The Scythe-Meister a écrit:
En petit comité oui, dans des grandes salles non, ca me renvoit une image de dangerosité. Ce genre de foule constitue la non-pensée, la perte de soi dans l'indifférencié, la perte d'identité, le "je" qui devient "nous" dans la masse et le pullulement, non pas dans une communion essentielle mais plutôt comme une suppression du sentiment individuel qui se fond dans le sentiment collectif qui n'est pas la simple somme de ses parties mais une entité autonome, facilement manipulable, surtout quand l'attention est dirigée sur une ou quelques personnes.
En tout cas, de mon côté, j'éprouve pas le sentiment de perdre mon identité dans la masse quand je vais à un concert dans une grande salle (à la différence du métro où là, je ressens parfois le sentiment de n'être que du néant qui se rend à son boulot, qu'on bouscule indifférement et qui finira enfoui dans les abîmes inhospitalières de la terre - creuset des putréfactions en tous genres et bouffé par une myriade de vers de terre à l'appétit insatiable...).
Mon identité ne s'altère pas lors d'un grand concert. Bien au contraire, Depeche Mode par exemple, ça fait complètement et intimement partie de mon univers (leurs chansons font émerger en moi des souvenirs hyper persos, oui, je sais, comme c'est émouvant mais également vrai).
Et puis, partager les mêmes goûts musicaux (sans perdre son identité et c'est tout à fait possible), s'éclater sur une même musique avec des gens venus d'ici et d'ailleurs, moi, j'aime ça. Bon, faut pas idéaliser non plus et s'enliser dans la mièvrerie, c'est pas
Peace and Love néanmoins, c'est toujours bien mieux que de s'insulter et d'se faire la guerre comme des cons (où là, bien entendu, l'idée de puissance est inconstestablement limpide)...
The Scythe-Meister a écrit:
Sans aller jusqu'à y voir de funestes événements historiques (encore qu'à voir certains déchainements de violence que l'on peut trouver dans des concerts...), la foule est le lieu de la bêtise, de l'illusion (illusion de puissance naissant du sentiment de groupe, de "nous") et du danger (on peut raisonner un homme seul - pas une foule). Même si cette attirance n'est pas anti-naturelle.
C'est vrai que la foule peut parfois provoquer des débordements. Mais si je me rends à de tels concerts, c'est pas pour éprouver un sentiment de puissance (dont je me fous éperdument et puis, pour se sentir fortiche (et même pour en avoir l'illusion) y'a quand même mieux que de se rendre à un concert et avoir claqué pour ça, généralement non pas une mais plusieurs heures de son salaire...). C'est simplement pour passer un bon moment, me mouvoir dans tous les sens et m'éclater comme une dingue (oui, j'suis certainement bête et désaxée durant ces instants-là mais j'assume à 100%, ça me plaît de déconner de cette façon).
The Scythe-Meister a écrit:
Alors non, je n'aime pas du tout les "orgies musicales" de ce type. Surtout quand en plus ils dégagent une aura de superficialité et de trivialité, doublée de relants commercialistes (on communie autour de quoi aujourd'hui, si ce n'est de la musique de supermarché?).
Ah, non. Pas entièrement d'accord... Pour moi, Depeche Mode, c'est de la musique ultra-transcendante (même si, effectivement, le groupe n'échappe pas au maëlstrom commercial...). Idem pour d'autres groupes... J'me souviens d'un concert de Radiohead (y'a environ cinq ans, à Saint-Denis) : les places étaient chères (environ 40 €) mais franchement, j'ai passé un moment jouissif et j'en garde un souvenir divin, de même que lorsque j'ai vu
Brokeback Mountain. Ni junior, ni senior, ni étudiante, ni chômeuse, j'ai dû payer le ticket plein tarif mais ça valait le coup. Alors oui,
on vous ment, on vous spolie, on vous exploite. Le constat est amer: l'argent participe parfois au bonheur mais moi, j'peux pas me passer du bonheur... Voilà, c'était ma phrase de philosophie de bazar du jour...