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MessagePosté: 31 Oct 2005, 01:52 
Les Garçons de la bande en VF.


Juste avant de filmer les courses-poursuites et les vomissements sataniques qui ont fait toute sa renommée, William Friedkin avait mis en scène une réunion d'homosexuels qui tourne au vinaigre. Et signait déjà un chef-d'oeuvre trop méconnu, qui reste toujours d'une étonnante modernité.

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Une bande d'amis homosexuels se retrouvent dans l'appartement de Michael afin de féter l'anniversaire d'Harold. Alors que ce dernier se fait attendre, Alan, l'ancien co-locataire de Michael s'invite à la soirée afin de trouver du soutien auprès de son ancien ami. L'interruption de cet étranger hétérosexuel au groupe va faire basculer la soirée de la jovialité au drame humain. Les tensions à l'intérieur du groupe et entre les individus font s'exacerber jusqu'à atteindre leur apogée dans un douloureux jeu instauré par Michael. ...

Adapté d'une pièce de théâtre de Matt Crowley (également scénariste ici), le film de Friedkin, qui se passe à 90% dans un appartement, ne souffre jamais de la pesanteur du huis-clos grâce à sa mise en scène énergique. Mais ce qui fascine ici, c'est la justesse de l'interprétation ainsi que tous ces dialogues tranchants et ciselés. Je ne crois pas avoir vu un film de cette époque qui décrivait avec autant de réalisme des personnages homosexuels, meme si chacun d'eux est peut-être défini de façon un peu schématique (le gay extraverti, le gay refoulé, le gay polygame, le gay intello, etc...)

La progression du récit, brillante et implacable, va faire éclater leurs rancoeurs : l'ambiance se dégrade, les secrets rejaillissent, le malaise se met en place. La confrontation finale surprend même pour sa grande force psychologique, ou les personnages se révelent peu à peu, mais pas forcément dans le sens où on l'attendait. C'est à la fois terriblement cynique et émouvant, et trente-cinq ans après, ça n'a pas pris une ride.

Et pour finir, une anecdote pas du tout "gay" : quatre des comédiens sont morts du SIDA. :?

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MessagePosté: 29 Fév 2024, 12:33 
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aka Les Garçons de la bande

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Harold fête son anniversaire chez Michael. La soirée se déroule bien mais se dégrade sous l'effet de l'alcool. Chacun laisse alors éclater ses rancœurs.

Si l'on replace les premiers films de la carrière de Friedkin dans l'ordre dans lequel ils ont été tourné, le cinéaste trouve clairement ses marques après deux films musicaux ratés en enchaînant deux adaptations de pièces de théâtre, toutes deux des huis clos, annonciatrices de plusieurs de ses futurs films, et si je n'avais pas été convaincu par L'Anniversaire, j'ai trouvé ce nouvel essai tout simplement excellent.

Comme je l'ai déjà indiqué par le passé, au sujet des séries d'Aaron Sorkin ou bien plus récemment d'Anatomie d'une chute, j'ai toujours été assez client de films qui donnent la part belle aux mots. Contrairement à Denis Villeneuve, j'adore les dialogues, j'adore les scènes de gens qui s'engueulent, avec des arguments ou, à défaut, avec verve et mordant. Avec le temps, je même suis devenu particulièrement friand d'exercices radicalisant cette idée en adoptant un dispositif jusqu'au-boutiste comme l'unité de lieu et de temps, et c'est le cas ici.

À l'inverse de son adaptation d'Harold Pinter, il n'y a point d'absurde ici, bien au contraire. Le récit est ancré dans le réel, le dramaturge, alors âgé d'une trentaine d'année, ayant souhaité à l'époque (les années 60), retranscrire ses interrogations ainsi que celles de ses amis, tous homosexuels. Oui, c'est ce que le synopsis ci-dessus ne révèle pas : tous les personnages sont gay. Alors certes, il y a un aspect "catalogue" de manière à représenter les différents archétypes trouvables au sein de la communauté mais je trouve l'écriture suffisamment naturelle et sincère pour convaincre. On n'est pas face à un film choral artificiel.

La caractérisation se fait efficacement par le biais des échanges enlevés et cinglants des personnages, le rythme ne faiblissant jamais alors même qu'il ne se passe virtuellement rien avant une heure ou presque. Il y a bien déjà des germes sous la forme de non-dits qui viendront exploser dans la seconde moitié mais il s'agit en grande partie d'une soirée d'anniversaire en compagnie de convives attachants malgré (ou grâce à) leurs piques de peste. Et ce qui est fou, c'est que cela sonne encore authentique et frais aujourd'hui (il y a même eu un revival sur Broadway pour les 50 ans en 2018 qui a donné lieu deux ans plus tard à une nouvelle adaptation produite par Ryan Murphy pour Netflix). Je n'ose imaginer l'avant-gardisme pour l'époque.
Et pour autant, si le film communique bien les angoisses qui peuvent miner une personne homosexuelle, elles présentent tout de même une universalité tout à fait relatable, dans ses motifs de jalousie, de honte, de déni, de désir de dominer...

Si le film ne s'enlise jamais, même durant sa deuxième partie plus lente (mais plus intense), ce n'est pas uniquement en raison de l'écriture vive et acérée mais également de la mise en scène parfaite de Friedkin, à la fois dynamique et invisible. C'est une véritable leçon de découpage jonglant d'abord entre deux puis cinq et pour finir huit personnages, initialement entre chambre, salon et cuisine, puis entre salon et terrasse et enfin uniquement dans le salon, l'étau se resserrant.

Elle porte le film au même titre que les acteurs, tous venus de la pièce et tous avec des micro-carrières au cinéma. Sans doute car beaucoup étaient avant tout des acteurs de théâtre mais malheureusement, et c'est le plus déprimant quand tu vas sonder les pages Wikipédia, parce que plusieurs sont morts du SIDA au début des années 90.

Bref, je conseille.

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MessagePosté: 29 Fév 2024, 15:54 
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J'en avais vu un tas d'extrait dans un docu qui parlait de l'adaptation de théâtre queer au ciné et ça m'avait chauffé. Ton avis donne vraiment envie de monter la priorité sur le film.

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MessagePosté: 29 Fév 2024, 20:00 
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Jericho Cane a écrit:
Et pour finir, une anecdote pas du tout "gay" : quatre des comédiens sont morts du SIDA. :?


de très bon gout.

j'ai le remake netflix sur ma liste, mais je ne sais pas pourquoi cette version m'était inconnue.
il passe à la cinémathèque, j'irai.


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MessagePosté: 29 Fév 2024, 20:51 
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