Forum de FilmDeCulte

Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…

Cristian Mungiu vient de se placer en grand favori pour un prix majeur au Festival de Cannes grâce à Baccalauréat. Avec une nouvelle petite perle de mise en scène, le cinéaste roumain arrive à raconter une histoire prenante. Qui remet clairement en question l’être humain, sa façon d’être ou de paraître. Car ici, il est question de mensonges. Cristian Mungiu raconte la descente en enfer d’un homme respecté, médecin de surcroit. Il va devenir un homme qui perd toute morale, ou presque, pour faire réussir sa fille. Afin qu'elle obtienne son bac pour intégrer une école prestigieuse, cet homme de principe va corrompre et perdre toutes valeurs morales ! Le scénario est sublimé par deux points majeurs. Une mise en scène impressionnante. Avec des plans-séquences parfaitement orchestrés accompagnés de dialogues superbement écrits. Mais surtout, l'histoire est portée par un casting excellent et son talentueux acteur principal Adrian Titieni (prix d'interprétation en vue?).
Dommage que le film se montre un peu trop moraliste dans ces intentions finales. Avec une mention très bien, le palmarès semble une formalité.

4,5/6

Les joies du copier-coller....

Une leçon de cinéma, d'écriture, de mise en scène, d'interprétation. J'ai cru qu'il aurait la Palme d'or tellement c'est du cinéma d'auteur au-dessus du lot. L'impression d'avoir mieux compris l'enfer de la corruption bureaucratique.
5/6, mon Mungiu préféré

Pas trop compris l'enthousiasme autour de ce film certes assez dense sur la société roumaine et qui parvient à parler des classes moyennes avec beaucoup de nuances mais dont le déroulé frôle souvent l'ennui et dont la narration est quand même relativement décevante. Alors oui on est pas dans un thriller "whodunit" mais quand même, je comprends pas pourquoi le film lance tellement de pistes pour n'en fermer aucune

Après j'aime beaucoup l'espèce de mécanisme implacable qui se lance comme une course contre la montre pour que la vie de la fille du personnage principal ne soit pas bêtement gâchée. C'est assez beau comme combat d'un père pour sa fille.

Mais malgré ça, je suis pas vraiment passionné en fait et je trouve pas la mise en scène renversante non plus même si elle a quelque chose de très verrouillée et étouffant. Pour moi c'est au contraire le Mungiu le moins bon.

3-4/6

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CroqAnimement votre

Justement, j'adore les fausses pistes dont tu parles, cette paranoïa que cela installe.

Plutôt d'accord avec Art Core.

C'est très (trop) dense, ca lance plein de pistes et veut parler de plein de choses mais ça se noie un peu à la longue... L'attachement aux personnages est assez faible, ce qui finit par provoquer l'ennui...

L'aspect corruption et positionnement personnel par rapport à ça est par contre intéressant, on ressent bien la situation du point de vue du père. Par contre j'ai trouvé ça assez "basique" côté mise en scène.

Voilà voilà.

Petite lassitude dans ce que l'on voit de ce nouveau cinéma roumain qui devient un peu cliché dans son obsession de l'objectif et du caché, le sentiment de voir peu ou prou les mêmes procédures de Mungiu à Porumboiu... Les Dardenne à la prod en rajoute une couche sur le suivi omniprésent du protagoniste, on va encore au-delà de l'éternel point de vue de la plage arrière de voiture. Reste qu'il y a quelques moments pas loin du vrai film d'angoisse qui s'installent à la longue et font leur effet, au-delà du caractère artificiel (la poursuite dans le quartier flippant, les protagonistes mal identifiés, le masque du gamin dans le parc...). Après j'ai beaucoup aimé l'acteur principal et la relation père-fille, la relation à sa maîtresse, la désagrégation de la cellule classique a quelque chose d'assez fin.

Oui, ça c'est le meilleur du film - avec la manière non manichéenne de présenter la corruption, qui ne s'appelle jamais comme cela et qui n'est pas perçue comme cela, sincèrement, par bon nombre de personnages.
Après, je suis moins convaincu par les acteurs, qui sont quand même très très monolithiques.

