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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 18:45 
Attention, juste pour dire: si je me suis permis de donner un point de vue un peu contrariant, c'est parce que moi aussi, j'ai lu les développements de FF, et que je les ai trouvés fort intéressants, en plus d'être agréables à lire (ce n'est pas du suçage de b) même si je ne suis pas d'accord avec cette approche psychologiste (et même si, je suis d'accord, ces longs développements ne s'y réduisent pas complètement).

ça change un peu, d'être légèrement contrarié (et encore, selon un modus bien connu), plutôt que de recevoir des compliments monosyllabiques. Mh.


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 18:50 
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
ce n'est pas du suçage de b


Tu saurais pas faire : tu en analyserais la forme et l'aérodynamisme.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 20:06 
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
Attention, juste pour dire: si je me suis permis de donner un point de vue un peu contrariant, c'est parce que moi aussi, j'ai lu les développements de FF, et que je les ai trouvés fort intéressants, en plus d'être agréables à lire (ce n'est pas du suçage de b) même si je ne suis pas d'accord avec cette approche psychologiste (et même si, je suis d'accord, ces longs développements ne s'y réduisent pas complètement).

ça change un peu, d'être légèrement contrarié (et encore, selon un modus bien connu), plutôt que de recevoir des compliments monosyllabiques. Mh.


OK

Je te vanne mais je partage ton avis, je ne suis pas trop fans de ce type d'approche psychologique. Je trouve qu'on verse trop facilement dans de la surinterpretation qui n'a pas lieu d'être. Bon ça n'enlève rien à ta qualité d'écriture FF, simplement ce type d'approche n'est pas ma tasse de thé


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 20:32 
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Où est-ce que je "surinterprète"? À part peut-être sur ce que je dis de la vocation inconsciente de Rencontres du 3 type, je ne fais que citer des choses objectives qu'on voit dans les films, dans le texte. Encore une fois, même si les parents de Spielberg n'avaient pas divorcé ou si on le sait pas, tu regardes les films et tu vois des parents indignes jusqu'en 1989 puis après, des parents qui se rachètent.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 20:55 
Mmm
Dans the Post les rapports entre Streep et Alison Brie sont quand-même assez houleux (sa fille lui reproche à mots couverts un adultère avec McNamara et indique qu'elle n'est pas pour rien dans le suicide du père) et dans the Bridge of Spies Tom Hanks n'en a rien à foutre de sa fille et de sa famille, sur un mode très "Duel" finalement, et part probablement à Berlin pour les fuir. Et le meurtre de Tim Robbins par Tom Cruise dans War of the World n'a rien d'un rachat.

Sinon l'ambiguïté (et le lien avec une initiation à l'âge adulte) d'être un mauvais père ou une mauvaise mère tout en étant une personne moralement correcte, ou l'inverse, ce n'est pas un thème particulièrement original au cinéma (récemment "un Homme Intègre" filmait cela très bien) et plus propre à Spielberg que Chabrol, Fellini ou Antonioni (le cinéma italien à beaucoup exploré cela)


Dernière édition par Gontrand le 15 Mar 2018, 21:19, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 21:12 
Gontrand a écrit:
Et le meurtre de Tim Robbins par Tom Cruise dans War of the World n'a rien d'un rachat.


Ah ben je dirais que si. C'est même le moment charnière où, de manière quasi biblique et dans une veine très libertarienne, il se métamorphose, de père-absent-qui-ne-prenait-pas-ses-responsabilités (ses gosses le faisaient chier), en papa-super-protecteur sur qui on peut enfin compter dans ce monde envahi par la folie et le chaos.


Pour Duel, comme cela a été évoqué dans un autre topic, le vrai thème psy (qui plombe un peu justement l'allégresse sans contenu du thriller et nous oblige à ne pas le goûter au ras des pâquerettes), c'est la réhabilitation du chef de famille par lui-même, ayant affronté le péril mortel.

Il s'identifiait auparavant, on l'a dit, au gars qui à la radio se plaignait de ne plus être maître chez lui - à quoi faisait écho sa conversation téléphonique avec sa femme dans la laverie (elle lui reproche de ne pas avoir su la défendre lors d'un diner entre amis, alors qu'une de leurs connaissances s'est quasiment "jetée sur elle", et de tarder à lui demander des comptes).

