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 Sujet du message: Red Heat (Walter Hill - 1988)
MessagePosté: 30 Jan 2022, 20:27 
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Double Détente en Français, exploit rare, et peut-être même unique, d'une traduction de titre à la hauteur des niveaux de lectures de l'original.

Un Schwarzenegger considéré (à tort) comme mineur, coincé entre Predator, Twins et Total Recall, mais un Walter Hill majeur.

A la fois suite indirecte et remake de 48 Hrs., et synthèse des motifs récurrents des polars/buddy movies hilliens : on a la scène dans un bar où les méchants sont attablés quand le flic arrive, avec le silence croissant à mesure qu'il avance; un antagoniste abject, sans doute le meilleur, le plus brut de toute la filmo de Hill, campé ici par l'incroyable Ed O'Ross qui bute deux (deux !!) co-équipiers pour une double dose de vengeance pas détendue une seule seconde; le comico en mode gare du Nord aux heures de pointe; hiérarchie aussi à la ramasse que dominante; ce goût des espaces liminaux comme dans The Warriors (ici un parking souterrain); la fusillade dans un hôtel avec une pute, ici très réactive, coincée entre deux feus; trahisons entre méchants (dont une nana encore une fois pénible et paumée); course-poursuite en bus; duel final dans la vapeur. La vache.

La scène d'ouverture, muette, est légendaire : salle de muscu/hammam souterrain, rempli de bodybuilders en sueur, deux plans successifs sur le cul d'une baigneuse qui enchaînent direct sur celui d'Ivan Danko (Arnold). Un Mongol avec un mullet, une patate dans la gueule defenestrante et baston dans la neige. Bam. Générique.

Et même si le générique en question demeure l'équivalent typographique de s'étirer les paupières devant un bus de touristes Chinois, on sent le plaisir qu'a pris l'équipe à filmer la Place Rouge. Tout le début de l'intrigue, entièrement dialogué en Russe, propose également quelques images d'une étonnante élégance, notamment lors de la scène de l'enterrement du co-équipier de Schwarzenegger. La brume et ces arbres nus, aux longs troncs noirs, font vraiment penser aux tableaux de John Atkison Grimshaw. Mais dès l'arrivée de son personnage à Chicago, finis l'architecture traditionnelle, les visuels évocateurs, les intérieurs administratifs vieux-jeu et même les boui-bouis aux allures de donjons, on est dans La Ville chère au réalisateur, bruyante, foisonnante, même si ici, et contrairement à 48 Hrs., les scènes de jour ne sont plus ternes du tout (tmtc JulienLepers <3) : que ce soit de nuit ou de jour, et même si ça reste sec et glauque, il y a une profondeur de champ et des choix d'éclairages qui confèrent à l'ensemble une chaleur très pulp.

Politiquement, c'est étonnant aussi. Pas mal d'humour sur le choc des cultures évidemment, et la barrière de la langue (enfin surtout des grossieretés), et de toutes façons Schwarzenegger qui rajoute un accent Russe à son accent Autrichien c'est sans doute le pire cauchemar d'un phonologue... Mais de la même manière que les différences entre Cates et Hammond s'effaçaient (difficilement, certes) au profit de leur complémentarité dans 48 Hrs., les chauvinismes respectifs de Danko et Ridzik (James Belushi, vraiment bon dans son mélange flic raté/couillu) finissent pas souligner, et c'est étonnant pour un film de 1988, les similitudes entre les deux systèmes, avec leurs bureaucraties dissimulatrices et leur impuissance face au crime international. Quand on voit l'état des US (et de l'occident) aujourd'hui en matière de déconnexion totale et de roue-libre idéologique qui rappelle presque en tous points l'union soviétique, Red Heat gagne a posteriori en pertinence.

Mais ce n'est pas tout : les antagonistes du film sont Viktor Rostavili le Géorgien, fils de brigand de grand chemin pendu par le régime, et les Cleanheads de Chicago, un gang de noirs clairement inspiré des mouvements sectaires type Nation of Islam, dont le leader gère tout de sa cellule. Au début du film, dans le bar, le frère de Viktor hurle que la police ne s'en prend qu'aux Géorgiens "comme avant"... alors que leur acolyte planque de la coke dans sa prothèse (la fameuse scène du "cocaïnum !"). Et dans la prison, lorsque Danko échange avec le leader des Cleanheads, celui-ci embraye sur le système US entièrement construit via l'exploitation des noirs et leur répression... alors qu'il purge une peine pour braquage de banque et pilote à distance un réseau de trafic de drogue international. Ainsi, Red Heat c'est l'alliance des corps habillés communistes et capitalistes contre le lumpenproletariat international, cette classe que Marx et Engels considéraient sans ambiguité comme une menace facilement influençable par les forces contre-révolutionnaires... Et que le Black Panther Party considérait, en revanche, comme un atout (Bobby Seale, un des fondateurs du BPP à ce sujet (tiré de wikipedia) : "he included "the brother who's pimping, the brother who's hustling, the unemployed, the downtrodden, the brother who's robbing banks, who's not politically conscious" in his definition of the lumpenproletariat".) De ce point de vue, on est face soit à un film profondément marxiste, soit à un film profondément réactionnaire, si tant est que les deux soient différents.

