Forum de FilmDeCulte

Dans la série trouve un truc à dire sur les films les plus connus de l’Histoire du cinéma…



Bah c’est excellent.

J’avoue qu’un temps, le film fait un peu peur. Son cinémascope souvent vidé, ses couleurs sous-exposées, l’image très dense/pâteuse (ce genre de visuel qu’on a aussi, je sais pas, chez Terence Fisher, ou Brigradoon aussi tiens), ou encore la tranquillité bizarroïde avec laquelle le petit héros traverse les différents tableaux… Il y a comme la sensation que l’ensemble est vaguement mou, un peu éteint et absent, comme si le réal avait la tête ailleurs en tournant. Ca m’a d’autant plus frappé que du Lang américain, je n’ai qu’un exemple en tête, Furie, film alerte rythmé façon coups de cisailles dans la gueule.

Cet indéfinissable style comme "désintéressé" (dans la narration, la mise en scène...), façon « mais en fait qu’est-ce qu’on fout là ? », se voit régulièrement appuyé, célébré, mis en avant par des envolées qui en soulignent l'étrangeté (la statue, le pendu, la danse aussi) : ce parfum d'anomalie, c’est surtout la première qualité du film, onirisme étrange et atone d’un univers qui, si on l’accepte justement un peu vite en tant que spectateur sans trop s’en rendre compte, n’a absolument aucun sens. Univers où les enfants agissent comme des adultes, où les terres sont constamment plongées dans un semi-jour hésitant, où la mort (combien de fois on parle de tuer le gamin devant lui) côtoie les situations banales et domestiques…

Logiques d’adultes et logiques d’enfants, occupations de grandes personnes (beaucoup de crudité pour un film pour gosses) et réflexes de contes, tout ça s’entremêle sans cesse – et d’ailleurs sans gêne, puisque c’est la mathématique très cérébrale de Lang qui tranche encore une fois l’affaire, par des saillies toujours aussi glaçantes et cruelles, aussi simples que précises (je sais pas, un truc aussi con que l’épaule montrée à l’enfant).
Ce que je trouve vraiment beau, dans ce Lang en particulier, c’est que ce côté mental prend ici une dimension lyrique que j’ai jamais vu chez lui, à commencer par le tout premier principe mathématique, la données absolue qui ouvre le film : un enfant jette son dévolu sur un adulte et n’en démordra plus. L’équation est ouverte, et quoi que fasse le personnage concerné, malgré les 125 détours, il finira par rendre les comptes et s’avouer vaincu. Cet absolu (de la naïveté imbattable de l’enfant, de l’amour qu’il a décidé mordicus de projeter sur cet homme), comme une malédiction qui lance le film sur les rails, est vraiment une idée superbe, donnant à l’habituel aspect mécanique du cinéma de Lang une teinte étrangement mélancolique.



Bon je m’égare un peu, puisque l’essentiel, c’est que c’est surtout génial comme film pour enfants. Putain, j’aurais adoré découvrir ça enfant, je me serais direct identifié au gamin (qui agit quand même avec toute la classe du monde)… J’ai aussi, sans avoir de titres précis en tête, eu l’impression de voir un gros pack d’influences d’une immensité de films connus… De Sleepy Hollow à Blink, en passant par Bernard et Bianca, c'est passage en revue d'une tonne d’images vues ailleurs dans des films plus tardifs. Ça a du bien marquer la génération qui l’a découvert gamin…

5/6


Et une dernière image, parce que c’est over classe :

Pareil. C'est très bon, mais je l'ai vu un peu trop tard pour vraiment entrer dedans. Je peux comprendre ceux qui préfèrent ça aux Goonies.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

La j'ai pas trop le temps, mais simplement: pourquoi en faire un "film pour enfants", absolument? Film d'aventures oui, mais pour enfants...?

Vu quand j'étais gamin et effectivement j'ai un souvenir ému du truc... Par contre c'est à peu près tout ce qu'il me reste. Ca et ce titre qui m'a toujours fait rêver... "Moonfleet", ça a une consonnance géniale.

Parceque c'est comme ça qu'on voit "l'entertainment", l'aventure, le frisson, les destinations exotiques, c'est sensé parler surtout aux enfants.

J'adore ce film, même si c'est un Lang "à part".
Comme Tom et Cosmo, la 1ère fois j'ai regretté de ne pas l'avoir découvert enfant. Mais le truc génial, c'est qu'à la 2e vision, plus tard, je me suis complètement identifié à Jeremy Fox. Et le film fonctionne aussi super bien de cette façon.

Comme dit Mufti, c'est que ça contient une tonne de choses qui, enfant, aurait fait que je me serai immédiatement approprié le film, que je l'aurai vu 50 fois, etc. Je dis juste que j'aurais aimé le connaître de cette façon là, mais ca ne change rien au film : j'ai pas de mal à m'identifier, je me dis pas que je l'aime moins parce que je suis adulte...

C'est pas pour le ranger dans une case, mais il a cette dimension là, qui est d'ailleurs une qualité.



Oui, c'était déjà un peu le cas à cette premier vision, parce qu'au milieu de monholites dont la personnalité ne bouge pas d'un poil, c'est le seul personnage qui évolue, qui a une histoire intérieure (c'est aussi d'ailleurs ça qui fait le côté mathématique, une variable au milieu d'un ensemble de données fixes... bref). Mais enfin l'enfant est quand même tellement classe, têtu, seul contre tous, que j'ai du mal à m'empêcher de suivre le film autrement que par lui.