Forum de FilmDeCulte

L'histoire d'un domestique qui renverse le rapport de force avec son maître.
Ce film est assez fou. Carrément fou, même. La première heure met en scène la lente prise de possession du domicile de l'aristocrate par l'inquiétant Barett (joué par le monumental Dirk Bogarde). C'est avec minutie et réalisme que Losey entreprend d'abord de nous conter l'histoire de la lutte des classes, lui le communiste.

Puis tout bascule. Là où on avait une histoire assez linéaire (parfois un peu longuette), succède une série d'évènements qui va faire éclater au grand jour la violence du combat. Si combat il y a, tant Losey nous donne à voir un aristo (James Fox) faible et complètement dépassé par le charisme de son serviteur. La seconde partie du film est assez surprenante dans le sens où l'on croit assister à un renversement de situation, qui n'est en fait qu'une fantastique comédie. Les dernières vingt minutes plongent dans le surréalisme volontaire, comme si Losey voulait nous montrer que cette véritable révolution domestique était à prendre en rêve. En rêve terrifiant puisque loin d'une disparition des classes se trouve opéré un simple renversement qui voit les dominés se comporter à présent en despotes et les dominants réduits à des sous-hommes.

The Servant est absolument brillant. Notamment grâce à une mise en scène oppressante et rendant bien la domination sous-jacente et insidieuse du domestique.

5.5/6

Losey est juste un réalisateur absolument génial.

N'empêche je me demandais à la fin du film pourquoi il est pas plus connu que ça! Les cinéphiles le connaissent mais les gens "normaux" en général non. Comparé à Kubrick ou Bergman pour citer des grands cinéastes de la même époque...

Sa carrière est plus irrégulière, peut-être

Et Sarah Miles, putain ! T'as oublié de parler de Sarah Miles !!!
Sinon, ouais, je plussoie : c'est carrément impressionnant. Losey, j'en sors rarement indemne et en général j'ai qu'une envie après, c'est d'y retourner. Je recommande également ACCIDENT.

Sarah Miles c'est la soi-disante soeur de Barett? Elle m'a carrément mis mal à l'aise celle-là.

Oui, c'est elle. Vera, je crois, dans le film.

c'est pas mal mais on sent trop la patte de Pinter, ça rend le film un peu théorique.
Accident par contre, y a un mystère, des non-dits, une mise en scène peut etre plus elliptique qui rendent le film plus beau.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

The servant est assez théorique comme tu dis mais le cinéma n'a pas vocation à traiter les problèmes en les mettant tels qu'ils sont dans la réalité. Il les met en forme.

avec plus ou moins de finesse.

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

Bah ce film se veut surréaliste, donc moi ça me pose pas de problèmes

Beau et troublant.
6/6

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Quelqu'un a vu FIGURES IN A LANDSCAPE?
Un pote me l'a prêté en m'en disant le plus grand bien.

Ca me donne envie de choper le coffrey Losey avec 7 ou 8 films dedans.

Un de mes films UK préférés. The Servant qui suit la déchéance d'un dandy anglais a une atmosphère vraiment malsaine et maitrisé , on sent vraiment que les 60's sont une période charnière du cinéma passant du bien pensant des années 40's et 50's vers une forme plus noire et libre dans sa forme.
Ajouté à ça l'aspect anglais qui reprend sa forme classieuse et ses personnages de dandy qui sont ici amenés au plus bas de leur représentation et mis en opposition à des domestiques qui attendaient un plus de leur condition sociale et on obtient vraiment un film à part.
Ici tout le côté sociale est vite évacué, il n'y a pas de victime ou de patrons, on a juste deux manipulateurs finis qui s'en prennent un dandy très propre sur lui qui souffre d'une psychologie assez trouble et faible au final, autant dans le sexe que dans l'amitié.

Ce qui est intéressant dans le film c'est que ça ne joue sur aucune forme de suspense sur les diverses relations entre les personnages, c'est vite évacué au bout de trente minutes et on sait constamment ou va le film et on regarde amusé et attristé de ce que devient ce dandy fort sympathique devenir une loque humaine et qui finira drogué à ne plus pouvoir bouger ou réfléchir par lui même. Car oui le film aurait pu faire un classique revenge movie ou le petit peuple se rebelle contre le patronat mais pas du tout, on l'a deux enflures de services qui savent très bien ce qu'ils font et que ne doivent pas être à leur premier coup.
A ce titre le scénario est un peu bijoux, c'est très malin, moderne et pertinent. La réalisation de Losey est trés bonne, il arrive à insuffler une vrai ambiance à son film un peu à l'image d'un Polanski dont il se rapproche pas mal (tout du moins pour ce film). Le casting est impecable, James Fox en dandy est savoureux, j'avais un peu l'impression de voir un Shelock Holmes en puissance, Bogarde en manipulateur malsain n'est pas en reste et sa complice non plus. Un film que je conseille fortement pour ceux qui s'intéressent au cinéma UK des 60's.

6/6