C'est mon fils qui voulait le voir mais je vais pas mentir, j'étais curieux depuis que j'avais capté un extrait montrant Bip Bip et Coyote intégrés dans des images de Mad Max Fury Road (si si) de la façon dont le film pouvait gérer son délire pop art. Malheureusement, c'est littéralement la seule séquence un tant soit peu inventive dans la porosité entre les différents univers du catalogue Warner.
La bande-annonce laissait imaginer un film qui est, pour reprendre les propos d'un pote, "le film que les haters s'imaginent que Ready Player One est". Une gigantesque pub pour les marques Warner, mélangées sans cérémonie, en mode "on peut alors on le fait", sans la réflexion de The Lego Movie ou le Spielberg, déjà des productions Warner.
J'ai vaguement voulu croire à un possible détournement comme avait pu le faire Joe Dante sur la séquence méta de Gremlins 2 ou même juste quelque chose de formellement ludique comme la scène du musée de Looney Tunes : Back in Action (de Joe Dante également) mais le film n'en fait évidemment rien. La séquence violant le film de George Miller est la seule à présenter un mariage intéressant au sein du segment "Lebron James et Bugs Bunny recrutent des joueurs pour leur équipe de basket", parce que Sam le Pirate en joueur de piano dans Casablanca ou la mamie de Titi et Grominet dans Matrix, ça tient du hors sujet total.
Lebron voulait recruter King Kong et le Géant de fer mais Bugs voulait retrouver ses potes, exilés dans les autres univers, du coup on passe un peu à côté du potentiel offert par le crossover. D'un côté, c'est "honnête" dans la mesure où cet amalgamation est l'œuvre du méchant du film qui n'est autre qu'un... algorithme. Une IA du studio qui propose au basketteur d'être intégré dans des films célèbres, idée qu'il rejette et qui lui vaut alors d'être kidnappé avec son fils dans le "serveur-monde". Alors utiliser King Kong ou le Géant de Fer dans son équipe serait hypocrite vu le propos que le film veut avoir...mais le méchant aurait pu le faire, non?
A la place, il utilise des hybrides de basketteurs réels et...d'animaux genre un serpent, un aigle, une araignée...pour rester dans la continutié du film de 97 où les toons étaient opposés à des monstres. Par conséquent, il ne reste donc qu'un match avec des toons exploités de façon ringarde (Porky Pig qui rappe, c'est niveau tonton bourré aux réunions familiales) et un public composé de personnages célèbres (et de références improbables genre une nonne de The Devils de Ken Russell dont Warner bloque la sortie depuis des années) joués non pas par les acteurs originaux mais par des sosies de supermarché de province qui s'agitent en arrière-plan comme des PNJ. Embarrassant.
L'écriture calibrée de la dramaturgie "papa doit accepter son fils comme il est" fonctionne cependant comme il faut mais c'est Hook sans l'émotion.
Après, je m'attendais à plus honteux. C'est nul mais c'est pas ce que Warner a sorti de pire cette année (j'ai pas vu Mortal Kombat ni Tom & Jerry mais entre Kong Vs Godzilla et surtout Wonder Woman 84, ils sont sur une année particulièrement lose pour leurs licences).
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