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MessagePosté: 28 Mar 2011, 19:23 
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Le Gang des frères James en VF

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L'histoire du gang James-Younger, principalement entre 1873 et 1876, des premières attaques de trains à l'échec du raid de Northfield au Minnesota.


Curieux western, qui retrace le cheminement de quatre fratries formant la bande de Jesse James en employant des fratries d'acteurs (les Carredine, les Quaid, etc). Curieux film de genre aussi, qui comme pas mal de trucs des années 70-80, j'ai l'impression, navigue complètement dans les limbes : entre la grande fresque et la série B, entre des explosions de mise en scène maniérée d'une inspiration stupéfiante (jusqu'au sommet de la fuite en forêt, onirique et sublime) et des plages où le plan se fait tout calme, indécis, frisant parfois une mollesse de téléfilm.

Un film assez bizarrement libre, donc, qui semble comme effleurer les évènements qu'il doit retranscrir, en commençant par faire de Jesse James un héros totalement éteint (James Keach gère ça super bien). Sans réellement mettre un seul personnage en avant, Hill rend floues les frontières entre le gang et la famille, entre la famille et les habitants, entre les habitants et la milice. Dans un grand bain de personnages secondaires bénéficiant chacun d'une généreuse attention, le gang de James semble presque n'être qu'une sorte de cristallisation des ressentiments sudistes ambiants, et rien ne vient jamais placer un personnage du bon ou du mauvais côté : sans morale sans pour autant être cynique, sans réelle identification tout en restant humaine, l'approche du réal donne naissance à une sorte d'anti-épopée bizarrement neutre.

Voilà, un beau film inégal mais assez passionnant.
Gerry, qui semble avoir adoré (j'ai vu ça en cherchant l'existence d'un topic), en parlera sûrement mieux que moi :D


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MessagePosté: 28 Mar 2011, 21:35 
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Le quoteur fou
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Vu ça enfant. Je me souviens juste de David Carradine en voleur de scène et d'une fusillade finale qui rattrape la faiblesse du tiers central.

Tom a écrit:
en cherchant l'existence d'un topic

Il y a eu une discussion sur les mérites de ce film il y a quelques années. Jusqu'à aujourd'hui, je croyais que c'était dans un topic dédié. Mais peut être était ce dans un sujet sur les westerns ou sur Walter Hill.

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MessagePosté: 28 Mar 2011, 22:19 
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Musique de Ry Cooder - on peut retrouver le thème principal sur sa compilation "the UFO has landed" (le soundtrack original doit être super dur à trouver, j'imagine).


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MessagePosté: 31 Mar 2011, 19:07 
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Tom a écrit:
Curieux western, qui retrace le cheminement de quatre fratries formant la bande de Jesse James en employant des fratries d'acteurs (les Carredine, les Quaid, etc). Curieux film de genre aussi, qui comme pas mal de trucs des années 70-80, j'ai l'impression, navigue complètement dans les limbes : entre la grande fresque et la série B, entre des explosions de mise en scène maniérée d'une inspiration stupéfiante (jusqu'au sommet de la fuite en forêt, onirique et sublime) et des plages où le plan se fait tout calme, indécis, frisant parfois une mollesse de téléfilm.

Un film assez bizarrement libre, donc, qui semble comme effleurer les évènements qu'il doit retranscrir, en commençant par faire de Jesse James un héros totalement éteint (James Keach gère ça super bien). Sans réellement mettre un seul personnage en avant, Hill rend floues les frontières entre le gang et la famille, entre la famille et les habitants, entre les habitants et la milice. Dans un grand bain de personnages secondaires bénéficiant chacun d'une généreuse attention, le gang de James semble presque n'être qu'une sorte de cristallisation des ressentiments sudistes ambiants, et rien ne vient jamais placer un personnage du bon ou du mauvais côté : sans morale sans pour autant être cynique, sans réelle identification tout en restant humaine, l'approche du réal donne naissance à une sorte d'anti-épopée bizarrement neutre.

Voilà, un beau film inégal mais assez passionnant.
Gerry, qui semble avoir adoré (j'ai vu ça en cherchant l'existence d'un topic), en parlera sûrement mieux que moi :D


Non, je dirais pareil, sauf que tout cela me plaît énormément. C'est effectivement très décousu, hétérogène, mais c'est le genre de films qui comme, au hasard, Vaudou, me plonge dans une ambiance très bizarre, ouatée, un monde de morts-vivants... C'est une sorte de Horde Sauvage dépassionnée, avec son acteur bressonnien, ses femmes mad mennienes, ses phases plus hellmaniennes... Une fresque compressée sur 1h30 ? Un film intimiste réveillé par quelques scènes coup-de-poing? Dur à dire, mais cette indécision et les ruptures du film me semblent assez judicieuses pour marquer la frontière entre le mythe et la réalité, ou pour ancrer ces mythes dans une certaine réalité. La fin, le train qui passe devant le paysan, ça me semble résumer cela parfaitement.


