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MessagePosté: 15 Mar 2014, 01:37 
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Sir Flashball
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Beaucoup aimé certaines choses, d'autres clairement moins.

Chaque plan est un tableau dont les éléments se parlent à coups de couleurs, de formes, de motifs, de détails. Rien n'est bâclé, il y a là-dedans une générosité enthousiasmante, c'est comme une grosse pastèque gorgée de jus. C'est ce qu'Anderson a fait de plus beau, de plus imaginatif, avec cet impressionnisme qui ne s'arrête pas une seconde, qui refuse sans cesse la laideur de la non-fiction. C'est beau, tout simplement, et je considère Anderson comme l'un des plus grands formalistes du cinéma contemporain.

Par contre, cette beauté plastique ne fait pas un tout ; et si les vignettes s'enchaînent bien visuellement, le film peine à exister autrement que comme un trip purement formel. Le parti pris pataud de la littérarité, à commencer par le choix prétentieux d'intégrer un flash-back dans un flash-back, étouffe complètement certaines séquences. Anderson rejette tout silence, comme s'il était terrifié à l'idée qu'on ne puisse pas comprendre ce qu'il essaie de montrer. Et d'enchaîner de longs tunnels de dialogues, faits d'alliterations grossières et de petites blagues précieuses, tout en n'oubliant pas de badigeonner une voix-off qui vient matraquer encore et encore ce qui est pourtant évident, ce qui suinte de chaque plan, de chaque morceau d'image. Je me suis pris à rêver d'un film muet, ne gardant que ses vignettes et ses cartons, et exploitant davantage la très belle composition de Desplat.

Je suis sorti réjoui, mais aussi agacé. J'ai été happé par cette Europe nostalgique et acidulée, mais j'aurais tellement eu envie qu'elle ferme sa gueule, qu'elle arrête de parler à la caméra (en répétant à tire-larigot : Witty! Witty!), et qu'on la laisse vivre, tout simplement. Un peu comme pour Gravity, en fait, autre film bien trop écrit.

4.5/6 quand même, parce que beaucoup de plaisir, mais ça aurait pu être tellement mieux...

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MessagePosté: 15 Mar 2014, 16:17 
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Sir Flashball
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C'est marrant ça, j'ai toujours trouvé les films d'Anderson assez désespérés, et je n'y ai jamais vu de "note d'espoir".
Ce chatoiement dans la désespérance, ça me rappelle pas mal Garcia Marquez, au fond.

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MessagePosté: 15 Mar 2014, 20:01 
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Antichrist
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Pas mieux, à part peut-être Moonrise Kingdom.


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MessagePosté: 15 Mar 2014, 21:02 
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Bon tout a été dit. Moi je trouve que c'est son chef d'oeuvre, celui qui m'emporte le plus avec plein de moments grisants (j'adore la course à skis). Et la narration d'Anderson est ici à son meilleur, le film est une vraie leçon de rythme. Superbe cartoon d'aventures (oui j'invente un genre) et le film le plus rejouissant de ce début d'année pour ma part.


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MessagePosté: 20 Mar 2014, 15:08 
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Et The Grand Budapest Hotel, vous en avez pensé quoi ?
Bret Easton Ellis a écrit:
J'aime le début, les différentes strates temporelles, j'aime le décor de l'hôtel, je trouve Ralph Fiennes formidable – enfin Ralph Fiennes peut être drôle au cinéma ! Mais comme avec tous les films de Wes Anderson, je suis embarqué pendant trente minutes, et puis quelque chose fait obstacle, se pétrifie. C'est trop apprêté, trop étrange, trop plein de personnages. il n'y a pas de sexe, pas de désir, pas de passion. Ça sent le renfermé, ça manque d'air... Au moment où l'on arrive à la séquence de la prison, le film meurt littéralement. Il reste mort un certain temps, et retrouve un peu de vigueur sur la fin. Je me demandais si on ne pouvait pas raconter la même histoire de façon réaliste. Nous en parlions hier à dîner, nous étions quatre, un seul d'entre nous aimait vraiment le film : on s'interrogeait sur les limites du style Anderson, que je trouve forcé et irritant. Le problème, c'est qu'en se plaignant de Wes Anderson, on se plaint d'un des derniers auteurs faisant un cinéma d'une certaine ampleur aux Etats-Unis...


