Une nuit sur le mont Chauve- 1944 :
En passant, épisode du film collectif
Chants populaires nº5- 1963 :
Le Nez, d'après la nouvelle homonyme de Gogol
- 1972 :
Tableaux d'une exposition- 1980 :
Trois thèmesCe à quoi il faut rajouter :
- 1962 :
Before The Law – séquence d'ouverture du
Procès d'Orson Welles
Et plusieurs publicités :
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La belle au bois dormant (Vins Nicolas) (1935)
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Opta Empfang (Radio Loewe)
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Balatum (1938)
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Huilor (1938)
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Les oranges de Jaffa (1938)
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Parade des Sools (Chapeaux Sools)
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Étoiles nouvelles (Davros)
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Fumées (Van der Elst) (1951)
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Nocturne (Ultra Therma)
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Pure beauté (Monsavon)
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Rimes (Biscuits Brun)
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Masques (Van der Elst) (1952)
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Nocturne (1954)
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La sève de la terre (Esso)(1955)
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Bain d'X (Bendix)
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Osram-
Quatre temps (Blizzand)
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Cent pour cent (Nescafé) (1957)
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Cocinor (Distributeur de films)
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Constance (L'Oréal)
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Anonyme (L'Oréal) (1958)
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Automation (Renault)
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Divertissement (Seita) (1960)
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L'eau (Évian) (1966)
Le tout est présent sur un
DVD français qui, en y adjoignant plusieurs documentaires d'époques et même les essais et études, fait office de quasi-intégrale.
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J'ai regardé les 5 courts "officiels", attiré par l'excellent souvenir du prologue du
Procès (pourtant plutôt statique qu'animé) et par l'étrange impression procurée par la technique de l'écran d'épingles.
Le bilan est décevant : si Alexeieff et sa femme étaient sans doute des animateurs hors-pair, il n'étaient certainement pas cinéastes. Deux choses frappent. La non-maîtrise de l'art de leur propre technique, déjà, ce qui est suffisamment rare en animation pour être signalé : au-delà des défaillances techniques pures (les vibrations du
Nez, les clignotements de
Trois thèmes), c'est surtout une incapacité à trouver un rythme et une forme à ce rendu si particulier. Un exemple frappant est la séquence de bal de
Tableaux d'une exposition où, à partir d'une bonne idée (la danse fantomatique, les ombres et les lumières...), les deux réals font apparaître et disparaître brusquement et gauchement des figures, parfois superposées, parfois subliminales et sursautantes, souvent répétitives... On peine généralement à suivre une énonciation, à trouver une cohérence à ce défilé d'idées visuelles maladroitement exécutées (et je parle pas forcément de la cohérence d'un récit classique, juste l'envie de les voir construire quelque chose sur la longueur), un peu comme ces films d'étudiants dont la forme hurle
"nan mais tu comprends, en fait ce que je voulais faire à la base c'est...".
C'est le deuxième problème : une incapacité "narrative". Le segment du
Nez, le plus ambitieux, peine ainsi à se faire très clair par moment, alors même que l'animation, et plus spécifiquement l'animation de l'est, a brillé par son art du raccourci narratif muet, de l'image symbolique frappante... Ici, des passages de récit "classiques" alternent gauchement avec des vues plus abstraites à la figuration peu claire, une voix débarque soudain au milieu d'un film muet, etc.
Il vaut donc mieux aller visiter les films en ne cherchant qu'à y pêcher localement quelques images seules (parfois sublimes), pour y apprécier les particularités que la techniques permet (les milles nuances de gris, l'aspect métamorphose constante un peu fantomatique, l'impression d'hallucination). A ce titre, le premier film (
Une nuit sur le mont Chauve), qui ne se cache même pas d'être une suite d'expérimentation à peine liées entre elles, est peut-être le court qui donne les plus beaux fruits isolés.
Le Nez viendrait ensuite, c'est le seul qui essaie (péniblement) de construire quelque chose sur la longueur, avec de belles fulgurances. Le reste est à jeter, notamment le tout dernier (
Trois thèmes), compil complètement foireuse et incompréhensible des courts précédents qui va absolument nulle part.
L'ironie est donc de voir qu'au final, le meilleur du duo reste... son prologue du
Procès.
Je n'ai pas encore maté les publicités, apparemment plus diversifiées dans les techniques.