Forum de FilmDeCulte

Ben... en l'occurrence y a aussi des tableaux d'époques et des grands meubles d'antiquaires dans celui de bordeaux

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Liza says "Don't drop bombs!"

Et il y a Dieu au-dessus de la toile. Ca met la pression sur ce qui passe en-dessous.

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Doll, it's a heartbreaking affair

Oh yeah. C'est justement pour cette raison le cinéma de Sirk me plaît autant.
Fais-toi toute sa filmo si tu peux !

ouais mais y'avait pas de puits.

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Et ils tiennent toute la comptabilité à la main! Et ils marquent eux même le prix sur le ticket au stylo bic... ET JE DECONNE MEME PAS.

D'ailleurs je suis sûr qu'en fait le projectionniste pédale dans sa cabine pour alimenter une dynamo afin de tenir le 24 images secondes.

Formellement c'est brillant. Comme disait Borges sur les Spectres, "un film se pense dans un autre film", et ici l'inconscient du film c'est 'the Stranger' de Welles, cité par les plans à la grue sur l'horloge du beffroi de la petite ville. Comme si la dissimulation et la survivance du nazisme (et la culpabilité paradoxale du vainqueur, liée à l'isolationnisme américain avant-guerre et à l'impossibilité de distinguer les idéologies quand elles sont silencieuses) percolait dans la situation amoureuse.

Mais je rejoins Skip, l'histoire est assez superficielle et prévisible. Tous les personnages ne parlent et n'agissent que pour se positionner les uns par rapport aux autres et énoncent d'eux même les enjeux du film ("lui n'a pas conscience de la liberté qu'il symbolise, plutôt qu'il ne la vit"). Pour parler pédantement c'est comme si un même principe structuraliste, faisant coïncider ressemblances et différence, régissait à la fois le langage des personnages et leurs sentiments. D'où une tension pas inintéressante entre le propos du film, une défense intransigeante du droit d'aimer contre le conformisme à la fois jeuniste et vieux bourgeois, et la forme sévère du film. Les passions sont donc saisies géométriquement. Cette froideur et cette extériorité sont accentuées par le fait que le cast du film est déjà le concept de l'intrigue, Sirk prenant toujours des actrices signifiantes dont le film explique la vie et les desirs réels (Lana Turner vieillissante, Jane Wyman après son divorce d'avec Ronald Reagan). Il me semble que chez Mankiewicz ou dans Comme un Torrent de Minellli la mise en scène est moins brillante, mais les personnages, tout en étant moins maîtres de leurs destins et confrontés à l'échec, voire tournés cruellement en dérision, avaient plus d'épaisseur et d'autonomie. Sirk filme l'impersonnalité foncière de la liberté, génératrice de sens, refuge contre le ridicule, mais tissée de pathos exposés puis ensuite mis de côté.

Comme dans "Imitation of Life", mais sur un mode plus discret, beau personnage de fille sacrifiée. Le féminisme du film est attenué par le destin probable de la fille, qui va rejouer le mariage de sa mère avec son gentil imbécile de fiancé, alors qu'elle etait au départ émancipée et un moment passée du côté de sa mère. Au fond, elle annule l'aspect secrètement émancipateur de l'éducation que sa mère avait pu lui transmettre, dans un environnement qui s'y prétait mal. Comme si la libération d'un individu devait être immédiatement compensée par un renforcement de l'aliénation du proche qui interprète en l'autre le sens de cette liberté. Sexuellement, interprèter le désir de l'autre c'est aliéner le sien et renoncer à une logique de transmission. Il faut parfois comprendre la part secrète d'une liberté pour la préserver. Le film montre la solitude de cette logique, qui ne délimite qu'un rôle, celui de mère, et non un événement.

Article intéressant dans SoFilm de ce mois qui explique que Jane Wyman et Reagan se sont déchirés au moment des auditions liées au McCarthysme. Elle avait défendu les 10 d'Hollywood alors que son mari faisait du renseignement pour le FBI.

Bref, pas une femme insignifiante.

C'est très beau mais comme dit Gontrand plus haut ça m'a embêté que tout soit commenté: il n'y'a aucune place au non-dit, aucun espace pour l'émotion de se déployer par elle-même, et le film perd beaucoup en sensibilité de ce point de vue là, mais aussi en subtilité.

Comme d'autres ici c'était mon premier Sirk, j'ai beaucoup aimé regarder et j'en verrai d'autres mais ça ne m'a pas non plus chamboulé comme Bliss, Jericho ou Twilight. Reste cette scène de Noël terrible malgré tout qui me restera bien en tête je pense.

4/6