Forum de FilmDeCulte

Numéro deux
Troisième période, celle de la vidéo avec Anne-Marie Miéville, de l'expérimentation formelle (un peu désuète aujourd'hui), du collage, de l'intérêt pour le porno et la vulgarité (ce que je trouve le plus naze chez Godard, comme chez tous les cinéastes intellos qui se veulent choquant). C'est... Intéressant, on va dire. L'ouverture, dans laquelle Godard parle face caméra dans la pénombre d'une salle de montage, est passionnante. La suite, sur la vie d'une famille typique des années 70 montrée à travers les écrans vidéo, l'est un peu moins. Et les "cartons" qui ponctuent chaque scène, me semblent à chaque fois caricaturaux. Mais ça reste intéressant, plein de belles choses, et jamais vraiment ennuyeux.

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C'est marrant, un autre (ex)foruméen comparait Godard à Jean Yanne hier.

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Il me lit.

Week-end n'est pas tellement placé "avec"Jean Yanne et Darc. Ils sont plutôt trimballés et relativement interchangeables avec n'importe quel autre acteur français connu de l'époque, sans que leur personnalité ne transparaisse. On peut penser que cela aurait été plus douloureux de faire jouer cela à Leaud qu'à des acteurs n'ayant pas eu un passé commun avec Godard (après la Chinoise Godard a tendance à faire jouer des acteurs neufs dans chaque film, comme pour indiquer qu'après ce film, ils ne pouvaient plus être démentis que par autrui). La violence du film est comique, mais depersonnalisante. L'ironie est aussi un mécanisme d'aliénation pour Godard, quand c'est une forme d'expression pour Yanne.
En revanche son personnage forme pour moi une sorte de dyptique avec Nous ne vieillirons pas ensemble de Pialat. C'est le même couple vu de l'extérieur puis d l'Interieur (où la réalité ne peut plus être transfigurée ni cachée, mais seulement tue, à la rigueur).

A bout de souffle
Légère déception à la revoyure, pour ce film dont on imagine bien la petite bombe que ça a pu représenter dans le cinéma français, mais qui se veut un peu trop astucieux, un peu trop malin, pour réellement me marquer autant que les suivants (d'autant que j'en ai vu une bonne dizaine dans les six derniers mois). Ca reste drôle, et jouissif par moment.
4.5/6

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Entretien entre Serge Daney et Jean-Luc Godard (1988)
Je me demande pourquoi cet entretien, effectué en 1988 alors que Godard était en pleine réalisation de son (ses) Histoire(s) du cinéma (il venait tout juste de terminer le montage du second segment) n'a été visible pour la première fois qu'en 2014, après que Le Peron pour son documentaire sur Daney l'ait sorti de l'oubli. Désintérêt des diffuseurs? Véto de Godard parce qu'il lui aura fallu plus de temps que prévu pour boucler son Histoire(s) du cinéma (et en réviser le chapitrage au vu de ce qu'il en révèle ici)? Peu importe finalement, le principal est bien qu'il soit maintenant visible. Par contre au-delà de ce cadeau de la Cinémathèque je ne suis pas sûr qu'il soit accessible autrement, je ne saurais donc faire mieux que de vous recommander de vous hâter pour le visionner, parce que c'est probablement la plus belle pépite que la Cinémathèque aura mis en libre accès depuis le début du confinement et l'ouverture de leur plateforme Henri.

2 heures de discussion ininterrompue, d'une érudition parfois écrasante, qui mériterait une seconde vision pour éclaircir certains points (toute la discussion autour du montage par exemple), les incessantes digression de Godard étant à la fois passionnante mais également parfois source de confusion (au point que plusieurs fois en cours d'entretien les deux interlocuteurs s'arrêtent soudainement de parler, un peu hébété, ne sachant plus qu'elle était leur point de départ). On y parle donc de l'histoire du cinéma (où l'on sent toute la dévotion que Godard porte à son art), de ce qui oppose cinéma et télévision, art et culture (peut-être la partie la plus passionnante du film), de capitalisme (de l’accaparement de l'industrie cinématographique française par les US lors de la première guerre mondiale à Rome Ville ouverte comme seul film de résistance à la domination états-uniennes), de l'influence du cinéma sur l'histoire (le fait que les guerres du XXème siècle sont pour ainsi dire réduite à la vision qu'en ont les américains), sans pour autant perdre de vue les biais engendrés par le médium (Godard, en parlant de la cinéphilie de sa compagne, rappelle que le cinéma est surtout affaire d'homme blanc occidental, avec tout ce que cela implique en terme de représentativité). 2 heures d'une discussion indispensable.

5/6

Mais ouvre donc un topic, c'est con que ta critique se retrouve coincée ici. C'est pas comme si elle faisait 2 lignes.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

C’est plus pour rebondir sur le tweet que j’ai partagé et essayer de donner envie à quelques uns de le voir qu’une critique (qui nécessiterait d’aller bien plus en profondeur que je ne le fais). Par contre Daney y découpe L’Ours de Annaud, pas sûr que ça te fasse plaisir

Y'a rien de plus jouissif que Daney qui déglingue Annaud.

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N'écoutez pas Film Freak

Pourquoi ça me dérangerait ? La critique, c'est pas fait pour me conforter dans mes goûts.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

J’avais jamais entendu parler de cet entretien et je crois qu’il n’était pas à la Retro Godard de Pompidou. Et pas dans les bonus d’histoire De cinéma. Oui c’est bizarre

Sinon le projet d'histoire du cinéma a commencé à Godard encore bien avant 19888. Elle orientait un livre (fascinant, mais jamais réédité) de cours/conférence qu'il avait donné dans une université de Montréal en 1978, donc même avant le retour à la pellicule.

Année active pour lui 1978 - puisqu'elle marque également le premier de ses séjours au Mozambique...

La chinoise (1967)
Pensum relativement lourdingue, ponctué comme d’habitude de fulgurances (c’est un minimum), certains dialogues, cartons, enchaînements sonores (énorme effort à ce sujet), immédiatement bousillés par des aphorismes maladroits parce que naïfs, voire risibles : « Les théâtres et les cinémas, on doit payer, alors que l’armée est gratuite. Ça devrait être le contraire. » Le mec qui écrit ça a dix ans de plus que celui qui écrit le fameux « si vous n’aimez pas la montagne ». Heureusement le film respire un peu dans ses vingt dernières minutes, dynamité par un montage de folie, après une longue heure d’enfermement (d’internement ?) maoïste. Bref, un petit Godard, dont l’Histoire retiendra surtout qu’il l’avait anticipée.
3/6, essentiellement pour cette très belle fin.

J’ai encore Le gai savoir, Je vous salue Marie, Tout va bien, et Prénom Carmen dans mes cartons. Je vais peut-être reprendre ma rétro Godard...

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