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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 02 Jan 2018, 11:43 
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C'est loin dans ma tête, mais les juifs de la scène, ils ne descendent pas directement du train ?

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 02 Jan 2018, 12:12 
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Au début du film, des juifs sont envoyés vivre dans le ghetto de Cracovie. Certains sont recrutés pour travailler dans l'usine de Schindler. Lui et Stern vont sans cesse chercher à les protéger. Une nuit (avant ou après la liquidation du ghetto), dans leurs lits, des femmes évoquent les chambres à gaz en disant que les allemands déshabillent les juifs et leur donnent du savon pour qu'ils entrent docilement sous les douches. Certaines refusent d'y croire. À la fin du film, Goth dit à Schindler que c'est fini, ils vont faire fermer le camp de travail et envoyer tous les juifs à Auschwitz. Schindler s'arrange alors pour emmener un maximum de juifs dans sa nouvelle usine à Brinnlitz. Le train des hommes arrivent à bon port mais celui des femmes est envoyé par erreur à Auschwitz. Schindler s'en rend compte et se précipite pour y remédier. Sur le chemin, l'une d'elles voit un enfant lui faire signe qu'elle va mourir en passant son doigt sous sa gorge. Arrivées là-bas, elles sont déshabillées, leurs cheveux sont coupés et on les fait entrer dans les douches. Flippe. Puis de l'eau sort des douches. Schindler a réussi à prévenir les autorités à temps. Elles sortent des douches heureuses mais voient des files de juifs de tous âges entrer dans un immeuble d'où s'érige une cheminée et de la fumée.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 02 Jan 2018, 12:25 
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Sir Flashball
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Ok, merci. Du coup, faut que je le revoie, mais j'avais vraiment pas aimé à l'époque.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 18 Jan 2018, 00:51 
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1941-1945 : Empire of the Sun (1987)
1944/1953? : The Aventures of Tintin: The Secret of the Unicorn (2011)
1957 : Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull (2008)

J'avais oublié que le premier plan d'Empire du Soleil était une flopée de cercueils sur l'eau et que le premier est même fendu, laissant voir le cadavre en dessous.

This ain't your usual Spielberg, fellas.

En tout cas, ça ne l'est pas en 1987 quand Spielberg réalise son deuxième drame historique et son premier film "sérieux" abordant cette guerre qui l'obsède. Il a beau adopter le point de vue d'un enfant, comme si cela lui était tout de même nécessaire pour se "lancer", le film n'a jamais peur d'aller dans le macabre. Mais reste magique.

En somme, le film raconte la même chose qu'E.T.. Dans ce dernier, le protagoniste va passer à l'âge adulte et accepter le départ de son père par le biais de l'acceptation du départ de l'extra-terrestre avec lequel il a noué une relation symbiotique. Ici, la fin de l'innocence s'incarne non plus à travers une amitié SF mais via la guerre, bien réelle, et donc la mort.

Le camp de prisonniers qui viennent de la haute société, les charismatiques profiteurs de guerre, le mariage du sexe et de la mort...y a déjà du Schindler dans Empire du Soleil. Mais on est encore dans la fiction (même s'il s'agit d'autofiction, à la base, dans le roman de Ballard), à mi-chemin entre E.T. et La Liste de Schindler donc. J'adore l'espèce de relecture d'Oliver Twist en film d'apprentissage sur le trouble identitaire vécu par un enfant en temps de guerre, petit bourgeois anglais, vivant en Chine, passionné par les avions japonais, attiré par les filous américains. Dix-sept ans avant le Viktor Navorski du Terminal, Jaime était déjà un citoyen de nulle part, un apatride dont le foyer est une prison.

Tout comme Elliot, Jaime souffre d'une séparation et se lie avec des figures paternelles alternatives en guise de substitut mais à l'inverse d'Elliot, Jaime ne s'est pas trouvé au cours de l'aventure. Il s'est perdu. Heureusement, contrairement à Elliot, il retrouve ses parents. Et c'est seulement quand il les retrouve, et qu'ils l'appellent par son prénom, qu'ils les reconnaît et que le "Jim Graham" inventé par Basie peut mourir, comme le symbolise ce dernier plan en écho au premier, montrant la valise trimballée tout le long du film, flotter sur la même rivière que les cercueils du début.

Là où le film se distingue d'E.T., c'est aussi dans son rejet du divin. Pour un croyant comme Spielberg, c'est un film étonnamment athée. Outre que Jaime se revendique comme tel au début, lorsqu'il croit voir l'âme de Mrs. Victor s'élever au ciel à la fin, c'est en réalité la bombe A. Adieu l'innocence de la foi.

Et ça nous mène directement à Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal.

Ou l'histoire d'un vieux héros qui cherche sa place dans le monde. On le sort d'un coffre où il était enfermé, il pénètre un décor de famille idéale où il est totalement intrus...

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Il se retrouve face au champignon atomique, horreur bien réelle à l'opposé du surnaturel...