C'est tellement actuel que ça en devient glorieux.

En bonus, au détour d'un costume blanc (celui d'Extreme Prejudice), on a droit au Walter Hill shared universe. Grand film.

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Dernière édition par Müller le 30 Jan 2022, 21:00, édité 1 fois.

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 20:57 
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Müller a écrit:
De ce point de vue, on est face soit à un film profondément marxiste,


OK, Bégaudeau.

Mais bon, tu as gagné, je vais me faire les Walter Hill qui traînent dans mes cartons.
Street of Fire, ça vaut quoi ?

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 21:05 
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Pas vu encore, je l'ai sous le coude mais je vais sûrement enchaîner avec The Long Riders, le topic dédié vend bien le truc.

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 21:19 
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D'ailleurs, en parcourant sa filmo, je trouve un film super chelou : Supernova, signé sous pseudo, film auquel... Coppola a participé.

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 21:37 
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Double détente, souvenir d'un sous-buddy movie eighties alors que je kiffe le genre et Schwarzie.

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Streets of Fire c'est moins brut de décoffrage que The Warriors mais ce n'est pas sans qualités : déjà le décorum qui préfigure un peu le Batman de Burton, est assez chouette. C'est le versant BD de Walter Hill : il remanie le film de gangs de jeunes fifties, un peu comme Coppola avec sou doublé Outsiders/Rumble Fish mais en beaucoup plus coloré. Le look final ressemble assez à ce que va inventer Frank Miller en bd avec Sin City : rien que le héros (joué malheureusement par Michael Paré, qui est assez nul) ressemble à Dwight dans le comic.
Il y a deux défauts qui nécessitent de passer outre : les chansons qui pour le coup sont très 80s (façon Looking for a Hero de Bonnie Tyler) et un creux dans le milieu où les héros déambulent dans la ville. Si le visuel fonctionne, ça peut aider à patienter sinon on peut se faire chier.
Le reste du cast, en dehors de Paré et de Diane Lane qui est bien jolie mais aussi pas très expressive, est fort bien trouvé ; Rick Moranis est assez surprenant en impresario grande gueule, Amy Madigan est super en comparse garçon manqué (le rôle était écrit pour un mec je crois au départ) et il y a un tout jeune Willem Dafoe qui est déjà au top.

Sinon : oui à tout ce que Müller a écrit sur Red Heat même si j'accroche moins que 48 Hrs. (peut-être le frangin Belushi qui est un peu grassouillet).

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 21:52 
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Film Freak a écrit:
Double détente, souvenir d'un sous-buddy movie eighties alors que je kiffe le genre et Schwarzie.

Tu préfères Tango and Cash?
Sinon c’est vraiment le type d’avis qu’un me donne envie de combler quelques lacunes dans sa filmo. J’apprécie plus Geronimo, qui tend à une forme de classicisme et Wild Bill qui fait dans la démystification truculente relevé d’un peu de chamanisme, western décidément à part quoique mineur.


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MessagePosté: 30 Jan 2022, 22:41 
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Même à l’époque, je l’avais trouvé au mieux moyen.

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C'est loin d'être le meilleur Hill ( à cause de Belushi) mais cela reste sympathique. Quelques scènes marquantes mais il manque un truc pour m'emballer

Mes Hill préférés sont:

- sans retour
- extrême préjudice
- crossroads
- 48 heures.


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MessagePosté: 30 Jan 2022, 23:23 
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Vous êtes durs avec Belushi, les mecs.

Son personnage impudique et extraverti est pile-poil en contrepoint d'un Schwarzenegger taiseux et crispé, alors qu'il était dans sa phase montante de punchliner.

Film Freak a écrit:
Double détente, souvenir d'un sous-buddy movie eighties alors que je kiffe le genre et Schwarzie.


Le souvenir en question ne serait-il pas celui d'une VF ?

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 23:30 
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Müller a écrit:
Vous êtes durs avec Belushi, les mecs.


Récemment vu dans Salvador, où il est absolument insupportable.

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 23:36 
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Mais Salvador a l'air insupportable tout court. Je l'avais bien aimé dans Ghostwriter et la saison 3 de Twin Peaks.

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 23:36 
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bmntmp a écrit:
Film Freak a écrit:
Double détente, souvenir d'un sous-buddy movie eighties alors que je kiffe le genre et Schwarzie.

Tu préfères Tango and Cash?

J'aimais bien enfant mais une revoyure adulte m'a fait cringer.

Müller a écrit:
Le souvenir en question ne serait-il pas celui d'une VF ?

Je crois pas. Découvert tard justement.

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MessagePosté: 30 Jan 2022, 23:37 
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Belushi c'est dans Le Proviseur qu'il tue.

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