Forum de FilmDeCulte

5h42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…

J’ai adoré. Le film est parfaitement réussi dans son concept de plan-séquence de 2h15 qui parvient à raconter un truc et à dépasser le pur concept technique et l’idée de prouesse, voire de record. J’ai vraiment du mal à comprendre les critiques que j’ai pu lire ici ou là disant « je vois pas l’intérêt du plan-séquence » ou « le film se résume à sa prouesse technique ». J’ai le sentiment que l’on n’a pas vu le même film sincèrement tellement au contraire pour moi la plus grande réussite c’est sa cohérence totale.

Rarement je n’aurais autant senti dans un film le poids du « temps-réel ». Ce qui émeut et met sur le cul à la fin du film c’est de se dire que tout s’est passé en temps réel. Qu’il n’y a pas eu une seule coupe, une seule respiration, un seul moment de répit, que l’on vient de vivre avec Victoria un condensé de vie incroyable de plus de deux heures. Une espèce de shot d’existence concentré où se passent mille choses et où les émotions vont d’un extrême à l’autre. J’aime beaucoup imaginer l’après film. Il y a quelque chose d'épique dans ces 2h15 non pas dans le spectacle qu'elles proposent mais plutôt dans l'échantillon quintessentiel de vie qu'elles distillent. L'impression que tout est là devant nos yeux, sans aucun fard, la violence, l'amour évidemment, la douleur, la peur etc...

Au-delà de ça je trouve admirable la manière dont le film prend son temps dans la première partie de développer le rapport entre les persos, de créer du liant c’est pour ça que c’est vraiment pas le film de petit malin que certains y voient. Quand on passe trois quarts d’heure à filmer des discussions pas forcément passionnantes d’ailleurs entre une fille et quelques mecs c’est qu’on cherche autre chose que l’efficacité du thriller. Surtout que ces scènes fonctionnent très bien notamment sur cette écriture en creux où les personnages se dévoilent à travers ce qu’ils racontent, leurs expériences etc… (sans oublier la part d'impro, apparemment le scenar faisait 12 pages ). C’est particulièrement prégnant pour Victoria dont on perçoit immédiatement la solitude, ce changement de vie à Berlin qui ne la satisfait pas pleinement, son désir de vivre des choses intenses (ce qui pour moi justifie pleinement son attitude dans le film même si je peux comprendre qu'on tique dessus). Il y a quelques scènes absolument fabuleuses dans la manière de faire exister les persos dans le cadre (notamment des scènes de danse en boîte - excellente BO d'ailleurs et une scène de baiser sublime, spoilée dans la BA).

Alors bien sûr on pourra chipoter. Tout se déroule dans un rayon de 100 m. Et j’ai l’impression de deux « erreurs » de tournage.


Mais franchement c’est un excellent film. Pas forcément un très grand film mais un film fort, poignant, intense et surtout une vraie expérience de cinéma, ce dont je raffole. Et puis je suis tombé raide dingue de Laia Costa dès les premières minutes donc forcément c'était déjà en partie gagné. En tout cas je conseille ça vaut vraiment le coup et une fois de plus ce n'est pas du tout un film de petit malin.

5/6

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CroqAnimement votre

D'accord avec toi sur la cohérence du film: outre la prouesse humaine, technique (juste hallucinante) et artistique (les comédiens, la photo, etc), il y a une vraie cohérence dans le projet du film, ce qui en fait, comme tu dis, une vraie réussite. Le temps-réel exploité à ce point-là, on (je) ne l'avait jamais vu et vécu au cinéma, et malgré l'évidence et la brillance du procédé, on ne peut s'empêcher de se dire qu'il y a (eu) des petites ellipses, que toute cette histoire a dû se passer en plus de temps que le temps du film (2h20)... Reflexes du regard! En tout cas voir le jour qui se lève minute après minute, c'est quelque chose...
Là où j'ai plus de réserves, c'est dans "l'écriture" même. On dit qu'au montage on réécrit le film une deuxième (troisième) fois, et l'absence de montage (forcément) semble manquer ici... Les petits bugs que Art Core met en hide me gênent moins que les vrais saut de foi qu'il faut régulièrement effectuer pour être à fond et croire 100% à cette histoire. C'est sans doute à cause de ça que je n'ai pas été spécialement touché, du coup, par le parcours de la fille. Mais, encore une fois, chapeau bas pour la réal, chapeau bas pour Victoria et Sonne, et surtout Sonne d'ailleurs, très bien casté. Toute la longue première partie du film, où ils se draguent, c'est vraiment beau...

