Forum de FilmDeCulte

Marina et Orlando, de vingt ans son aîné, s'aiment loin des regards et se projettent vers l'avenir.
Lorsqu'il meurt soudainement, Marina subit l’hostilité des proches d'Orlando : une "sainte famille" qui rejette tout ce qu'elle représente. Marina va se battre, avec la même énergie que celle dépensée depuis toujours pour devenir la femme qu'elle est : une femme forte, courageuse, digne ... une femme fantastique !

Le nouveau film du réalisateur de l'autrement plus enthousiasmant Gloria m'a fait penser à une discussion que j'avais eu avec le responsable du Queer Lion qui écartait systématiquement du prix tous les films présentant un personnage gay malveillant du genre j'aime bien Eastern Boys mais les gens ne comprendraient pas que je donne le prix à un film avec des prostitués, ou encore le dernier De Palma? complètement lesbophobe, bref n'ouvrant la porte qu'à des représentations LGBT positives ou des personnages martyrs. Et Une femme fantastique, c'est complètement ça, un film soutenue par une actrice franchement pas très charismatique mais qui avait la corde dans les pronostics de Venise juste pour le symbole de récompenser une trans, avec un personnage victimisé en permanence qui passé des débuts prometteurs dans sa manière de montrer les brimades et le mépris de la société face à un corps qu'elle n'arrive pas à normer qu'on traite au mieux comme une créature au pire comme un monstre, se résume quand même à une structure du type "Je m'en prends plein la gueule en courbant l'échine" / "Je passe une super soirée en boîte" / "Je me rebelle" (et encore gentiment, on est pas chez Lars Von Trier). Ce à quoi il faut rajouter une sous-intrigue de clé de casier de sauna qu'elle contemple 36 fois avec un suspense façon "Va-t-elle prendre le pognon?" qui rend le film plus artificiel et programmatique que chez Almodovar.

3/6

Je n'avais pas vu "Gloria", donc j'ai apprécié la découverte d'un cinéaste qui a ici un réel talent pour installer son récit avec assurance et naturel, tout en développant une patte atmosphérique presque plus nostalgique que mélancolique, ça renouvelle un peu l'éternel post-Sirk. Effectivement, c'est assez doux et soft, mais je trouve que ça en fait ressortir d'autant plus certaines scènes d’oppression, d'injustice, avec plus de tact et d'étrangeté que la simple dénonciation : la confrontation avec le fils dans l'appartement, l où on ne sait vraiment pas comment ça peut tourner... Certaines séquence de ce type restent cependant nettement plus basiques .
Au final ça apparaît certainement un peu léger comme récit,... Reste que j'ai accroché à fond avec l'actrice et au personnage pour ma part, elle dégage une force assez dingue justement au-delà des humiliations, et j'aime comment le film interpelle le spectateur sur ce questionnement social qui consiste à traquer toute ses réactions, en la suivant dans un juste équilibre, sans trop de distance ni sans trop à chercher de justifications psychologiques et d'identification.
En éternel naïf, pour le casier

Dans Gloria on retrouve grosso modo les mêmes qualités et les mêmes défauts que dans celui-ci (je placerai Gloria un chouïa au-dessus d'Une Femme fantastique tout de même). Lelio sait très bien capter les présences de ses actrices principales et créer/gérer des univers à la marge, mais passe son temps à ouvrir des portes sans trop savoir qu'en faire (pour celui-ci le deuil ou la transexualité, par exemple). Et comme tu le mentionnes il est loin d'être exempt de moment de pure gratuité. Bref ces deux films ne sont pas désagréables mais me semble loin du meilleur qu'il pourrait donner.

J'ai beaucoup aimé, comme j'avais beaucoup apprécié Gloria. Sur ce film, ce fut même particulier, je ne savais rien sur l'histoire, du coup, j'ai compris que la nana était transgenre au bout d'un tiers de film, du coup s'est posée la question de mon regard sur elle et sur son histoire d'amour.