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MessagePosté: 31 Mar 2011, 19:13 
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Gerry a écrit:
Non, je dirais pareil, sauf que tout cela me plaît énormément. C'est effectivement très décousu, hétérogène, mais c'est le genre de films qui comme, au hasard, Vaudou, me plonge dans une ambiance très bizarre, ouatée, un monde de morts-vivants...

Je suis d'accord là-dessus, et c'est ce qui fait que ca me plaît plus, justement, qu'un La horde sauvage impressionnant mais finalement plus fermé, moins étrange. Le truc est que je ne pense pas que tout cela (les hésitations formelles et narratives - même les étrangetés du jeu d'acteur) soit exactement recherché et volontaire. Ce qui n'est pas grave en soi, mais parfois cela se fait ressentir d'une façon qui dessert le film : ça apparaît moins atone que réellement morne, moins fantômatique que réellement mou, etc.

Mais c'est globalement très bon, le film vieillit plutôt bien.


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MessagePosté: 31 Mar 2011, 19:23 
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Tom a écrit:
Gerry a écrit:
Non, je dirais pareil, sauf que tout cela me plaît énormément. C'est effectivement très décousu, hétérogène, mais c'est le genre de films qui comme, au hasard, Vaudou, me plonge dans une ambiance très bizarre, ouatée, un monde de morts-vivants...

Je suis d'accord là-dessus, et c'est ce qui fait que ca me plaît plus, justement, qu'un La horde sauvage impressionnant mais finalement plus fermé, moins étrange. Le truc est que je ne pense pas que tout cela (les hésitations formelles et narratives - même les étrangetés du jeu d'acteur) soit exactement recherché et volontaire. Ce qui n'est pas grave en soi, mais parfois cela se fait ressentir d'une façon qui dessert le film : ça apparaît moins atone que réellement morne, moins fantômatique que réellement mou, etc.

Mais c'est globalement très bon, le film vieillit plutôt bien.


Tu as vu Sans Retour ? Un des acteurs principaux, Powers Boothe, joue à peu près de la même façon que James Keach dans The Long Riders. Je ne pense pas que ce soit un "défaut" de direction d'acteur de la part de Walter Hill.
Après, atone/morne, fantômatique/mou, je pense que c'est au jugé de chacun. Des potes à qui je l'ai montré ont trouvé ça minable. Ce n'est clairement pas un film "définitif", qui impose clairement son esthétisme et ce qu'il a à dire.


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MessagePosté: 01 Avr 2011, 02:08 
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Comme cité dans un feu Panic, Hill et Peckinpah différenciaient leur utilisation du ralenti selon mes souvenirs comme cela : chez Peckinpah c'est pour ancrer le cauchemar dans la réalité, chez Hill c'est pour transformer la réalité en cauchemar. Et cela se ressent énormément au-delà même des purs ralentis, Hill a une direction d'acteur (pour rebondir sur la molesse citée par Tom) et une vision du cinéma qui se meut inconditionnellement selon la condition mortelle des protagonistes et de leur actif/passif par rapport à ce destin inéluctable (48 Hours n'est qu'un parcours d'un tolard qui veut éjaculer et d'un flic blasé qui cherche l'adrénaline maximale, Sans retour considère l'entrainement militaire comme une mise à mort, The Warriors n'est qu'une course contre-la-montre, etc...).
Quand Tom dit que ce film est un Wild Bunch plus fermé et moins étrange, ça rejoint plutôt ce principe radical de transformer tout point de vue éventuellement vital en pur moment létal. Quand The Wild Bunch crée une extase de la mise à mort (les moments bienfaisant de l'action des putes - les coups de revolver dans les barils notamment - ainsi que la fatidique scène finale, évidemment) c'est un point tout simplement jamais atteint chez Hill, où la mort et son entourage sont vus et soulignés comme parangon d'un acte de vie sans saveur.


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MessagePosté: 01 Avr 2011, 02:33 
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Citation:
Quand Tom dit que ce film est un Wild Bunch plus fermé et moins étrange

Ah non je me suis mal exprimé, je dis le contraire ! C'est Wild Bunch que je trouve plus sec...

Le truc des ralentis est très bien vu. Pour le jeu d'acteur, j'émets des doutes sur certaines scènes hein, mais ce flottement me plaît plutôt bien, qu'il soit recherché ou non...


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MessagePosté: 01 Avr 2011, 09:52 
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Non mais c'est un de mes films préférés, donc je trouverai n'importe quel prétexte pour le redorer :D


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MessagePosté: 01 Avr 2011, 12:26 
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Peckinpah et Hill qui avaient des liens, Hill étant au scénario de The Getaway ; on peut aussi voir aussi l'hommage de Hill à The Wild Bunch dans la scène finale de Extreme prejudice où on retrouve Powers Boothe. J'aimais bien les premiers films de Hill (que je n'ai pas tous vu d'ailleurs : je parle ici de 48h, de The Warriors, Southern Comfort, Hard Times, Double Heat...)mais c'est plus tard que j'ai vu Long Riders qui m'avaient fort déçu, sans doute parce que j'en attendais plus. Mes souvenirs restent très vagues (j'ai du le voir il y a plus de 20 ans) mais il me semble que ça manquait d'enjeu dramatique et d'équilibre dans le traitement des "familles", avec un James Keach puissant et un David Carradine séducteur.

