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Ou La Malédiction d’Arkham en VF.

Coincée entre ses incontournables adaptations d’Edgar Allan Poe, et camouflée par un titre qui renvoie à un de ses poèmes, il s’agit là en réalité pour Roger Corman d’adapter The Case of Charles Dexter Ward du G.O.A.T. H.P. Lovecraft. Pas le texte le plus commode d’un auteur alors quasiment oublié depuis sa mort en 1937, sous-édité, très peu lu et encore moins salué par la critique, y compris universitaire, ce qui explique en partie, en plus d’une stratégie marketing pour raccrocher les films entre eux, le camouflage précité (Lovecraft sera « découvert » en France durant les années 50, et le transfuge de popularité n’aura pas lieu en direction des US avant les années 70… Corman et son scénariste Charles Beaumont ont eu le nez fin).

Corman applique une nouvelle fois la recette de sa saga : 100% studio avec décors gothiques, Vincent Price, toujours royal, en double entre effondrement psychique et cruauté glaciale, couloirs et passages secrets, femme paumée mais pas déméritante, incendie final. Il parvient tout de même, malgré les contraintes de temps, budget et surtout de formule, à y faire infuser l’horreur lovecraftienne, bien plus malaisante et radicale que celle de Poe : la dimension intergénérationnelle du mal, qui n’est pas rattachée aux individus, ni même à l’humanité qui ne fait office que de chair à canon ; l'impuissance de la psychologie ; la corruption et les difformités en guise de rétribution (on peut aller jusqu'à penser à Fulci pour deux scènes en particulier, qui ira beaucoup plus loin bien sûr) ; les serviteurs de forces obscures qui ne savent pas ce qu’ils font mais se contentent de se soumettre à des volontés hostiles et inhumaines. Tout ça en fait le volet le plus sinistre, au moins aux entournures, des essais de Corman pour rallier une certaine culture littéraire à celle des drive-ins.

Sans doute la meilleure adaptation de l’auteur avec Dagon de Stuart Gordon. Et toujours plus intense que les Hammer.

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Looks like meat's back on the menu, boys!