Forum de FilmDeCulte

Un beau matin d'hiver, un autocar transportant des vacanciers tombe dans un lac des Pyrénées. Bilan: cinquante morts. Il ne s'agit pas d'un banal accident de la route, c'est une affaire commandée "d'en haut" au nom de la sécurite nationale. Victorien, témoin de l'accident, en profite pour détrousser les cadavres. Il comprend vite qu'il est tombe sur une grosse affaire et tente de trouver les instigateurs pour les faire chanter... (Allociné)

On approche la fin du Mocky classique, qui a encore droit à de bons budgets, et dont l'évènement est ici la rencontre avec Catherine Deneuve, en tante vengeresse un zest Miss Marple, mais qui n'a pas sa langue dans sa proche, et dont le show à moumoute très réussi est ici l'attraction principale... Un personnage vraiment sympathique, mais dont le réalisateur ne sait presque plus quoi faire au final dans un pessimisme et une amertume bien poussée, avec un final abrupt pas très convaincant.

Pour le reste, si le film est globalement sympathique et possède encore quelques scènes assez chouettes en matière de roman feuilleton, ou de flirt avec le surréalisme (la séquence dans le château avec les vautours, et l'utilisation globale du décor reste assez ambitieuse), on remarquera déjà un peu le défaut de beaucoup de Mocky tardifs, qui accentuent les seconds rôles iconoclastes et les vannes assez sentencieuses, voir ainsi l'importance prise par les poses de personnages fatigués, qui pèsent toujours bien leurs bons mots, Bohringer en tête en antiquaire / tueur à gage sur le déclin, et malade du coeur... La musique de fanfare grotesque de Gabriel Yared est également assez pénible.

Bref, cela manque un peu de dynamisme et de punch, ou d'une folie douce moins appuyée, malgré un récit d'espionnage BD et parano assez prometteur au départ : les dénonciations de cabinets ministériels feutrés commencent à faire dans le minimum syndical du déjà vieil anar, et sont ici un peu au ras des pâquerettes, on préfèrera ça chez Jessua... Mocky lui même est un peu embarrassant dans le rôle qu'il s'attribue,.

Je ne me souviens plus trop du film mais ça se passe dans les Pyrénées? J'aurais dit l'Alsace ou un truc comme ça.
C'est quand même un film à part dans la filmographie de Mocky (avec Le Témoin - je ne compte pas les films comme Solo ou l'Albatros) vu que tout le reste est composé de pochades (plus ou moins). J'imagine qu'il a eu l'occasion de jouer avec Deneuve, qu'il a choisi un roman policier et que son objectif était de la rendre méconnaissable, banale. J'ai le souvenir d'un film plaisant, avec une bonne atmosphère, mais trop sage pour du Mocky.
C'est marrant parce que je viens de voir le Poulpe de Nicloux qui m'a fait penser à ses films (les apartés de Darroussin), en plus poseur, plus 90's.

En fait je ne suis pas sur que le lieu soit situé précisément dans le film, en tout cas je n'en ai aucun souvenir, mais ça ressemble effectivement plus à l'Alsace dans les villages de la 2eme partie.
Je ne sais pas s'il y a un film type chez Mocky à ce stade de sa carrière, entre ses polars anars et ses films avec Bourvil, et effectivement un film comme Le Témoin et puis il y a eu Litan juste avant (que je ne n'ai pas vu mais qui a l'air de jouer à fond de son versant "Franju, mon maître")... Je trouve que celui-ci annonce certain des derniers que j'ai vu comme Vidanges (le rapport entre les perso de Deneuve et Basler est assez limpide) et Le Furet au niveau des personnages et de l'humour un peu épais (Kristin Scott Thomas et Lavanant ne sont pas gatés), c'est moins féroce et triste à la fois qu'un Y a t'il un français dans la salle aussi qui jouait déjà du personnage en fin de parcours... . J'ai un souvenir catastrophé du suivant, Les saisons du plaisir, mais vu il y a très longtemps.
Le film est plaisant et a une petite atmosphère oui, mais rien que par rapport à A mort l'arbitre et son côté film d'horreur, je trouve qu'on est dans un truc plus balisé. J'ai un meilleur souvenir de Noir comme le souvenir (ah ah) dans ses derniers polars... Faut que je rattrape plus de sa dernière période.

Ah j'avais oublié Noir Comme Le Souvenir qui paraît aussi plus luxueux, plus sérieux que du Mocky moyen.
Je suis un grand fan de Mocky, je vais voir les nouveaux quand ils sortent au Desperado mais il faut avouer que sa filmographie est un peu redondante.
Les meilleurs sont les premiers, un mixte de comédie italienne et de satire à la Chabrol (Les Vierges, Les Dragueurs, Un Couple écrit par Queneau, c'est très sous-estimé tout ça), ensuite Solo. Y a-t-il un français dans la salle est aussi plus ambitieux que la moyenne de ses films.
Le Furet, c'est le même humour que les débuts avec Bourvil et Francis Blanche. Il y a un très bon gag dans Le Furet d'ailleurs, quand Villeret assis à côté d'un caïd dans le parc de Télégraphe lui fait:"Tu veux mon sandwich?"; la plupart des films de Mocky raconte une histoire de poursuite entre les gendarmes et les hors-la-loi.
Les Saisons du Plaisir est un des pires en effet mais c'est loin d'être irregardable, ne serait-ce que pour les acteurs.
Je n'aime pas du tout A Mort L'Arbitre par contre, dispositif beaucoup trop minimaliste, ce n'est qu'une longue course-poursuite, c'est vraiment trop léger.

