Forum de FilmDeCulte

Un soldat americain se marie en Allemagne une fois la guerre finie et doit affronter les commandos des Verwolf, groupuscule nazi qui multiplient les actes de terrorisme.

Je découvre ce film de Fuller qui comporte des moments d’une puissance assez hors du commun, notamment la séquence lors du procès de Nuremberg où un ado appartenant à la jeunesse Hitlérienne réalise la face cachée et noire du parti qu’il soutient… Des gros plans insistants et répétitifs sur son visage en train de se décomposer, ces gros plans étant situés entre des images d’archives véritables (des images autant voir mieux utilisées que dans Les Diables de Guadalcanal de Ray). Là est l’immense talent de Fuller, de rétablir la partie fausse et en crise de la fiction, cette fausseté étant lié au récit dans son sens le plus hollywoodien, du coup les confrontations avec les images d’archives sont volontairement grossières dans leur raccordements, des faux raccords extrêmement perturbants qui établissent la distance malheureuse avec l’évènement réel…

Du coup les « genres » ne décollent jamais, leur maigres apparitions sont lié à des illusions, que ce soit la dramatisation durant le combat ou bien la romance entre l’américain et l’allemande… Cette romance si ténue, masqué par l’énorme désir documentaire du film (même dans les passages les plus habités par le récit) n’est qu’illusoire, un espoir d’oublie instantané du passé, mais assumer la violence des images à la fin sera nécessaire, assumer aussi que l’idylle n’a rien de romantique, l’instinct de conservation lié au contexte à fait sa partie du travail.
Il y a ce travail sur la mémoire qui est bien présent également, qui rejoint tout le reste… Les murs tagués de partout par des inscriptions de chaque bord, allemand et américain, un nombre conséquent de « Verboten », terme signifiant « interdit » en allemand, et c’est le titre original du film… cela n’a rien d’étonnant car il s’agit bien de libérer d’un interdit dans ce film, il faut rétablir les images réelles, les regarder en face pour que l’émancipation soit possible. Le trajet du film, si on grossi le trait, c’est le corps filmé à distance dans la bataille, du moins sans définition possible du visage, à un personnage beaucoup plus conscient de ce qui l’entoure, une plus grande utilisation du gros plan qui personnifie les regards et les actes.

Bon après le film peut paraître trop concis et bancal, pourtant je trouve ça parfaitement maîtrisé, cette concision est utilisée pour ne pas que le spectateur ne s’attache trop aux personnages d’un point de vue dramatique, qu’ils ne fassent pas passer le contexte au second plan. Un dosage casse gueule mais tellement rare, même aujourd’hui.

5/6

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