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MessagePosté: 20 Mar 2014, 15:10 
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Sir Flashball
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Jack Griffin a écrit:
il n'y a pas de sexe, pas de désir, pas de passion.


Du gars qui a écrit American Psycho, je trouve ça fort de café.

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MessagePosté: 20 Mar 2014, 15:41 
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JBret Easton Ellis a écrit: a écrit:
Le problème, c'est qu'en se plaignant de Wes Anderson, on se plaint d'un des derniers auteurs faisant un cinéma d'une certaine ampleur aux Etats-Unis...


Il reste Paul Schrader :P


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MessagePosté: 20 Mar 2014, 15:47 
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Castorp a écrit:
Jack Griffin a écrit:
il n'y a pas de sexe, pas de désir, pas de passion.


Du gars qui a écrit American Psycho, je trouve ça fort de café.


C'est-à-dire? Attention tu parles à un fan d'American Psycho ;)
Après Ellis reproche plus à Anderson d'être dans sa bulle, de faire finalement un cartoon déconnecté de la réalité. C'est comme si tu reprochais à Hergé de ne pas être plus réaliste dans Tintin. En même si temps si il y avait des scènes de sexe et de violence chez Anderson comme chez Ellis, ça ferait bizarre.
Deux conceptions du cinéma opposées. Moi les films d'Anderson je les prends comme des BD ou des cartoons. On sent qu'Ellis reproche au cinéma d'Anderson d'être post-culturel ;)


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MessagePosté: 20 Mar 2014, 15:48 
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Mr Chow a écrit:
JBret Easton Ellis a écrit: a écrit:
Le problème, c'est qu'en se plaignant de Wes Anderson, on se plaint d'un des derniers auteurs faisant un cinéma d'une certaine ampleur aux Etats-Unis...


Il reste Paul Schrader :P


Je voudrais bien savoir ce qu'il veut dire avec son "une certaine ampleur".


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MessagePosté: 21 Mar 2014, 09:25 
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Sir Flashball
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Abyssin a écrit:

C'est-à-dire? Attention tu parles à un fan d'American Psycho


Il n'y a ni sexe, ni désir, ni passion, dans American Psycho.
D'ailleurs, Nolan et sa fascination pour les costards et les décors lounge aurait réussi une très belle adaptation du bouquin, à mon avis.

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MessagePosté: 21 Mar 2014, 11:38 
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Castorp a écrit:
Abyssin a écrit:

C'est-à-dire? Attention tu parles à un fan d'American Psycho


Il n'y a ni sexe, ni désir, ni passion, dans American Psycho.
D'ailleurs, Nolan et sa fascination pour les costards et les décors lounge aurait réussi une très belle adaptation du bouquin, à mon avis.


Un truc bien lourd, oui, je crois que je préfère encore le film raté de Mary Harron à cette idée.

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MessagePosté: 21 Mar 2014, 11:47 
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Mais grave j'ose même pas imaginer le massacre. Et bien sûr qu'il y a du sexe et du désir dans American Psycho. Une forme de sexe et de désir pervertie (ce qui rend le roman passionnant). Dire qu'il n'y en a pas c'est comme dire qu'il n'y a pas de sexe dans Shame.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 21 Mar 2014, 11:51 
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Sir Flashball
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Hum, à mon avis, il ferait un truc bien premier degré, et je trouve qu'il n'y a qu'au premier degré que le bouquin d'Ellis est bon (ce côté glacé, désincarné, la congélation des chairs à travers cette finance déconnectée du réel). En tant que critique de la société de consommation, c'est vu et revu.

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MessagePosté: 21 Mar 2014, 11:53 
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Sir Flashball
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Art Core a écrit:
Et bien sûr qu'il y a du sexe et du désir dans American Psycho.


Non, c'est pas du sexe, c'est de la barbaque, c'est mortifère.
Enfin si pour toi, ça c'est du sexe, je couche jamais avec toi.

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MessagePosté: 21 Mar 2014, 12:33 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Oui mais justement c'est du sexe malade, c'est ce qui est génial. Passer par le prisme du sexe comme marchandise pornographique pour plonger dans l'horreur. Comme dans Shame pour reprendre l'exemple.

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