J'ai pas osé faire de parallèle vu ma méconnaissance du ciné roumain, mais il y a des similitudes avec Sierranevada sur cette thématique, ouais.



Ouais, ça c'est vachement bien.

Je rejoins Art Core pour dire que c'est probablement le moins bon des 3 Mungiu que j'ai vu, et pourtant je suis également d'accord avec Karloff pour dire qu'il représente clairement le haut du panier du cinéma d'auteur. Il y a un vrai plaisir à voir son cinéma, ultra maitrisé, c'est une pure délectation sur plus de deux heures. Malgré tout je trouve que les thématiques de celui-ci sont moins fortes que celles des précédents, et le côté moralisateur (l'impression que Mungiu est celui qui affirme le plus son christianisme dans le cinéma contemporain) fini par être agaçant. Adrian Titieni en figure expiatoire , victime de la foudre divine , j'avoue qu'à la longue ça me lasse. Et pour le reste, le discours politique sur l'état actuel de la Roumanie, même s'il est probablement très juste, n'est pas très percutant.

Pour en revenir à la remarque de Mr Chow, il est indéniable qu'il y a des thématiques communes à tous les films roumains actuels, je suis loin de tous les apprécier autant (tu cites d'ailleurs les meilleurs), ça reste néanmoins un cinéma très vivace, au regard de leur population le nombre de réalisateur qui s'exporte est assez impressionnant.

Je partage votre perception générale. Mungiu fait un peu toujours le même film, dans un territoire déjà déblayé par les Dardenne, Haneke (pas loin non plus de Farhadi). D'un côté il y a une certaine lassitude, de l'autre une sorte d'ambition balzacienne de donner une photo romanesque de son pays qui est louable.
Ici l'intrigue est pliée dès le début (le mari se piège en corrompant non pas pour réaliser un désir ou avoir un pouvoir, mais au contraire pour que rien n'arrive, neutraliser les évènements dans une normalité artificielle:, et on comprend vite le rôle du fils de la maîtresse (qui est à l'écran dans la première image, et apparaît avec un masque disant "c'est lui le mauvais génie" ).
Cependant, je crois qu'il y a quand-même une certaine affection de Mungiu pour ses personnages, qui existent en dehors de son dispositif. Il est bon dans le portrait de femme. Quand le dispositif s'épuise, le film parvient à raconter une histoire en fait toute simple, mais belle: celle d'une adolescente en dépression, mais va s'en tirer, découvre la veulerie de son père (sa maîtresse est le double de sa fille) et choisit la mère (dans laquelle elle se reconnaît), mais lui pardonne, refuse de poser le problème en terme de bien et de mal, et comprend qu'il n'a jamais eu eu une idée très juste de son pays et de la société dans laquelle il vit, mais qu'il a construit son autorité sur elle sur cette vision erronée. Le film s'arrête d'ailleurs sur une situation coming of age typique avec la photo de promo du lycée. J'ai l'impression qu'il aurait gagné à être plus simple, on sent un doute de Mungiu sur ses capacités qui l'etouffe alors qu'il serait en mesure de faire un cinéma plus direct et moins programmatique, les "clés" le rassurent, alors que plus dépouillé le film aurait pu être une version roumaine et féminine du beau "the Squid and the Whale" de Noah Baumbach.
Cela reste un assez bon contrechamp à Toni Erdmann (les films se croisent d'ailleurs, la fille a à peu près le même point de vue sur l'expatriation que le consultant roumain qui démonte l'argumentaire de la fille de Toni Erdmann dans la scène du club) et ce n'est pas si inintéressant dans l'angle politique, on sent que les Roumains font par le cinéma à la génération de 1989 le même type de reproches oedipiens que l'on a pu faire en France à la génération de 1968.

Moyenne d'âge dans la salle (il est vrai à une séance de 14 h): 65 ans.