Forum de FilmDeCulte

Tout à fait. Le film conçu pour ses personnages, celui où il insuffle de la chair dans son intrigue et ses protagonistes, qui dépasse le jeu citationnel (pourtant présent) pour atteindre un propos plus universel, plus affectif. C'est un film magnifique.

Ben pourtant c'est exactement ce que je ressens devant les KILL BILL.
Par contre, je trouve déjà DEATHPROOF bien plus sincère.

Mais TOUS les films de Tarantino sont conçus pour ses personnages!

Jackie Brown est tout aussi citationnel que ses autres films, sauf qu'on s'en rend moins compte car les références sont moins visibles, c'est tout.

Sans vouloir jouer au rabat-joie, il doit y avoir un topic sur thème.

_________________
Un barbu remplace un coeur pour me plaire...

Kill Bill, c'est quand même le seul film au monde où une super-héroïne se mue progressivement en une figure maternelle... C'es presque oedipien comme film.

Boulevard de la mort est sans doute le film le plus théorique et le plus expérimental de Tarantino, celui où il pousse dans ses derneirs retranchements tout le jeu de fétichisation post-moderne ouvert avec Kill Bill. C'est sans doute passionnant à analyser (tout le tintouin sur le pastiche, le jeu avec les formes, la relation avec les codes, etc..., m'étonne pas que le film ait fait bander les Cahiers), on peut aussi trouver ça parfaitement vain. C'est mon cas. Enfin pas complètement dans la mesure où je prends quand même un bon gros panard devant.

Reste que les personnages sont d'une vacuité totale (des archétypes sans affect, sans la moindre aspérité), le discours (si on peut parler de "discours") verrouillé sur lui-même, et les préoccupations de Tarantino (qui en gros se résument à se branler avec sa propre cinéphilie, comme l'a dit Film Freak) à des kilomètres des miennes.

C'est pas ce que j'ai dit...

Tu as tout dit... j'aime ça perso, ça me dérange pas. Mais j'aurais préféré qu'elle se transforme en maman tout court.

Je pense à peu près le contraire.
Plus exactement : oui, ils sont intimes dont la mesure où QT y met ses tripes, ils sont très personnels, c'est évident. L'auteur y plonge au plus profond de ce qui le constitue en tant que cinéphile.
Ils ne sont pas sans âme pour cette même raison.

Mais ils sont verrouillés sur eux-même, QT évolue dans sa bulle, son monde clos, ses fantasmes fétichistes de petit gamin... Il ne vit pas dans notre monde, le Quentin. Pour cette raison, ses films ne me touchent pas.
Et ne pas me dire qu'un regard universel est obligatoirement subordonné à une mise en scène de "notre monde réel", ce n'est pas DU TOUT ce que je dis. Un auteur peut très bien développer un univers "autre" tout en stimulant des zones affectives et thématiques très fortes (je suis un fan absolu de Star Wars et de ses problématiques de filiation, de destinée, de pardon, de rédemption...).
Avec Kill Bill et Boulevard de la mort (surtout le deuxième, parce que je perçois des enjeux forts et d'autres richesses dans le premier), je vois pas trop ce que QT a à nous dire en dehors de "regardez comme je jouis avec mes fantasmes cinéphiles... jouissez avec moi !"

Oui, c'est ce que je disais dans mon précédent message : il y a des enjeux forts dans KB. Mais comme le dit the black addiction, je trouve que ça ne s'incarne pas, ça reste à l'état d'idée, de "figure". Tarantino joue à fond là-dessus : sur la confrontation, la rencontre des codes, des figures, des archétypes. C'est très théorique comme cinéma. Je voudrais qu'il soit plus que ça.

Et puis comme je le sous-entendais plus haut, j'ai un problème bien plus profond avec Kill Bill, qui fait que je fais un quasi-blocage là-dessus. Mais pour en avoir beaucoup parlé ailleurs, je sais que je vais passer limite pour un taré et que la raison de ce blocage ne sera pas comprise, alors je préfère me taire.
En plus on est en plein dans le hors-sujet, là...

C'est vraiment réducteur de voir les films de QT comme des invitations à la jouissance. Son enthousiasme débordant et envahissant masque toujours un certain désenchantement (pour ne pas dire "nostalgie" car j'aime pas trop ce mot) et une réflexion assez godardienne sur le pouvoir de l'image. Ce n'est pas juste du fétichisme gratuit.

On peut revoir ses films sans se lasser, même dix, vingt ans après... "Reservoir Dogs" date de 1991 et n'a pas pris une ride. Et là, tout est dit.

La toute dernière scène dans la chambre d'hôtel, quand, après avoir pleuré dans la salle de bains, elle prend sa fille dans ses bras et regarde avec elle "Shogun Assassin", ça me suffit. Pas besoin d'en rajouter. C'est très beau.

L'exercice est très difficile... mais c'est le jeu ma pauvre lucette, c'est le jeu... Je me limite donc à dix films...


1. LE NOUVEAU MONDE de Terrence Malick
2. Gerry de Gus van Sant
3. La Forêt de Mogari de Naomi Kawase
4. Dogville de Lars von Trier
5. Les Harmonies Weckmeister de Béla Tarr
6. The Pledge de Sean Penn
7. Nobody Knows d'Hirokazu Kore Eda
8. A l'Ouest des rails de Wang Bing
9. 2046 de Wong Kar Waï
10. Two Lovers de James Gray

Je confirme, j'ai toujours trouvé Tarantino TRES fort dans les scènes intimistes et ce, dans tous ses films

Kill Bill m'a fait chialer d'ailleurs

_________________
There is no such thing in life as normal

là, tu mérites une fessée.