Je ne trouve pas le topic du film Germinal, donc je fais un top du réal' avec cet unique film, vu hier sur la 5.
J'avais voulu le voir gamine et en dehors de la participation de Renaud, je me rappelais surtout de la scène où les femmes émasculent l'épicier, c'était un peu le summum du trash au cinéma pendant longtemps pour moi car le réalisme de la scène m'avait vraiment saisi. Et - pas très original - Zola est un de mes écrivains favoris maintenant que je suis adulte, j'avais un réel intérêt à (re)voir cette rare adaptation ciné d'un de ses romans quoi. Je n'ai pas lu Germinal en revanche ! Il est dans ma pile à lire...
J'ai plutôt aimé. C'est peut-être encore une marque de mon mauvais goût car le film semble décevoir de manière générale mais ça correspond plutôt bien à l'idée que je me fais du roman et de l'oeuvre naturaliste de Zola. Ceci dit je ne sais pas ce qu'est le naturalisme au cinéma. On peut aussi trouver paradoxal de faire un film à gros budget pour adapter un roman faisant la belle part aux idéaux communistes et dans une moindre mesure anarchistes, bon, je ferai pas ce procès au film. Je lui trouve pas mal de faiblesses, soit, il y a aussi des fulgurances.
Déjà ses décors, poh-poh-poh : ça en impose ! Je regarderai bien un making-of, pour voir comment s'est mise en place cette mine temporaire, toute la machinerie nécessaire à l'élaboration de cette reconstitution et les galères de tournage inhérentes au bordel, savoir aussi dans quelles mesures les recherches de Zola ont servies à la préparation des décors. J'imagine que ça justifie en grande partie cet énorme budget. L'image, je n'apprécie pas des masses le rendu, cette manière de filmer ces corons avec un éclairage terne, les contrastes parfois douteux dans les sous-sols avec ces rares couleurs sur-saturées, au contraire le faste chromatique et la luminosité des intérieurs de la bourgeoisie... Un peu l'archétype du film social avec une photo un peu deg qui colle à ses "héros" prolos et devient gentille le temps d'illuminer les travers de la bourgeoisie. Un des ratage du film selon moi.
Le casting est pas dégueu. Renaud, bon on sent une solide direction d'acteur derrière chacun de ses mouvements, un jeu très scolaire pour un Lantier un peu fantomatique. Je sais qu'il garde un souvenir amer de cette immersion dans le 7ème art. En tout cas, pas évident d'exister quand cohabite à l'écran avec des acteurs chevronnés, comme avec une bête du cinéma comme Depardieu avec qui il partage souvent son temps d'écran. J'ai trouvé criant ce décalage lors de la scène où Lantier (Renaud) scande aux mineurs un discours pour les inviter à se mettre en grève. Maheu (Depardieu) arrive ensuite le rejoindre sur l'estrade et pareil, il déclame quelques répliques pourtant moins percutantes mais mieux senties. Dommage, il domine Lantier la plupart du temps côté charisme et bagout alors qu'il ne devrait pas tant si je ne m'abuse. Miou-Miou équilibre bien son jeu, elle pourrait souvent être dans la surenchère et pourtant elle parvient je trouve à ne pas trop franchir la limite, de manière à rendre La Maheu émouvante malgré sa rudesse affichée. Notamment vers la fin, quand elle enchaine les crises de sanglots en découvrant une à une la perte de ses proches, où t'as vraiment l'impression qu'elle a vraiment épuisé ses ressources lacrymales et que ces plaintes inondent le champs sonore pour bien alléger l'ambiance... Et enfin la grande découverte du film pour moi : Jean-Roger Milo. Son interprétation de Chaval est juste géniale ! J'ai été soufflée par son jeu, j'ai ajouté L.627 dans la liste de mes futurs visionnages, bien en haut. Voilà, j'ai rien de plus à dire que "génial". En plus de ceux mentionnés ci-dessus, et à l'exception de Lantier donc, les acteurs de Souvarine, Deneulin, Maigrat, Rasseneur, Mme Henebeau etc. complètent bien le tableau. Bon, Carmet, par contre son nom est mis tout en haut de l'affiche mais son rôle est très anecdotique. Un peu décevant, j'ai dans l'idée que Bonnemort existe d'avantage sous les lignes de Zola, ici il me semble surtout être un nom prestigieux à étaler qu'un personnage bien exploité.
La mise en scène est peut-être un peu trop plate, pas de souvenir d'avoir relevé tant de bons choix (si ce n'est peut-être au début, la présentation de la mine, des corons etc.), pas d'envolée. Et au contraire j'ai trouvé un peu bourrins certains enchaînements (comme la mort de Cécile, mais pas que). Je ne sais pas si c'est comme pour la direction de la photographie du film, une volonté du réalisateur pour coller d'avantage au naturalisme des écrits de Zola. Si je ne peux pas juger de ça, pour autant, je ne suis pas convaincue par ces choix du réalisateur.
J'ai apprécié quand même la revoyure, et j'ai hâte de voir Milo chez Tavernier ! 4/6, note gonflée grâce au casting, à la splendeur de la reconstruction et à l'ambition d'adapter du Zola.
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