L'épreuve de la poursuite, elle aussi de nature biblique, avec ce Belzébuth des routes, est l'incitation, par ce dernier, à devenir enfin un homme, mon fils.


Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 15 Mar 2018, 21:24, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 21:13 
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Gontrand a écrit:
Mmm
Dans the Post les rapports entre Streep et Alison Brie sont quand-même assez houleux (sa fille lui reproche à mots couverts un adultère avec McNamara) et dans the Bridge of Spies Tom Hanks n'en a rien à foutre de sa fille et de sa famille, sur un mode très "Duel" finalement, et part probablement à Berlin pour les fuir.

:shock:

Citation:
Et le meurtre de Tim Robbins par Tom Cruise dans War of the World n'a rien d'un rachat.

Cruise est un père indigne au début du film, il entreprend de rejoindre son ex-femme pour lui filer les gosses, pour s'en débarrasser, mais ce faisant, il va apprendre à être responsable. Et, oui, tuer un mec qui présente un danger pour la vie de ta fille, c'est la protéger donc prendre ses responsabilités. Cette scène est justement là pour pousser le raisonnement à l'extrême.

Citation:
Sinon l'ambiguïté (et le lien avec une initiation à l'âge adulte) d'être un mauvais père ou une mauvaise mère tout en étant une personne moralement correcte, ou l'inverse, ce n'est pas un thème particulièrement original au cinéma (récemment "un Homme Intègre" filmait cela très bien) et plus propre à Spielberg que Chabrol, Fellini ou Antonioni (le cinéma italien à beaucoup exploré cela)

Jamais prétendu le contraire.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 21:17 
Ben elle dit quand-même qu'elle a disparue toute une journée sur un bateau avec McNamara dans une discussion liée à la mort de leur père.


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 22:38 
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Film Freak a écrit:
Où est-ce que je "surinterprète"? À part peut-être sur ce que je dis de la vocation inconsciente de Rencontres du 3 type, je ne fais que citer des choses objectives qu'on voit dans les films, dans le texte. Encore une fois, même si les parents de Spielberg n'avaient pas divorcé ou si on le sait pas, tu regardes les films et tu vois des parents indignes jusqu'en 1989 puis après, des parents qui se rachètent.
Le lien que tu tisses entre ces choses objectives que tu rattaches ensuite à la psy-volonté de l'auteur, etc... Mais le prends pas comme une critique venant de ma part, c'est plus lié à mon côté subjectif et moi qui suis chiant ;-) , c'est ce qui me faisait détester les papiers des Cahiers du cinéma.


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 22:44 
Oui la psychanalyse, à un moment dans les années 80-90, a comme remplacé le maoisme chez eux. Cela s'est aggravé après le départ de Daney, qui ne tombait pas dans ce travers, tout en parlant pourtant bien de la cinéphilie comme filiation. Mais c'est moins marqué maintenant, car ils ont une approche plus corporatiste des métiers de cinéastes et de critique qui rend ce type de discours inutile ou en tout cas inopérant.


Dernière édition par Gontrand le 16 Mar 2018, 09:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 16 Mar 2018, 09:01 
Les pères et mères chez Spielberg sont pris dans une ambiguïté je crois, plutôt que dans une dialectique avec des phases. Ou en tout cas cette ambiguïté déjoué l'idée d'une dialectique. Alison Brie est tout à fait imperméable à la dimension féministe du geste de sa mère. Celle-ci n'annule pas ou ne compense pas ses reproches.

Même War of the World explore la même chose que Munich, finalement, le lien ambigu entre survie et culpabilité, dont la liquidation est un problème politique (mais pas historique) pour Spielberg, (qui revient aux enfants, c'est à dire aux spectateurs, plutôt qu'aux parents qui sont dans l'image) , plutôt qu'un accomplissement de soi vers l'acceptation d'une mission ou d'une rôle de patriarche à travers les épreuves.

On peut noter qu'une scène de Duel introduit cette seconde thématique (celle de l'autobus) et est spécifique au gonflage vers la version ciné. Elle se greffe d'ailleurs mal au reste du film.