Bref, c'est vraiment un film à voir, mais dommage que ça ne soit (à mes yeux) pas le "grand" film qu'il aurait pu être.

4/6

EDIT: la BO de Nils Frahm est un petit bijou.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

J'ai vraiment beaucoup aimé la première heure, le procédé, le temps réel, la prouesse technique... mais dès que l'intrigue prend le dessus, pour moi le film s'arrête. Je trouve que ça tire en longueur et que c'est vraiment douloureux parfois (Victoria dans la chambre d'hôtel, je ne ressentais RIEN...).

J'étais à 4,5/6 et puis c'est retombé à 3/6 tellement j'ai souffert dans le dernier tiers.

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I think we're gonna need a helmet.

assez d'accord avec toi, le début est vraiment super mais j'ai plus de mal dans la seconde partie, les acteurs sont de plus en plus grimaçants, on tourne en rond géographiquement et la scène de l'hôtel est looooooongue

4/6 quand même

J'aime bien le projet du film - au-delà du plan-séquence - de faire durer les moments de rien au début pour qu'on s'attache aux persos. C'est un peu long, mais c'est un vrai pari. Malheureusement, ce pari est perdu car pour moi, ça ne prend pas. Je ne crois pas à cette histoire d'amour. Je ne crois pas que cette fille plutôt bien dans sa tête puisse se laisser embarquer de son plein gré dans un plan lose tel que celui-ci.

Du coup il ne reste que la prouesse technique qui t'aide à passer le temps (interminable): "Tiens, ils passent la caméra à un deuxième cadreur là ?", "Je me demande où ils ont mis les micros", "Ah c'est marrant ce mec qui attend depuis 90 minutes le signal pour rentrer dans le champ"...

Bref, une belle montagne d'ambition qui accouche d'une souris à mes yeux.

PS: moment génial au MK2 Bastille où une coupure de courant a interrompu le film. S'il y a bien un film à ne pas arrêter en plein milieu, c'est celui-là.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Putain mais qu'on les brûle !

Probablement l'un des pires cinés parisiens (dans les chaînes en tout cas).

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Oui voilà. Je me suis demandé aussi s'il n'y avait pas d'autres passages de relais pour soulager le cadreur. Mais apparemment non.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Les salles 4 et 1 sont pas mal. Je pensais justement que VICTORIA passait dans la grande salle. Mais non... c'était DIFRET !

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

À partir du moment où on entend les camions-poubelle et les ambulances, non, ce sont pas des bonnes salles.

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Dans la 4 t'entend rien. Mais oui je suis d'accord. Le MK2 Nation est mille fois mieux.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'y vais jamais à celui-là. Je sais pas trop pourquoi.

Dans les MK2, je fais exclusivement Gambetta et Bibliothèque. Directs en bus.

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Franchement il est hyper bien, c'est le meilleur des petits MK2. Y a "jamais personne" (1ere séance là-bas: CARS 2. Personne dans la salle...) et je crois même qu'il y a du battement entre les séances, contrairement à Bastille. En plus t'es pas super loin à vol d'oiseau.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ouais mais je suis pas un oiseau. Je suis un être humain.

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Je pensais trouver le temps long avant que le film ne bascule dans le genre et en fin de compte, c'est cette première heure que j'ai préféré, la trouvant exemplaire dans l'écriture à la fois naturelle et attachante et crédible.

Je ne saurai en dire autant de la suite qui demande un petit saut de foi - acceptable - puis un deuxième - beaucoup moins - puis se contente de régurgiter un par un tous les passages convenus du genre dans une deuxième moitié interminable dont la prévisibilité nuit à l'expérience générale.

D'autant plus que l'arc de l'héroïne est pour ainsi dire complet lorsqu'ils se retrouvent dans la boîte. Le reste est superflu, en plus d'être attendu. Il aurait été plus original de terminer là
Ça aurait pu passer si le rythme était un peu plus speed mais vraiment, sur le dernier tiers, je trouve chaque séquence mille fois trop longue alors que sur la première moitié, j'étais vraiment dedans (je commençais tout juste à trouver ça un poil longuet (le piano) quand "l'élément déclencheur" a enfin fait son apparition).

Je me suis même demandé si l'équipe a pas déchanté en dérushant et réalisant que c'était trop long, se disant "merde, on peut pas couper", coincés par leur gimmi...leur parti-pris.

Reste quelques très belles scènes et deux beaux personnages.

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