Premiers Lelouchs pour moi cette semaine, avec découverte à la suite d'
Itinéraire d'un enfant gâté et du
Courage d'aimer. Et je me sens pas trop de faire un topic, notamment parce que dans le fond, j'aurais pas grand chose de plus à dire que ça :
Cosmo a écrit:
tout le long on se dit que c'est interdit, mais qu'il a les couilles d'oser
Film Freak a écrit:
Lelouch/Bay, même combat.
C'est un peu à double-tranchant. D'un côté, son inconscience le décadenasse magiquement d'une partie des crispations du cinéma français, lui ouvrant le sésame d'une certaine efficacité narrative très premier degré (y a énormément de libertés prises pour rester concentré sur ce qui le touche et le motive, notamment vis à vis du son). De l'autre, cette inconscience n'est un peu que ça, une inconscience, plutôt qu'un désir de cinéma très construit...
Itinéraire d'un enfant gâté c'est très fluide, il y a de l'aisance, une approche parfois inspirée, car non réfléchie ni conceptualisée justement, quitte à se faire très révélatrice, par ses réflexes, d'une idéologie assez rance. Quand ça se met à vouloir réfléchir, ça devient justement vite très laid et con, très arthritique. J'ai par exemple l'image gravée en tête de la présentation de l'usine devant les journalistes, avec les clowns qui essaient péniblement de balayer devant ce bâtiment qui hurle sa nature de décor, avec les questions très théoriques des journalistes : c'est dingue comme absolument tout sonne faux, comme ce n'est que l'illustration débile d'une idée (= "voici ce qu'est un self-made-man") qui ne s'incarne pas dans l'expérience sensible du film.
Y a donc ce côté bien démonstratif qui fout parfois les films par terre, cette proportion à donner des leçons de vie à tout bout de champ, d'en appeler à un sentimentalisme entendu (
ahlàlà, toi et moi spectateur, on sait bien c'que sait là vie...) pour faire passer tout et n'importe quoi. Ça devient criant dans
Le courage d'aimer, où au-delà des problèmes liés au compactage de la trilogie (scènes qui s'enchaînent n'importe comment, persos qui disparaissent en cours de route, situations encore plus survolées et effleurées que d'habitude), on a une mise en abime débile et fière qui ne produit rien, ces chansons "note d'intention" aux paroles olympiques ("le bonheur c'est mieux que la vie", j'attends toujours de comprendre ce que ça peut bien vouloir dire)... On voit aussi dans ce film la facilité qui dort sous le style de Lelouch, ce simple entrelacement du film choral endormi sous l'élan d'une musique pépère.
Mais bon, malgré plein de réticences, je suis plutôt agréablement surpris par la générosité d'
Itinéraire d'un enfant gâté, même si ça propose un peu tout et n'importe quoi, dans tous les sens. Je trouve qu'il y a là-dedans un talent à aller chercher directement les situations fortes, sans détour et pudeur, aussi énormes soient-elles, quitte à virer au gimmick (la timidité touchante d'Anconina qui finit par se caricaturer et bégaiement ahuri, entre autres). C'est un peu des propositions jetées dans tous les sens n'importe comment, ça pue un peu parfois le contentement et l'assurance de soi, mais j'irai avec plaisir voir d'autres films si j'en ai l'occasion pour voir ce que ça donne.