Forum de FilmDeCulte

Lorsque Joshua Oppenheimer se rend en Indonésie pour réaliser un documentaire sur le massacre de plus d’un million d’opposants politiques en 1965, il n’imagine pas que, 45 ans après les faits, les survivants terrorisés hésiteraient à s’exprimer. Les bourreaux, eux, protégés par un pouvoir corrompu, s’épanchent librement et proposent même de rejouer les scènes d’exactions qu’ils ont commises. Joshua Oppenheimer s’empare de cette proposition dans un exercice de cinéma vérité inédit où les bourreaux revivent fièrement leurs crimes devant la caméra, en célébrant avec entrain leur rôle dans cette tuerie de masse. "Comme si Hitler et ses complices avaient survécu, puis se seraient réunis pour reconstituer leurs scènes favorites de l’Holocauste devant une caméra", affirme le journaliste Brian D. Johnson.
Une plongée vertigineuse dans les abysses de l’inhumanité, une réflexion saisissante sur l’acte de tuer.

Pour moi, c'est le film le plus fort et important de l'année. Important car il parle d'un génocide oublié et nous montre l'inhumanité triomphante des bourreaux. Fort car son montage est brillant - on peut le trouver manipulateur d'ailleurs, je suis prêt à le défendre à coup de paume - et la dernière scène vous restera longtemps dans la bouche.

6/6

J'avoue trouver quelques procédés un peu discutables mais au final, ça reste le récit incroyable d'une rencontre marquante avec Anwar Congo.

En faire le film de l'année, je sais pas... Honteuse critique dans les Cahiers d'ailleurs, Tessé accuse Anwar Congo de manipuler jusqu'au bout le réalisateur.


4/6

Justement, le réal veut que ce soit discuté. Mais la critique de Tessé est honteuse, oui. S'il a des questions précises sur le dispositif, il peut les demander au réal, c'est son boulot quand même, plutôt que d'écrire - la fin est elle la vraie fin ?`

c'est donc le dernier plan filmé d'Anwar.

Voilà, il tombe carrément dans le procès d'intention... A force de vouloir tout remettre en cause dans le documentaire, on ne croit plus rien.

D'ailleurs la pire critique sur le film on la doit à Critikat.

Tu vas pouvoir te réconcilier avec chronic'art :
http://www.chronicart.com/Article/Entre ... -12508.sls

(lire aussi l'interview!)

je préviens: j'ai une interview de 30 000 signes à traduire...

"Tout ce monde corrompu d’assassins et de voleurs finit par livrer ses vérités à tant vouloir les mettre en scène."

C'est exactement ça.

Film super fort en effet. Pas entièrement convaincu par la construction qui s'éparpille un peu mais ce qu'il contient d'horreur est absolument glaçant. Ca m'a beaucoup fait penser à S21 mais en pire tellement la victime est réduite à rien, à un vague concept (communiste). Rarement eu autant l'impression d'avoir en face de moi des monstres inhumains (le mec qui explique qu'il violait toutes les femmes qui passaient devant lui avec prédilection pour les jeunes de 14 ans à qui il défonçait le cul ).
Et le film est d'autant plus dérangeant quand il se met à construire un véritable spectacle autour de ces crimes, une parodie de série Z où tout n'est que mascarade et maquillage en latex.

Très puissant. Et les deux dernières scènes quand Anwar Congo soudain, très brutalement montre une faille, une seule ça m'a totalement bouleversé. Cette ultime scène sur le toit est hallucinante. Elle me poursuivra longtemps. Gros, gros morceau.

5/6

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CroqAnimement votre

Je te conseille la lecture de l'analyse par le réal de quatre séquences du film
http://www.parismatch.com/Culture-Match ... ie-477218/

Passionnant en effet.

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CroqAnimement votre

Y a un truc qui a pas pris chez moi. Quelque chose dans le procédé, dans le rapport aux bourreaux, qui me gêne assez profondément. Je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Le fait que le réalisateur accompagne le dispositif (la fabrication du film), qu'il devienne partie active de ce processus, est peut-être déjà en soi un problème. Le fait qu'Oppenheimer surveille sans cesse le remords poindre chez son bourreau, comme si c'était le but, est tout aussi décontenançant.

Le problème, peut-être, vient plus simplement du fait qu'aucun décalage ne vienne souligner l'horreur de la situation, son aspect intolérable. C'est comme une hallucination collective où tout est remis à plat, et où tout semble normal, au final. L'émotion liée à l'horreur reste par exemple assez verrouillée dans les scènes de reconstitution (cela dit c'était déjà le cas pour moi sur S21, donc c'est peut-être que moi), alors qu'elle explose beaucoup violemment dans des passages tous simples (celui avec les canards, par exemple). Le seul pas de côté que propose le film, c'est ce film dans le film donc, seul élément à prendre acte de l'incongruité de l'ensemble, dans un recul à l'ironie assez mal placée.

Je trouve pas le film dégueu, intolérable, condamnable. Mais il y a un truc, dans cette toute puissance du dispositif qui excuse tout, dans ce spectacle où le réal accompagne et encourage la folie de ses participants, qui me semble vraiment problématique.

Je vois ce que tu veux dire, mais le film est justement là-dessus, comme l'explique le réal. Ce n'est pas tant un film sur le génocide qu'un film sur l'incroyable impudeur des bourreaux, de leur obscénité latente.

Perso j'ai plus de mal avec les scènes sur l'élection, avec le mec tourné en ridicule dans son tee-shirt Transformers.

Tout est à égalité de toute façon, t'as l'impression d'une société starbée à tous les niveaux... Perso, la scène la plus dure pour moi, c'est paradoxalement le racket des vendeurs chinois. Pour le coup c'est présent, c'est réel, c'est devant toi, et c'est super violent.

Oui, cette scène est atroce. Tout comme l'émission de télévision d'ailleurs.