Isobel Campbell & Mark Lanegan (La Cigale)
Isobel Campbell sans Mark Lanegan, c’est aussi douloureux qu’une profiterole sans chocolat ou une tarte tatin sans pomme. La dernière prestation d’Isobel Campbell au Café de la Danse (sans Mark Lanegan) m’avait passablement traumatisé. Le remplaçant fut un flan. Et Isobel fit splotch. Comment une voix aussi exquise pouvait appartenir à une créature aussi lymphatique et si peu aimable ? Trois possibilités : Isobel est 1/ sous Aspégic, 2/ sous psychotrope, 3/ Isobel n’est pas. Dans tous les cas, Isobel a toujours l’air excessivement heureuse de retrouver son public : plus flegmatique et empaillée on ne fait pas. On dirait un tofu. Ni un bonsoir ni un au revoir, pas une oeillade vers Lanegan, à peine un sourire arraché à la tractopelle. Son look Barbarella - cuissardes - totale bitch froisse un peu l’image d’ange blond à pâquerettes, de reine des neiges en vison véhiculé par ses albums solo. Bon. C’est pas comme si Isobel avait roté pendant 2h, mais quand même, l’imagination s’est pris un sceau d’eau. Quand Isobel a levé les yeux (vers un balcon vide), elle a adressé un vibrant fuck made in Glasgow à l’ingénieur du son qui eu le malheur de s’emmêler les doigts. Oh ça doit pas rigoler pendant les balances d’Isobel.
J’étais prévenue. Mais j’y suis allée plein d’espoir et de trémolos pour Mark Lanegan, qui a cruellement manqué au Café de la Danse (cette andouille était malade, on ne devrait jamais tomber malade). Et Mark a tenu bon, Mark n’a pas failli à sa mission. Si Nick Cave venait à attraper la toxoplasmose ou la varicelle, Mark Lanegan ferait un excellent suppléant chez les Bad Seeds.
Oh lord have mercy cette voix d’ours grippé, d’homme des tavernes merveilleusement et puissamment tragique. Ce n’était pas la voix d’Isobel Campbell, évaporée, volatile (comme l’est sa personnalité sur scène) que j’aimais, c’était celle de Mark Lanegan, cette voix cendreuse qui fleure bon la terre en fusion et le pub en perdition. C’était elle la proue, le coeur de matelot de Ballad of the Broken Seas, c’est encore elle qui soutient les artères de Sunday at Devil Dirt. Lanegan n’a pas bronché, n’a pas été plus indifférent, plus vindicatif, plus prévenant, plus triste ou plus enjoué, mais sa voix m’a scié, elle a résonné jusque dans nos glottes, nous a étreint et balloté dans ses rouleaux de salive –
exotic and erotic. Je m’attendais à un mariage heureux, j’ai eu un mariage ombrageux, les mers agitées leur vont mieux.
Mon top 3 de Sunday at Devil Dirt :
Who Built the Road
Come On Over (Turn Me On)
The Raven
Campbell & Lanegan ont repris l’essentiel du deuxième album (pas de
False Husband ni de
Ramblin Man il me semble), le rendu sur scène est un peu lisse et sentencieux. Tout passe décidément par la voix. THE VOICE. ça vaut quoi Screaming Trees et Queens of the Stone Age période Lanegan ?
Et puisque je repars à la maison avec l’Oscar de la mélomanie (merci merci, j’ai pourtant bien travaillé pour ne pas l’avoir), je vais me sentir obligée de vous dédier une merdouille.
Voilà. C’est inter-minable, ça chante au bout d’1’09 et c’était le plus beau cheveu sur la langue du Top 50.
http://www.wat.tv/audio/sandy-marton-ex ... jcy1_.html
Tu as toute ma considération si tu l’as déjà dans ton sous-dossier honte.