j'ai su au bout d'environ 17 secondes que j'allais détester, et entre 17 secondes et 1h18 de programme il y a plus de 1h17 à se cogner donc j'ai vite hésité, mais la curiosité devant ce gros phénomène scénique l'a emportée. au générique de fin il donne le chiffre de 175 000 spectateurs, c'est à la fois beaucoup (trucs délirant où il revenait à paris tous les 3 mois dans de plus en plus grosses salles pour 6 dates) et pas beaucoup (genre 1/6ème de la tournée de mylene farmer), et le chiffre est sorti de 100 000 places vendues en 10 jours pour son prochain spectacle du printemps... 2025.
c'est donc un peu produit de la vague actuelle du stand up, la starification ultra rapide, les chiffres délirants, et le public présent dans la salle semble assez différent de celui d'autres captations ou de spectacles que j'ai vu : c'est à lille et c'est vraiment un public tf1.
et effectivement. le spectacle s'appelle zebre en ref à "drôle de zebre" et à un petit morceau du spectacle où il parle du zebre comme animal entre le poney
et le cheval, avec ses rayures bizarres et uniques, en se comparant donc. et effectivement il joue de son ton (unique, je reconnais), de son physique (avec un t shirt noir oversized de luxe à 900 boules tout de même), et de plusieurs blagues qui surjoue le babtou fragile.
et à côté de ça, c'est le texte le plus mainstream, safe, basique imaginable. il n'y a rien de personnel, il ne parle que très superficiellement de lui (d'un sens tant mieux, on échappe à la narration de son amour contrarié avec la petite julie leparmentier à 9 ans... sauf qu'à la place il filme ça dans un petit sketch avant le spectacle.). ce ne sont que des "observations", en pure caricature de stand up "eh, vous avez remarqué...?". et des observations pas particulièrement fines, ni personnelles, ni piquantes, qui aboutissent à des blagounettes vraiment basiques. mais c'est frappant à quel point il n'y a aucune vision du monde : il commente la vie comme elle va et comme il l'accepte. son personnage ne permet pas de remettre en cause les dogmes dominants, les codes sociaux, rien, non, son regard c'est un minuscule petit décalage totalement safe qui ne heurtera personne. au début il fait des petites blagues sur l'inutilité des manifs pour les guerres, sur les grèves en france, il y a une blague sur la notation des livreurs amazon ("je dois noter quoi, à quel point il a bien tendu le bras ?") et je me suis dit que c'était un humour assez macroniste dans cet aspect, et à la fin je me suis la même chose mais parce que c'était tellement vide, la théorisation qu'il faut vider le discours public de toute substance pour ne fâcher personne, dans une époque où les choses et les sensibilités sont tellement clivées que celui qui fâche le moins finit par fédérer le plus.
et ça marche : le public de la capta est au delà de conquis, mort de rire à chaque phrase qu'il prononce, quand j'ai décroché 2 sourires. c'est tellement vide, typique de ce moment précis du marché, et l'écriture est tellement pauvre que j'ai tendance à penser que ce sera vraiment la star typique de la mode du moment qui passera totalement quand la mode changera mais à ce stade de choses délirantes dans le domaine de l'humour je ne me risque pas à faire des prédictions.