Forum de FilmDeCulte

Vers de rage

Deux ans après Secret Sunshine, Lee Changdong revient sur la Croisette avec Poetry. Et offre à nouveau à son actrice principale un rôle magnifique.

L’homme qui aimait les actrices. En 2007, la belle Jeon Do-yeon, que l’on a retrouvé cette année à l’affiche de The Housemaid avait été récompensée d’un prix d’interprétation pour Secret Sunshine. Espérons que Tim Burton et son jury réservent le même sort à Yun Junghee, l’héroïne du nouveau long métrage de Lee Changdong. Icône du cinéma sud-coréen, retirée à Paris où elle vit auprès du pianiste virtuose Paek Kun Woo, elle n’avait plus joué le moindre rôle depuis plus de quinze ans. Poetry a pour cadre – comme dans les précédents films de Lee – une petite ville de province traversée par un fleuve, paisible en apparence. Sexagénaire aux chapeaux à fleur et aux tenues soignées, Mija, qui vit seule avec son petit-fils, s’inscrit à un cours de poésie et cherche dès loirs à retranscrire la beauté du monde et de la nature. Mais comme souvent dans le cinéma sud-coréen, cette sérénité cache un lourd secret. Une jeune collégienne s’est suicidée en se jetant d’un pont et Mija sera soumise à un terrible dilemme moral.

Une fin bouleversante

La force du film et du cinéma de Lee Changdong est ne jamais brusquer le cours des choses sur le plan narratif, de toujours laisser une porte ouverte à l’imagination du spectateur et de jamais s’enfoncer dans le pathos manichéen. Rien n’est blanc ou noir dans Poetry, tout est nuancé et les actes de Mija sont aussi déroutants que dans la vie, ne répondant pas à une logique immédiate. Le récit s’écoule lentement comme les eaux du fleuve et la quête de poésie de l’héroïne trouvera une concrétisation dans l’expiation du péché originel de son petit-fils. Film d’éveil au regard – en cela, il prolonge thématiquement Copie conforme d’Abbas Kiarostami-, Poetry est une remarquable étude de caractère portée par le jeu tout en nuance de son interprète principal. Et si le film accuse parfois quelques longueurs – justifiées -, la fin bouleversante restera longtemps en mémoire, que celle-ci soit gangrénée ou non par la maladie d’Alzheimer.

5/6
Très touché par la fin.

Je me rappelle que le jour où j'avais vu Oasis, la copie avait cassé au moins trois fois, ce qui ne m'avait pas empêché de trouver le film ansolument déchirant. Là il faut reconnaître que le film joue davantage en mode mineur avec quelques longueurs (toute cette poésie florale là), même si les déchirements intérieurs et la violence sourde des dernières scènes restent en mémoire grâce à une actrice en pôle position pour le prix d'interprétation.
Et, raffinement contemplatif asiatique ultime, Poetry réussit à être émouvant rien qu'avec des gouttes de pluie tombant sur du papier...
4/6

Légère déception que le dernier Lee Chang-Dong. C'est un bien beau film sur une grand-mère qui doit gérer une situation dramatique provoquée par son petit fils. Encore une fois on est dans un récit très dur, très noir mais là où Secret Sunshine et surtout Oasis était d'une émotion folle de tout les instants, ce film là est beaucoup plus aride, beaucoup plus sobre, comme dilué. J'ai trouvé que le scénario manquait peut-être un peu de tenu, que le film était inutilement trop long, que tout le récit parallèle sur les courts de poésie du personnage principal prenait trop d'importance. C'est assez saisissant de comparer ce film avec le récent Mother de Bong Joon-Ho, qui suit une histoire quasiment similaire (une grand-mère qui tente de recoller les morceaux après un acte terrible de son enfant/petit-fils). Et au jeu des comparaisons, je pense avoir préféré le Bong Joon-Ho Mais malgré tout cela reste une très beau film, très sensible et poétique magnifié par la plus belle scène de fin que j'ai vu au festival cette année. 4/6

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CroqAnimement votre

Je découvre ce réal, et je suis mitigé. Dans ses moins bons moments, le film m'évoque ce qui m'avait fait chier dans Secret Sunshine, ce naturalisme forcément médiocre, des persos forcément médiocres, une impudeur totale (la scène du bain, pfff...). Ça a heureusement plus d'ampleur par moments, et accoucher d'une force poétique de ces images réalistes et brutes leur donne un cachet particulier très franc qui, dans les meilleures scènes, touche vraiment au sublime (la fin, le badminton, ce qui entoure la découverte de ce qu'ont fait les garçons). Y a quelques plans de visage dans cette veine, c'est vraiment de l'or (fou de voir comment l'actrice passe parfois en un plan de mémé gaga à figure d'une noblesse folle).

Ça fait son effet sur le long terme, on en sort bien mélancolique, mais je pense que ca aurait vraiment pu travailler d'avantage son potentiel.

3-4/6

T'inquiète, j'ai trouvé ce film minable. J'ai même pas tenu jusqu'au bout devant sa nullité pourrie.

Bah je me dis que j'ai raté un truc, vu le consensus, mais j'ai vraiment pas compris. Certes, l'actrice était très bien, mais bon...

Non, non, suis la voie de la raison, suis celui qui t'amènera du côté de ceux qui savent, qui se rangent de l'autre côté pour pourrir l'avis des autres.
Merde, je suis en train de faire du Lee Changdong là...

Okaaayy, je viens juste de comprendre Secret Sunshine est du même réal. Il est donc l'heure d'aller dormir.

Bon, c'est beaucoup mieux, hein, quand même.

Découverte, enfin, de ce film extraordinaire, qui est - de très loin - le plus beau film des années 2010.
Ce qui est merveilleux, dans le cinéma de Lee Chang-Dong, c'est qu'il est d'une droiture absolue ; il ne juge jamais (fabuleuse monstration de personnages qui sont de véritables pourritures, le petit-fils, les pères, sans qu'à aucun moment la caméra ne nous place en position de nous dire que l'on vaut mieux qu'eux), et il a la décence de ne pas faire de son fait divers de départ un simple prétexte narratif. Parce qu'avant d'être un film sur la poésie, avant d'être le portrait d'une vieille dame (fabuleuse Yun Jeong-Hie), c'est un hommage délicat à une victime, que Lee n'oublie jamais, n'instrumentalise jamais ; il n'y a ni médiocrité ni impudeur (pour reprendre les mots de Tom) dans ce film, qui au contraire, fait tout ce qu'il peut pour rejeter l'indifférence et le cynisme.

Je laisse vieillir, mais je pense que je garderai ce film en tête toute ma vie.

6/6

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Tu me donnes envie de le revoir, ce n'est pas fait depuis sa sortie où je l'avais vu deux fois (j'avais pensé exactement comme toi)

J'apprends grâce à ce topic que fut une époque, Tom mettait des notes .

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CroqAnimement votre

Ah ouais, quand je suis revenu, les tous premiers mois... Doit y en avoir qui traînent sur le site du captain.

Donc ce sont des vraies pourritures ou non?

...
Le fait qu'ils se comportent comme des pourritures ne veut pas dire que la caméra les juge.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."