Forum de FilmDeCulte

Caveh Zahedi est un américain d'origine iranienne, qui a inventé l'awkward comedy (à mon avis, mais il a peut-être un prédécesseur) que Nathan Fielder a depuis popularisée à sa façon.
Le type est un énorme malotru, qui justifie ça par une forme de naïveté et de franchise dont il a fait son principe directeur.
Toutes choses visibles dans son film I am a sex addict - que je recommande et dont le titre se suffit à lui-même-, qui lui a valu la commande d'un film - d'office absurde vu le pedigree - pour une biennale aux Emirats Arabes Unis.
On lui assure, dit-il au début, une liberté totale, évidemment il saute à pieds joints dedans pour aller filmer sur place et mettre dans l'embarras le plus de personnes possibles ce faisant.
Ça signifie, à en croire nombre des protagonistes qu'il embarque ou piège parfois comme un vulgaire youtubeur, mettre en péril leurs jobs ou leurs visas en tant qu'immigrés (palestinien, pakistanais, égyptien), de manière par trop désinvolte. C'est à la fois terriblement perturbant (choquant même) et... fascinant. On n'apprendra rien qu'on n'imagine pas déjà dans ses tentatives de flirter avec la ligne rouge dans un pays muslman, ligne qui de toute façon ne l'engage pas vraiment, à part qu'il passe pour un connard. Mais il fait et filme des choses que personne ne filmerait.
Il sait aussi que c'est un film de niche que personne ne verra et qui ne le met pas trop en danger, mais il documente une ligne subversive, potentiellement destructrice pour qui a la malchance sur place de s'y prêter, plus ou moins volontairement, consciemment ou non, qui fonctionne comme un pendant, une préfiguration ainsi qu'une critique du vlog voyage youtube tel qu'il se pratique aujourd'hui (parfois à l'invitation des pays concernés). Les vlogueurs en question sont toujours polis et soucieux du pays, lui cherche à gêner un peu plus et s'ouvre davantage - il est dans un pays qui prie cinq fois par jours, va dans la mosquée et se fait expliquer un peu les rituels.
Aux trois quarts du film, quand il s'entend dire qu'il s'est comporté comme un enfant gâté impérialiste américain, ce qui est le cas, il dit, bah oui, c'est le propos. Puis, dit-il, il rentre, c'est le printemps arabe, ce qui met en péril l'existence de son film, il met quelques images de types tués lors des manifestations, tout en se faisant un champion de la liberté d'expression, en disant aux curateurs qui l'ont invité qu'en tant qu'artiste il a le droit de dire que la loi du travail est merdique au EAU. Mais bon, on a quand même l'impression qu'il a mis en péril des travailleurs immigrés, en montrant leur visage et en les nommant. Le film finit par pointer du doigt l'hypocrisie des curateurs ou des mecs travaillant dans le musée, dans une perspective complètement narcissique et intestine, la fin vient rassurer en mode personne, même le chauffeur de taxi pakistanais, n'a finalement souffert de sa participation au film. Ouf.
Il se filme en train de forcer son fils de trois ans à mettre un habit traditionnel, lequel en larmes refuse de le mettre, "You win" dit-il à son fils, sans y être arrivé, ce qui résume un peu sa démarche.

Lu beaucoup de bien de sa série, The show about the show qui est sur Youtube :
https://www.youtube.com/playlist?list=P ... _dOKJQh-Ms

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CroqAnimement votre

C'est assez génial, même si je n'ai vu que deux épisodes encore car il est insupp (mais Fiedler procède clairement de lui).