Inscription: 13 Juil 2005, 09:00 Messages: 36877 Localisation: Paris
Au cours d'une nuit, un animateur radio est confronté à un interlocuteur particulièrement hostile...
Ce projet de Romuald Boulanger avait été écrit avant son premier film, le screenlife-covidé tourné à la-vite CONNECTÉS. En tout cas le gus a de la suite dans les idées tant les deux films sont similaires: déjà des histoires de menace par voix/écran interposés avec faux-semblants et fausses pistes. Et une fois de plus, il utilise son entregent pour choper des acteurs disproportionnés par rapport à la qualité des films. Car ce nouvel opus est à peine moins naze que le précédent.
Sur le papier, le sujet aurait pu être pas mal. Cet animateur retenu en otage par une voix au bout du fil évoque à la fois THE GUILTY, THE CALL, mais aussi des films début 2000 type CELLULAR ou PHONE BOOTH.
Le hic, c'est que rien ne va. Déjà ce méchant en carton vu mille fois: la voix désincarnée au bout du fil qui se joue du héros, en mode DIE HARD 3, le tout mâtiné de JOKER, avec des dialogues tout plats et des vannes convenues.
Ensuite le non-assumage du parti-pris. Là où THE GUILTY restait de longue dans le bureau, et que THE CALL se permettait de sortir mais seulement pour le troisième acte (dans mon souvenir), ici Elvis (oui, Mel Gibson s'appelle Elvis) et son acolyte partent en vadrouille à travers l'immeuble micro à la main dans une suite de situations grotesques en mode sous-DIE HARD (genre le méchant a truffé le building d'explosifs...). Les quelques phrases méta du style "On dirait un film pourri" n'aident pas à faire passer la pilule et on se demande limite si c'est pas Gibson lui-même qui les a rajoutées. En tout cas le niveau des dialogues est hyper faible vu l'enjeu, il aurait fallu une plume bien meilleure, vachement plus subtile, là c'est du tout-venant sans saveur...
Mais le vrai péché de ce film, c'est évidemment
sa fin. Lorsqu’on se rend compte dans les dernières minutes que tout n’était qu’une blague depuis le début, on a envie de broyer l'écran. C’est audacieux, certes, mais pathétique. On est vraiment dans la recherche absolue du twist pour le twist.
Si encore Elvis était lui-même la victime de la blague, ça pourrait éventuellement passer (en fait non, mais bon). Mais savoir qu’il en était l’acteur depuis le début néantise tout l’intérêt que le film pouvait avoir. Quelle leçon le personnage a-t-il appris ? Rien, car il s’auto-infligeait le tout, il ne subissait rien. Le scénario est alors vidé de toute substance. L’ajout tardif d’une blague dans la blague, où Dylan s’avère en fait être un complice également, pourrait théoriquement recentrer le film sur Elvis, nous permettre de sonder réellement comment il vit la tragédie mais c'est trop peu, trop tard.
En plus, le point de vue n'a aucune rigueur. Qu’on nous masque le visage de Gary, le réduisant à une voix, je veux bien. Mais lorsque le SWAT débarque et nous dit au bout du fil qu’ils sont avec la femme et la fille ligotées, il n’y a pas de bonne raison de ne pas les montrer. Idem avec ces moments de pure supercherie où les complices ne sont vus de personne (juste notre caméra) et pourtant continuent à jouer au premier degré. Même interrogation sur la nécessité de la dispute entre Justin et Elvis au début: les deux gars, on l'apprendra à la fin, sont potes, donc pourquoi mettre en scène cette rivalité, même devant Dylan ? Ça n'apporte rien et c'est juste là pour créer une fausse piste pour le spectateur.
Et puis je passerai sur les éternels indices qui trahissent que ça a été tourné en France et que c'est pas un "vrai" film étasunien: Mary avec ses petites touches d'accent anglais, le flic à la fin qui sonne comme un australien, et surtout... Nadia Farès en américaine. Pffiouu.
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