Il reste que la fin de carrière de Hill est bien triste, en gros depuis Johnny Handsome... Mais je n'ai vu ni Geronimo, ni Wild Bill, donc il y a peut-être de l'espoir.


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MessagePosté: 28 Fév 2023, 12:19 
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Cela faisait plus de 10 ans que je ne l'avais pas revu et ça a été un régal. Ce film reste une référence à mes yeux, bien que certains traits soulignés par Tom à l'époque peuvent - je le concède - toujours rebuter : le côté "téléfilm" par exemple, qui ne veut en fait rien dire car cela suppose que le cinéma se devrait d'être constamment "larger than life". Alors que chez Hill (j'ai hâte de redécouvrir ses autres films que j'adorais à l'époque), c'est justement cette hauteur d'homme et de femme qui est spécifique, même si cela peut donner une impression de fadeur.
Tout est très sec dans ce film, pas de gras, pas de perte, tout va en fait très vite (les mois passent, l'air de rien), et pourtant tout fait du surplace. Les personnages et la mise en scène naviguent comme des morts-vivants, effectivement, c'est une trajectoire tellement évidente proposée par le film, qu'il y a sans doute un "ça passe ou ça casse" chez le spectateur.
Moi, je trouve ça magnifique et je retrouve le goût du cinéma avec ce genre de films, qui n'en fait pas des caisses (là je pense à un film français sur lequel je bosse qui va bien sortir, j'en reparlerai sans doute sur le forum) et parle pourtant sans détour de ce qui nous hante tous : que vais-je laisser derrière moi, la peur de la mort est-elle rationnelle dans un monde déjà éteint ?
Je n'ai pas parlé de la fameuse séquence de quasi-fin, mais elle est sublime, le sound design est simple mais tellement efficace, le poids du ralenti est incroyable et la fuite dans la forêt en mode Etienne-Jules Marey clôt le cauchemar en vous laissant aussi dévasté que les personnages.

Franchement, un grand film.


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MessagePosté: 28 Fév 2023, 12:40 
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Tiens, je l'ai découvert il y a quelques semaines.
J'ai bien aimé ces portraits sans glorification ni dénigrement (toute la construction vise à ne pas se positionner vis-à-vis de ces mythes du Far West), et cette navigation entre le terre-à-terre et l'abstraction poétique (superbe intro où les cavaliers vêtus de leurs pardessus chevauchent au ralenti dans les collines tels des spectres).


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MessagePosté: 28 Fév 2023, 13:42 
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Tu l'as vu comment ? Moi j'ai le vieux dvd français et je ne vois pas de master plus récent dans le commerce, ce qui est bien dommage.


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MessagePosté: 28 Fév 2023, 13:49 
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J'ai choppé le DVD chez mes parents. A l'ancienne.


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MessagePosté: 03 Oct 2024, 21:44 
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Hill s'attaque enfin frontalement au genre avec ce western au gimmick improbable - les différentes fratries du gang sont jouées par de vraies fratries d'acteurs - qui devrait servir le film mais ce dernier est quelque peu desservi par l'écriture. C'est cool d'avoir Keith et David Carradine en frangins mais si c'est pour qu'ils ne partagent quasiment aucune scène, ça ne sert pas à grand chose. Et ce n'est pas un hasard si, dans le lot, certains ont eu de meilleures carrières que leurs adelphes (James Keach en Jesse James avec sa gueule de Sam Karmann là, bof).

Cela étant dit, le film trouve sa qualité ailleurs, dans le peu de temps qui est pris entre chaque braquage pour montrer, une fois de plus après Hard Times, le désir de domesticité de ces personnages en marge de la loi, incompatible avec leur mode de vie. L'un se marie tardivement tandis qu'un autre est éconduit et un troisième se l'interdit en se cachant derrière l'excuse de sa profession à elle (prostituée). A ce titre, les scènes entre David Carradine et Pamela Reed sont sans doute les plus réussies.

Selon Hill, l'idée était de montrer un gang qui prenait les choses à la légère, ne réalisant que trop tardivement que leurs actes ont des conséquences mais je ne trouve pas cette notion réellement travaillée au sein du script, trop épisodique et léger pour convaincre. Le film ne fait même pas 1h40 et aurait vraiment gagné à nous faire davantage vivre avec ces personnages. Il est clair que cette fois, Hill ne se contente pas d'archétypes et veut humaniser ces bandits au nom célèbre, les montrer dans leurs aspirations les plus communes. Il évoque la phrase de Godard "les blagues sont drôles mais les balles sont réelles" et s'il assure bien la violence sanglante au ralenti post-Peckinpah (la balle dans la gueule daaaamn), ça manque de véritable camaraderie ressentie au préalable.

Mais le film se démarque tout de même par sa douceur et son goût pour une nature luxuriante qui tranche avec une certaine imagerie du genre, comme en témoigne le plus beau plan du film, déjà évoqué ici, lors de la fuite avec les arbres stroboscopiques.

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