Le Furet je dirais que le film essaye de retrouver cet humour là dans son projet, mais ça en est presque trop pétri de ces intentions, c'est très fabriqué et forcé, même si ce n'est pas désagréable encore une fois, il y a un côté un peu nostalgique et des scènes en sous-terrains assez chouettes. C'est assez proche aussi proche aussi d'un film comme L'Ibis Rouge.
Les Bourvils sont pas tous homogènes aussi, La Cité de l'indicible peur reste un film bien à part...
A mort l'arbitre, l'utilisation du décor de banlieue m'avait vraiment emballé sur le plan de la mise en scène, c'est un pur film de genre comme on on en a rarement fait comme ça en France avec une atmosphère bien prenante, Serreau y est dingue... Il reste mon préféré du réalisateur avec Le Témoin.

La course poursuite sans doute un peu oui, il y a peut-être une fuite en avant qui tient avant tout du burlesque et peut s'accomoder du surplace... Un film bien idiot comme Le Roi des Bricoleurs peut en attester
Je vois que le chef op des derniers Bunuel ou du Procès de Welles a continué à le suivre jusque dans certains derniers, ça ne se voit pas toujours Je trouve que les films de Mocky ont beaucoup souffert de la perte de budget à ce niveau là... Maintenant j'imagine qu'il se soucie surtout de faire passer des "messages". Il a fait un téléfilm sur France 2 il y a deux ans, avec Renucci, ça a du être son plus gros budgets récent.

Citation:

Il a tourné un film porno "Les couilles en or", sous un pseudo : Serge Batman.
"Giscard d'Estaing avait sorti une loi donnant l'autorisation de projeter en salles des films pornos, qui avaient beaucoup de succès à l'époque. Cela ne m'arrangeait pas, ni Godard d'ailleurs et nous avons décidé de tourner un porno en réponse. J'ai fait un casting, et curieusement, beaucoup d'actrices de la compagnie Barraud Renault se sont présentées. Après, sur le tournage, j'avais un masque pour que l'on ne me reconnaisse pas. Un masque de Batman."

http://jpierre-mocky.fr/index.php?optio ... &Itemid=27

Dominique Lavanant qui a eu le César de la meilleure actrice dans un second rôle avec son rôle dans ce film

La (non)photo dégueulasse de ses films ne me gêne pas. Il s'est toujours complu dans la laideur.
Les barres d'habitation et immeubles affreux, il en a fait une spécialité, dans A Mort L'Arbitre comme tu dis, dans Bonsoir (qui est assez marrant - l'histoire d'un type qui s'incruste chez les gens, joué par Serrault), ou le Pactole qui a pour décor les tours de Nanterre style treillis violet.
Aberrant.

Ah je ne suis pas d'accord sur le fait que ça se complait toujours dans la laideur.. Du point de vue de la photo, le noir et blanc de La cité de l'indicible peur est superbe notamment dans mon souvenir.

Noir et blanc comme le souvenir ?

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N'écoutez pas Film Freak

J'aimais bien l'image nocturne de "Solo" , et les trajets en voiture qui mènent vers un mur (la gare de Reims étant l'équivalent provincial de la falaise de James Dean). Mocky joue plutôt bien dans ce film. Au fait l'histoire préfigure de beaucoup "Nada " de Manchette fait 2/3 ans après (je n'ai toujours pas vu le film de Chabrol). Dans son journal Manchette écrit qu'il collaborait parfois avec Mocky vers les années 67-68, sans donner de détails, je me demande s'il n'aurait pas aussi travaillé à Solo (qu'il ne mentionne d'ailleurs pas du tout dans les films qu'il a vu, ce qui tendrait à accréditer l'idée que ce serait plutôt oui) .

Manchette le traite de con aussi à un moment.
Je ne sais plus de quel projet de film il s'agit, d'une adaptation de "Ô Dingos Ô Châteaux" (un de ses moins bons à mon avis). Je ne suis pas certain vu que c'est Yves Boisset qui fera l'adaptation.
Et La cité de l'indicible peur, c'est aussi à part dans l’œuvre de Mocky. C'est une adaptation de Jean Ray, etc. Mais si tu regardes les premiers films, Les Vierges, techniquement, c'est très bien fait. Mocky continuer de se flatter d'être l'héritier d'une certaine "qualité française". Le passage à la couleur change quelque chose, il va se délecter des lumières blafardes, des murs peints en vert et des papiers peints horribles.