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MessagePosté: 28 Déc 2012, 01:32 
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The Life and Death of Colonel Blimp en VO.

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Angleterre, 1942. Le major-général Wynne-Candy supervise un exercice de défense de Londres. La guerre est censée commencer à minuit, mais les soldats anglais chargés de jouer les Allemands décident d'ouvrir les hostilités plus tôt, prenant prétexte du fait que la guerre n'a pas de règle — ou que du moins les Allemands ne les respectent pas. "Fait prisonnier", Wynne-Candy laisse éclater sa fureur, sa colère nous ramenant quarante ans auparavant, aux tous débuts de sa carrière militaire...


On passe quand même un bon premier tiers à se dire : mais de quoi ça parle ? Sauf que ce n'est plus la ballade insouciante et charmante d'A Canterbury Tale. Ce sont des scènes assez monolithiques, dont on rabote toutes les dimensions possibles : ni mélodramatiques, ni tragiques, ni nostalgiques, les séquences s'égrènent sur un ton difficile à saisir (sinon comique dans un premier temps, et P&P sont décidément jamais très bons dans ce registre-là). A la première vision (peut-être qu'une seconde sera du coup salvatrice), on peine ainsi à comprendre le schéma général de cet entrelacs narratif. On a souvent l'impression de ne découvrir le tracé du chemin qu'au fur et à mesure, sans jamais avoir conscience de la carte (de son étendue, de ce qu'elle figure, de l'endroit où on s'y trouve).

Le film parvient à émerger progressivement par le vieillissement de ses personnages, car leur vieillesse, leur désynchronisme avec l'air du temps, finit par raconter une histoire. L'ensemble est pris dans des feux croisés impossibles (réalisé en pleine guerre, entre propagande - l'armée anglaise irréprochable - et subversion - l'amitié anglo-allemande), et s'en sort sur ce plan remarquablement bien : cette lutte interne devient le sujet même du film, et si on assène au personnage que ses méthodes sont d'une autre époque, on l'accompagne aussi dans son retrait et son refus de se compromettre. En ça, le film m'a fait énormément penser à La grande illusion, à cette nostalgie de guerre entre gentlemen civilisés, entre "gens bien élevés" comme disait Renoir. De manière générale, face à un film qui semble ne pas avoir d'objet central (l'histoire d'amour ? la vieillesse ? la guerre ?), le seul point commun restant aux 2h40 est cette noblesse, cet art de vivre : un portrait de l'Anglais, de ce qu'est être anglais, et de l'incapacité de ce modèle d'homme, l'Anglais, à perdurer dans le monde moderne.

Au final, si Colonel Blimp est imposant et plutôt prenant, c'est définitivement trop froid pour moi. Ça démarre hyper laborieusement (il faut vraiment attendre le bar et la scène de duel pour que le film s'installe), et je ne sais que rarement à quoi m'accrocher pour rentrer dans cette histoire - même si la virtuosité habituelle, cocon formel et scénaristique sécurisant, est toujours de la partie. C'est le premier film d'eux qui me fasse qu'un effet modéré... Très envie de voir Une question de vie ou de mort, maintenant, qui m'a l'air plus empathique.


Concernant le Blu-ray (Carlotta) : une tuerie, avec une subtilité hallucinante dans le rendu des couleurs. On pourrait à la limite juger que la restau de Scorsese a trop dégrainé, mais ce serait vraiment faire chier pour rien. Bravo les gars.


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MessagePosté: 28 Déc 2012, 11:29 
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Ah étonnant j'adore l'intro et le raccord vers le long flash back moi.. Et je trouve le côté simulation assez moderne. Mais effectivement, on découvre la richesse du film vraiment au fur et à mesure,
même pour le(s) personnage de Deborah Kerr rien n'est surligné par exemple, l'amitié entre les deux officiers n'est pas tellement monolythique
... Le film a l'air très classique mais il est vraiment dense. On sent plus un un film qui s'impose dans ses thèmes comme gros morceau de cinéma national par contre ici, quelque chose moins foncièrement singulier il est vrai. Mais c'est peut-être trompeur.


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MessagePosté: 28 Déc 2012, 18:00 
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Inscription: 04 Juil 2005, 14:47
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Tom a écrit:
Très envie de voir Une question de vie ou de mort, maintenant, qui m'a l'air plus empathique. .


C'est un peu plus "basique" et ça passe pas trop les revoyures, contrairement à Blimp.


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MessagePosté: 28 Déc 2012, 23:43 
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Mr Chow a écrit:
Le film a l'air très classique mais il est vraiment dense.

Ah ça je suis d'accord. C'est vrai qu'il n'y a aucun des lubrifiants habituels, ni le romantisme ni la flamboyance de certaines de leurs autres productions, mais j'ai bien conscience que c'est pas plat, ni train-train. Disons plus simplement que je trouve difficilement la porte d'entrée pour que ça m'émeuve.

Jack Griffin a écrit:
C'est un peu plus "basique" et ça passe pas trop les revoyures, contrairement à Blimp.

Shit. J'ai peur d'avoir fait les meilleurs à présent, en fait. J'ai vu Les chaussons rouges, Canterbury, Narcisse, et Blimp + Le voyeur et A l'angle du monde. C'est quoi les bons morceaux dans ce qui reste ?


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MessagePosté: 29 Déc 2012, 15:59 
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Tom a écrit:
Mr Chow a écrit:
Jack Griffin a écrit:
C'est un peu plus "basique" et ça passe pas trop les revoyures, contrairement à Blimp.

Shit. J'ai peur d'avoir fait les meilleurs à présent, en fait. J'ai vu Les chaussons rouges, Canterbury, Narcisse, et Blimp + Le voyeur et A l'angle du monde. C'est quoi les bons morceaux dans ce qui reste ?


Après c'est bien "une question de vie ou de mort" hein... Sinon il te manque dans les vraiment bons "I know where i'm going".
"la renarde" était intéressant dans mon souvenir.


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MessagePosté: 28 Nov 2014, 00:17 
Pareil, pendant 1h30 le film m'a semblé un peu languissant et ennuyeux, même si l'humour est là, mais la dernière heure est remarquable.
Formellement la couleur est superbe, le morceaux de bravoure du combat et du plan-maquette de Berlin est digne de Kubrick. La poursuite en moto du début est aussi très forte, surtout compte-tenu du poids que devait avoir une caméra couleur à l'époque.
Pressburger est un scénariste génial:
l'ellipse de 20 ans qui n'explique pas comment et pourquoi le personnage de Walbrook est passé du nationalisme anti-spartakiste à l'antinazisme (sinon peut-être en partie par le désarroi face au deuil de sa femme) est un coup du force, mais crédibilise complètement le film.


C'est un film d'une haute tenue morale et politique, surtout pour un film de propagande dans le contexte du Blitz: une critique de la logique du Traité de Versailles et des réparations, de l'immobilisme munichois, et surtout défendre fermement l'idée que l'hystérie nationaliste et la phobie de l'espionnage amènent d'honnêtes citoyens à sacrifier la vie de refugiés politiques réels.

Ce n'est pas si monolithique que cela (l'armée anglaise y apparaît quand-même assez bordélique, c'est montré comme son principal point commun à travers les époques).
L'idée de doter un personnage de BD parodique d'un ancrage historique, d'une vie privée et d'un passé riche et complexe est aussi très belle.


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