La scène de Bridge of Spies où Powers rate l'enclenchement de l'autodestruction de l'avion (et donc va passer pour un traître ou du moins un vantard inconséquent pour les Américains qui doivent le sortir de là) à cause d'un regard de trop sur la photo de sa fiancée joue un peu le même rôle (la justification et le soucis de l'autre sont des motifs à la fois moraux et affectifs dont on se détourne pour continuer, mais qui se répètent et transmettent néanmoins) . Tom Hanks réussit à le sortir de Russie car il est assez indifférent à ce point de vue moral (quoiqu'il lui préfère Pryor l'étudiant qui lui aussi s'est mis dans le pétrin et l'impuissance à cause de son amie, mais de manière plus accidentelle).


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 16 Mar 2018, 10:48 
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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 17 Mar 2018, 00:27 
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2004 : The Terminal (2004)
2005 : War of the Worlds (2005)

Tous les films contemporains de Spielberg sont des films de SF ou des films fantastiques...à l'exception du Terminal.

Certes, le film n'est pas à proprement parler "réaliste" - on est dans une sorte de fable que j'ai récemment vu parfaitement décrite comme la rencontre entre Capra et Kafka (avec du Tati pour le décor et la performance extraordinaire et sous-estimée de Hanks) - mais il est intéressant de voir Spielberg opter de rester au présent pour un film qui, finalement tout autant que Munich, forme un diptyque sur le 11 septembre avec La Guerre des mondes.

Si ses films contemporains des '70s témoignent d'un contexte socio-politique (tu sens le Watergate, surtout dans Rencontres du 3ème type), ça disparaît peu à peu de ses films contemporains suivants, jusqu'au Terminal donc, qui cache derrière la comédie un propos sur l'Amérique, et le suivant, La Guerre des mondes, qui sera contemporain, de genre ET politique.

Après les attentats du World Trade Center, un passage par l'aéroport est devenu une expérience autrement plus stressante, et choisir d'en faire le décor de sa comédie, un véritable cauchemar d'enseignes où on lui dit que la seule chose qu'il peut faire c'est "du shopping", permet à Spielberg d'encapsuler son pays tout entier dans un microcosme régi par des agents de l'immigration particulièrement froids où le salut pour un étranger ne se trouve qu'auprès des immigrés.

Le Terminal met ainsi en évidence l'impasse communicative entre le gouvernement américain et les immigrés, dénonçant le manque de compassion de son pays envers les étrangers suite au 11 septembre. On notera aussi que c'est le seul Spielberg avec un personnage statique, coincé dans un lieu fermé, alors que le protagoniste spielbergien a besoin d'être constamment en mouvement pour survivre...mais l'Amérique est une prison pour Viktor Navorski.

Outre l'utilisation d'une mise en scène et de motifs (l'avion, la cendre, qui évoque la Shoah aussi, comme le train en flammes) exploitant l'imagerie du 11 septembre, La Guerre des mondes est, selon Spielberg lui-même, sa manière de propulser le peuple américain dans l'expérience du réfugié. Cette fois, le protagoniste n'est plus un immigré mais un américain qui va vivre ce que vivent ceux qui choisissent d'émigrer.

Avant de critiquer la violence et l'inanité de la Guerre contre le Terrorisme dans Munich, Spielberg mettait déjà à mal le principe de l'occupation dans La Guerre des mondes. Si les américains sont ici le peuple envahi, alors les envahisseurs...représentent l'Amérique. Le scénariste David Koepp disait "on est partis au Moyen-Orient pour le pétrole, les aliens sont venus chez nous pour l'eau" et le film tend à démontrer ce qu'Ogilvy dit textuellement dans le film : toute occupation est vouée à l'échec, rejetée par le corps qu'elle essaie de pénétrer comme l'écharde de la main de Rachel.

