Forum de FilmDeCulte

Le Dr Xavier a mis au point un liquide révolutionnaire qui permet d'étendre la vision au-delà du spectre visible. Il décide de le tester sur lui-même et obtient des résultats prometteurs, devenant capable de lire à travers une feuille de papier ou de voir les organes d'une patiente. En poursuivant les essais, il se rend compte que sa vision devient de plus en plus perçante mais aussi de moins en moins supportable…

Petit classique suranné tout à fait représentatif de la marque de fabrique de Corman, notamment cette écriture fantastique très fine qui arrive à se déployer malgré les contraintes budgétaires. Comme la plupart de ses films, tout ou presque est tourné en studio : sans les draperies et moulures et toute la décadence gothique de ses merveilles adaptées de Poe avec Vincent Price, ces décors perpétuent néanmoins la sensation d'étouffement au coeur des récits de descente aux enfers qui sont si chers au cinéaste. Hôpital gris et aveugle, fête foraine sordide, taudis en rez-de-chaussée... Il n'y a que le casino sur la fin, avec ses rideaux dégoulinants, qui rappelle la surcharge écrasante des intérieurs de forteresse comme dans House of Usher, entre autres.

Et cet écrasement visuel, inconfortable et claustrophobe, sert de manière idéale ce récit d'un scientifique qui dépasse les bornes — littéralement, aussi bien pour ce qui concerne le sens de la vue que de l’éthique professionnelle, puis de la morale, en voyant à travers tout. Addiction à l’hubris plus qu’à la prouesse en elle-même, qui devient vite un fardeau, puis une torture, et dont finalement il ne fera pas grand-chose passé un certain stade. Ray Milland ocille entre la sévérité, l'arrogance possessive, la résignation et le désespoir.

Belle fin lovecraftienne, avec cet effroi pour ce qui se trouve au-delà de ce qui doit être vu et perçu par nos limites naturelles, en pleine époque qui plus est de la recherche de l’expansion de la conscience par voie chimique. On sent encore et toujours l’influence des nouvelles de Richard Matheson, qui a beaucoup contribué au corpus de Corman ainsi qu’à The Twilight Zone (et tant d'autres oeuvres fondatrices au-delà de son propre travail d'écrivain).

Et ça fait drôle de voir Don Rickles jeune.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Pas vu celui-ci encore mais oui Richard Matheson a beaucoup écrit pour le cinéma et été adapté, du magnifique L'homme qui rétrécit de Jack Arnold (1957) - pas loin dans le genre Hard SF - au plus bancal Real Steel, en passant par Je suis une légende bien sûr.

Roger Corman je me suis aperçu tantôt qu'il avait même produit la licence Death Race euh.

Il a fait pas mal de trucs oui, en plus de lancer pas mal de monde. Si je me souviens bien, après avoir pris sa retraite en tant que réalisateur, il a joué un rôle déterminant dans la diffusion aux US de Dersu Uzala, notamment, via sa boîte New World Pictures.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Oui décrire la carrière de producteur ou diffuseur de Roger Corman serait une longue litanie, il a énormément produit.

Sinon j'ai maté ce film c'est pas la folie on est dans la hard sf fauchée, qui court après les thrillers de Hitchcock (on pense forcément à La mort aux trousses en particulier), mais avec beaucoup de scènes mollassonnes et pas très bien écrites et montées. Pour les effets visuels ils se sont pas foulés, trop répétitifs à force. Et même dans un des décors il y a encore des coulures de peinture rose à une porte, je me demandais si c'était fait exprès ou pas.

Les films inspirés plus ou moins des nouvelles ou poèmes d'Allan Poe (ça dépend lesquels mais La chute de la maison Usher ou La chambre des tortures par exemple) aux budgets équivalents m'ont semblé plus solides.

Et puis j'ai pas du tout apprécié la scène avec le singe, bien avant la normalisation de l'usage respectueux des animaux sur les tournages.

Don Rickles est plutôt chouette, je pense qu'il est pas loin du sommet de son immense notoriété de comique aux US au moment où ce film est tourné.