
les trois derniers mois de la vie de trotsky.
il est exilé au mexique après un périple dans plusieurs pays.
staline a manifestement commandité sa mort, il vit donc dans une maison transformée en bunker, protégé par des militants et entouré de ce qu'il reste de sa famille - ses enfants ont été tués...
de là, il continue de penser, écrire, dicter des textes. il essaye de lancer un mouvement pour défendre sa vision de la révolution.
impossible de ne pas penser à mélenchon en voyant ça, c'était terrible. il y a un vague air de ressemblance dans la silhouette. cette manière de surjouer l'autorité intellectuelle, engagé dans un mouvement révolutionnaire et donc dans la vraie vie mais tout au service de son cerveau puissant. cette aura de gourou auprès de ses proches dévoués et admiratifs tout en étant largement haï en dehors. cette simplicité parfois surjouée au milieu d'un rituel destiné à l'iconiser. en l'occurence, ici, pour des raisons bien réelles de sécurité - ce qui correspond aussi à la passion victimisation de jlm.
bien persuadé qu'il adore s'imaginer comme ça.
et pourtant, dans la réalité des pratiques, il est fondamentalement plus proche de staline. ce que lui même doit savoir. mais ne dira naturellement jamais. mais le fait est que jlm vise une certaine efficacité et que celle ci était plus du côté de joseph que de léon.
j'y ai pas mal pensé en voyant le film. bien aidé que j'étais par le fait que le film n'a, en réalité, pas mille choses à raconter. le parti pris était de raconter spécifiquement ces trois derniers mois et la manière dont son assassin (delon) a réussi à s'approcher de lui. ça se tenait, et c'est intéressant mais pas très riche dramatiquement en vérité, on a rapidement compris, il ne se passe pas mille choses, ça dure 1h35, plusieurs scènes se ressemblent énormément...
donc on a de larges moments avec notre cerveau à nous, avec de temps en temps des scènes très didactiques intéressantes en mode wiki.
un angle important est donc le portrait de l'assassin. c'est joué par delon, avec un phénomène marquant de ces années de sa filmo : il est quasi en second rôle, un temps à l'écran franchement moyen. et ça ne fonctionne pas très bien : il y a une production pendant un long moment d'une iconographie samourai - il envoie du lourd, homme de sang froid impénetrable et autoritaire. sauf que la rupture avec son comportement quand on arrive à l'assassinat est assez incompréhensible sur le fond et ne fonctionne pas dans la forme - delon terrorisé et hurlant et tremblant ça marche pas, point. et toute la storyline avec romi schneider est assez malaisante. il l'utilise donc pour s'approcher de trotsky, avec des changements d'humeur radicaux, des violences conjugales extremement randoms (on a vraiment l'impression de voir un doc sur leur relation...)... on comprend mieux à la fin, mais il y a quand même l'impression qu'il y avait là quelque chose de plus profond à faire et que ce n'est pas traité à la hauteur de la complexité et de l'intéret de cet aspect de l'histoire.
j'ai eu du mal à être emballé parce que ce n'était globalement pas brillant du tout et un peu léger sur les choses à raconter et sur les éléments de reflexion à porter - mais c'était quand même tout à fait intéressant notamment parce que le potentiel wiki était très fort, mais c'était au final une démarche vraiment artistique qui été choisie. pas vraiment réussie, donc, mais c'est possible.