J'avais oublié à quel point ce blockbuster estival était aussi sombre. Formellement déjà, c'est tellement pas summer-friendly dans son délavé granuleux (qui n'a rien à voir avec le délavé granuleux très stylisé de Minority Report) et le fond suit. Le coup du rayon ardent du livre qui ne brûle plus les terriens mais les réduit directement à l'état de nuages de cendres n'est pas qu'un double référence au 11 septembre et à l'Holocauste mais une manière habile de contourner le gore...et c'est presque pire. Puis surtout, juste après, c'est le film où une gamine va voir un tas de cadavres flotter, où papa joué par la superstar de blockbusters estivaux va tuer un gars à mains nues sans que ce soit cool comme si s'agissait d'Ethan Hunt.

Enfin bref, je ne vais pas m'épancher davantage, je l'ai déjà très bien fait dans ma critique de l'époque et jadis sur le forum.

En tout cas, cette noirceur et cet fond politique furent une parfaite transition vers les deux derniers de cette rétro...


2054 : Minority Report (2002)

Je crois que c'est LE Spielberg que j'aime de plus en plus à chaque fois que je le revois.

Et c'est sans doute celui (avec La Guerre des mondes justement) qui cache le plus son propos engagé derrière les codes du genre. Enfin de deux genres, polar et SF.

Et c'est probablement le Spielberg le plus parano.

Minority Report dépeint une société faussement parfaite, avec ses voitures qui ne peuvent pas créer d'embouteillages ou d'accidents...mais que tu ne peux pas contrôler et dont tu peux te retrouver prisonnier, avec ses scanners optiques partout qui permettent de te traquer et aux pubs de te harceler, avec les Spyders qui se faufilent partout (et donc la caméra aussi, passant d'un appartement à un autre en les survolant et en voyant à travers le plafond, privant les locataires de leur intimité), avec ses "halos" qui plongent les prisonniers dans un coma artificiel plutôt que de les mettre en cellule ou de les tuer, et avec le système PreCrime...

Là, le problème ce n'est même plus Big Brother, mais le paradoxe qui est posé. Et de là découle ce magnifique trouble identitaire hérité de Philip K. Dick grâce au pitch inventif qui renverse tous les postulats du type "héros accusé à tort qui doit fuir prouver son innocence" par le biais d'un concept de science-fiction : Anderton n'est pas accusé d'un crime qu'il n'a pas commis mais d'un crime qu'il n'a pas ENCORE commis. Et il ne connaît même pas la victime! Là aussi, Kafka n'est pas loin.
Comment enquêter sur un crime qui n'a pas eu lieu? Comment trouver le coupable quand on est son propre suspect? C'est génialement surréaliste.

Et par cette absurdité, Spielberg monte tout le récit sur la notion de doute et dézingue ce faisant le système judiciaire américain qui a incarcéré nombre d'innocents.

Un doute qui persistera jusqu'après la fin du film car l'ambigüité demeure sur la nature du dernier acte et de la résolution, même si j'ai, pour ma part, choisi mon camp comme étant celui de ceux qui estiment que tout ce qui suit l'incarcération d'Anderton est le fruit de son imagination. On en a déjà parlé ailleurs donc je ne reviendrai pas dessus mais ça me paraît de plus en plus évident et je trouve fascinant de la part de Spielberg ne pas révéler le pot-aux-roses et d'oser une fin en somme aussi sombre que celle d'A.I. Vu que c'est globalement la même.


2142-4142 : A.I. Artificial Intelligence (2001)

Man, this film is bleak as fuck.

Ce n'est "que" la 5ème fois que je vois le film donc je parviens encore à être surpris par sa cruauté absolue.
C'est un film avec lequel j'ai (eu) du mal, ma note a même baissé avec les visions...mais là, elle va remonter.

Il y a 8 ans, quand je l'ai vu pour la dernière fois, j'écrivais :
Citation:
Mais pour un film qui parle tant d'amour, de notre capacité à aimer, de notre besoin d'aimer, et d'être aimé, jusqu'où on est prêt à aller pour une preuve d'amour, etc., je ne suis que rarement ému.
Peut-être un jour verrai-je la lumière, peut-être que le temps et l'âge et l'expérience m'apporteront la maturité nécessaire pour adhérer pleinement à l'étrange émotion dégagée par le film...
Et aujourd'hui, ce fut le cas.

