Forum de FilmDeCulte

Un homme tue toute sa famille et se prépare à rejoindre une autre.

La beauté du pitch. Un diamant brut.

La vie maritale a ça de beau qu'elle m'a fait mesurer à quel point le filon du thriller domestique est surexploité encore aujourd'hui dans le format téléfilm. Quasiment tous les jours, de 14 à 17h sur TF1, deux trucs comme ça sont diffusés bout à bout, une production industrielle digne des telenovelas mexicaines ou turques, avec des histoires affreuses de mecs ou de meufs complètement malades et mal intentionnés qui s'incrustent dans la vie d'autres gens qui n'y voient que du feu. Et puis c'est tout un marché, ça fait travailler plein de monde même si tous ces gens resteront inconnus. Comme ça vient taper dans la méfiance innée envers les inconnus, et le frisson de se dire que les personnages sont quand même bien idiots de ne pas se rendre compte de ce qui se passe, c'est un filon qui ne tarira jamais. Comme les téléfilms de noël.

The Stepfather, c'est le mètre étalon du genre. Donc forcément, ça ronronne tout du long pendant qu'on attend que ça pète et que ça vrille.

Je retiens surtout la scène d'intro, glaçante, la performance forcément impeccable de Terry Q'Quinn qui, même jeune, délivre à fond, et la brutalité fugace de ses passages à l'acte (les coups de planche, le coup de téléphone). Aussi le côté festival d'expressions faciales qui deviennent angoissantes dès que les autres tournent la tête ou à la moindre contrariété.

Même si l'ensemble est dépourvu de surprise, il se dégage une atmosphère particulièrement malaisante par la focalisation sur le protagoniste à la fois malveillant au possible et prisonnier d'une boucle de paraître voué à s'effriter. On est pas "pris dans la psyché" du tueur, poncif psychologisant inepte concernant ce genre d'individus, mais dans l'inanité monstrueuse de son fonctionnement, dans la fausseté et les mensonges qu'il projette, le mal qu'il fait en séduisant cette femme sur sa seule capacité à imiter tous les atours du mec bien sous tous rapports. Les seuls moments de contraste sont malheureusement bien fades : la prise de conscience progressive, avec ses fausses pistes, de la gamine, et l'enquête du frère d'une des précédentes victimes, aucun des deux n'étant très captivants. Il y avait sans doute plus habile, et plus effroyable encore à faire en abandonnant le pilote-automatique calibré pour un final showdown par ailleurs bien nerveux et amplement réussi, surtout pour quelque chose qu'on voit arriver dès les premières minutes, en allant plus loin encore non pas dans le "pourquoi est-il comme ça ?" (on s'en fout, et c'est probablement de la faute de sa mère), mais dans l'effondrement cette fois de la victime de toute cette manipulation.

Pas mal du tout quand même.

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Looks like meat's back on the menu, boys!