Forum de FilmDeCulte

Film découvert grâce à nos amis du Polyester qui en on fait une excellente critique enthousiaste.
Sur le papier c'est un curieux euro pudding avec ce réalisateur australo-macédonien et son casting qui va chercher la suédoise Noomi Rapace, le français Félix Marithaud, la roumaine Anamaria Marinca, le portugais Carloto Cotta.

C'est un film qui semble avoir été fait pour moi. C'est tout ce que j'aime et plus encore. Vraiment le genre d'expérience de visionnage où tu te sens tout de suite à l'aise, où chaque choix va dans le sens que tu espérais tout en te surprenant. J'ai vécu ça cette année avec un film qui n'en est pas très éloigné, c'est Piccolo Corpo (donc Lohmann va détester).

C'est à la fois un film très simple mais en même temps assez complexe dans sa mythologie folklorique (avec des règles qui peuvent sembler un peu cryptiques, rien n'est expliqué), issue des récits oraux macédoniens. Pour parler du film, il faut évacuer direct the elephant in the room. C'est un film qui n'existerait pas sans le cinéma de Terrence Malick. Le film est très très inspiré de Malick, que ce soit dans sa mise en scène ou même dans sa construction comme le fait qu'il est quasiment muet, recouvert d'une voix-off poétique (absolument sublime). J'en ai vu beaucoup des Malick rip-off à base de caresses de plants de blés mais là c'est beaucoup plus subtil. Le film est personnel mais se moule dans une forme très identifiable. Ca ne m'a pas dérangé mais je pourrai comprendre que ça en bloque certains (on m'a fait la remarque sur Twitter).

A part ça c'est une espèce d'élégie de très simple de la vie. Une jeune femme qui a été privée de tout contact avec le monde extérieur et qui d'un coup se retrouve libérée et attirée par la vie des hommes. Tout se passe en forêt ou dans de petits villages perdus au milieu de nulle part. Dans un montage impressionniste totalement maîtrisé elle découvre littéralement la vie, les sensations, le rapport aux autres, sa présence au monde... Le film tient comme ça sur pas grand-chose et ne cède jamais à la facilité ou à une manière de faire retomber cette poésie du côté de l'horreur plus évidente. Car oui c'est également un film d'horreur, de ce sous genre qu'est la folk horror plus précisément mais dont le but n'est pas de nous effrayer mais au contraire de nous faire accepter, presque littéralement, la sorcière qui est en nous ou plutôt en elle. Car le film est aussi un film du féminin (pourtant réalisé par un homme) où c'est une femme face aux hommes. Et quand le point de vue devient masculin il y a tout un sous-texte queer assumé (cf son casting d'icônes gays européennes) Ainsi le film embrasse à la fois la violence des rapports de genre mais aussi dans le même mouvement son regard semble le dédramatiser pour explorer une altérité retrouvée.

Un film brillant, qui m'a ému comme peu m'ont ému cette année. Adoré la musique que ce soit son petit piano mélancolique (léger reproche sur le Spiegel Im Spiegel presque éculé, mais ref à Gus Van Sant sans doute, autre réal gay d'importance), la photo est à se damner, le casting est parfait et c'est d'une sensibilité rare, toujours sur le fil, te maintenant dans cette espèce de flux initerrompu de vie, de mort, de violence et de douceur.

Le film a commencé à Sundance cette année et a fait quelques festivals, mais pas de date de sortie pour la France. Je rêve de pouvoir le revoir en salles mais j'en doute. J'espère au moins qu'une plateforme s'en emparera tant le film le mérite.

5/6

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CroqAnimement votre

Du coup tu l'as vu comment ? À La Roche-sur-Yon ?

Merci de me prévenir

Non au festival de Fion-sur-Sofa (le film est déjà sorti en blu-ray en Australie).

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CroqAnimement votre

À Fion-sur-Sofa je me serais plutôt attendu à Pacific Rim.

lol

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