Alors je suis toujours pas à 100% parce que, passée l'intro (qui pose les choses tellement frontalement qu'on se croirait déjà chez Kushner), je trouve les 52 premières minutes tellement creepy et ces personnages tellement antipathiques (parents, enfants), que j'ai du mal à m'attacher (à part à Teddy). Je vois ça un peu comme un robot justement, je vois où Spielberg veut en venir, parce que je constate bien que c'est délibéré de sa part de rendre cette première heure mal-aimable, de rendre l'amour pour David difficile, de montrer l'humain comme détestable, de montrer les pires travers de la parentalité...

Oui, forcément, en le revoyant pour la première fois depuis que je suis père, je perçois le film légèrement différemment...et cette scène d'abandon à la Petit Poucet dans la forêt que je trouvais déjà déchirante jadis m'a fait verser des larmes cette fois, éveillant enfin mon empathie pour David.

"I'm sorry I didn't tell you about the world."

Pfoooo.

Et le reste, je kiffe sans équivoque.

Et même le dernier acte.
Jusqu'à présent, j'étais de ceux qui persistaient à dire qu'ils auraient préféré que le film s'arrête quand David se retrouve coincé dans l'eau face à la Fée Bleue pour l'éternité mais aujourd'hui, je trouve aberrant d'avoir pu penser ça tant les 20 dernières minutes puent l'audace, la poésie et l'horreur pure de la mort. Pour la première fois, cette fin, dont j'admirais jusqu'à présent "l'idée", comme on admire "intellectuellement" quelque chose sans être touché, m'a fait chialer devant l'horreur implicite de ce simulacre.
Comme le dit Qui-Gon dans le topic du film :
Citation:
Si tu vois ça pour ce que c'est...à savoir un enfant-robot dans une FAUSSE maison qui dit qu'il aime une FAUSSE mère. Et la fausse mère qui en retour lui dit qu'elle l'aime aussi... et après ils s'endorment ensemble... bah quand tu vois ça c'est dur... c'est dur... Je vois vraiment pas ce qui y a de guimauve là dedans. Au contraire c'est vraiment un constat très, très sombre et dur sur nous et notre besoin d'amour, etc.

Et sur le fait qu'un jour ta mère va mourir et tu seras tout seul. Et un jour, je vais mourir et mon fils sera tout seul.

Aujourd'hui, cette fin, c'est limite ce que je préfère dans le film.

En réalité, ce que je préfère, c'est le partenariat entre Joe et David. Leur amitié. Leur parcours ensemble. Rouge City, Dr. Know... Tout ce qui touche aux codes du conte, j'adore.

Je suis fasciné également par la manière dont Spielberg pervertit son propre cinéma : la lune d'E.T. qui devient symbole menaçant, un ballon piloté par les bigots du film et qui prend des allures de vaisseau d'E.T. justement, sa lumière filtrant à travers les arbres.

À ce titre, que ce film soit le dernier de cette rétrospective particulière trouve son sens justement dans son caractère définitif, dans sa projection dans un futur imaginé des mêmes questions posées par Spielberg à travers toute sa carrière sur l'humain et sur l'Histoire, destinée à se répéter donc, comme le dit de manière un peu didactique un robot lors de la Flesh Fair.

A.I. c'est Spielberg qui tells us about the world. And it ain't pretty.



VOILÀÀÀÀÀ J'AI FINIIIIIIIIIIIIIIIII

https://www.youtube.com/watch?v=g0EYRC4NQ-Q

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 17 Mar 2018, 01:47 
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Le pitch, l'acronyme, le fait d'aller chercher Melissa Mathison, le fait de garder l'année 1982 (date de publication du roman)


1982?? J'ai toujours cru que ça se déroulait dans les années 50. Les orphelinats sont justement disparus dans les années 50 à Londres. La même décennie ou sont entré les hélicoptères dans la British Airway. Et quand tu regardes le style des voitures aussi, c'est très fifties.

Quel moment dans le film nous prouve que c'est en 82?

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 17 Mar 2018, 08:42 
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La reine est vieille. Et elle appelle Nancy et lui demande de réveiller Ronnie (Nancy et Ronald Reagan).

Et le livre se passe en 82. Et les voitures sont pas des années 50.

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