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Ce n'est pas un hasard si, dès le départ, la science(-fiction) concrète se substitue au fantastique (l'alien - pardon, l'être inter-dimensionnel - est montré d'entrée), et n'a de cesse de demander si Jones n'est pas dépassé par ce nouveau monde. Le plan du départ de la soucoupe à la fin du film fait directement écho à celui du champignon atomique.

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C'est simple : entre le troisième et le quatrième film, il y a eu la guerre.
Ça c'est dans la diégèse mais dans le monde réel aussi 19 ans se sont écoulés et il y a aussi eu la guerre pour Spielberg. Ou plutôt les films de guerre.

Le cinéaste avait dit qu'il lui était impossible de réutiliser les nazis comme antagonistes pour Indiana Jones après avoir fait La Liste de Schindler.

Quelle est la place pour Jones dans ce monde d'après guerre? Aujourd'hui froide, elle le prive même de foyer, son propre gouvernement remettant en question son patriotisme, sa loyauté et donc son appartenance au pays. Il avait déjà perdu sa mère quand il était jeune, il a maintenant également perdu son père, retrouvé après des années d'éloignement.
Invoqué par Oppenheimer, le "Destroyer of Worlds" est désormais réel, ce n'est plus Krishna mais la bombe atomique. Les aliens aussi sont réels. Jones, orphelin, n'a plus rien à quoi se raccrocher.

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Jusqu'à ce qu'il se trouve une famille.

En retrouvant Marion, en se découvrant un fils, Jones a enfin une raison de "stick around" pour répondre à la question de son fils. Comme dit Avner dans Munich, son foyer, cette notion à laquelle aspirent tous les personnages de Spielberg, ce n'est plus une terre mais sa famille.

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Alors vos marmottes numériques, vos frigos qui rebondissent, vos incrustations malheureuses et vos Shia LaBeouf qui font Tarzan, ils pèsent pas lourd dans un film aussi riche et beau et fun.


Vous remarquerez que, bien que je l'ai placé entre Empire du Soleil et Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal, je n'ai pas parlé de Tintin. C'est parce que, si je l'ai bien regardé entre ces deux films, son intemporalité le rend complètement intrus où que ce soit en fait.
Je l'évoquais déjà plus haut dans ce topic, quand j'annonçais ma rétro chrono :
Film Freak a écrit:
Tintin est le seul dont la date est vraiment pas claire :
Citation:
In the beginning of the movie, a newspaper stating that Tintin uncovered a tribe of gangsters in Africa has the date Wednesday, January 29th, 1930. The book on which the movie is based places the story in 1943. Right after the agent is killed at Tintin's frontdoor, we see some Citroën 2CV's parked outside, and when Tintin looks at the bloodstained newspaper, we see it is dated December 12th, 1944, but the 2CV is produced between 1948 and 1990. When the detectives leave Tintin's place, you see a yellow Renault 4cv parked at the other side of the street. This car was first introduced at the 33rd Paris Motor Show on October 3rd, 1946. In The Art of The Adventures of Tintin, a book which chronicles the making of the film, Weta Digital VFX Art Director Kim Sinclair was quoted:
"It was decided to set the film in 1949 but we cheated a little because no new cars were being developed during the war. We really wanted to use vehicles like 2CV Citroëns and all the cool cars seen in the original books. So the year 1953 became the absolute cut off point for objects and vehicles. Past 1953 and it starts looking like the 1950s and not like the source books anymore."

Je l'ai donc placé là où cela me semblait le plus juste, notamment pour ne pas faire intrus dans le groupe WWII.
Parce que c'est l'intérêt de cet exercice, accentuer les concordances entre les films, voir comment ils peuvent se nourrir les uns les autres visionné ainsi. Et ça a déjà commencé à porter ses fruits pour un nerd comme moi...

Le film n'est pas juste hors-temps mais tout simplement hors-réalité.
Ce n'est pas le monde réel. Ça se passe en 1944 - on est obligé, par défaut, de se fier à la date du journal - mais il n'y a aucun signe de la guerre. Et puis ils ont tous des gueules à la Hergé quoi.
La performance capture souligne ce parti-pris. Comme je l'écrivais dans ma critique à l'époque, on est quasiment dans de la peinture hyper-réaliste et l'esthétique du film laisse l'impression d'être dans un rêve.
Aujourd'hui, je préciserais que ce rêve, c'est celui de Spielberg.

Je me suis à nouveau fait la réflexion quand j'ai vu le teaser de Ready Player One la première fois : l'animation photoréaliste est probablement ce qu'on peut avoir de plus pur comme manifestation de l'imagination de Spielberg. Le fléau de tout réalisateur, tout artiste en fait, est de réussir à obtenir après tournage et montage et post-production un résultat le plus proche possible de ce qu'il avait en tête et j'ai l'impression que le procédé adopté sur ces deux films permet précisément cela à Spielberg. Nul doute que Kaminski a apporté son expertise sur Tintin mais c'est Spielberg lui-même qui est crédité comme "lighting consultant" et il dit qu'il ne s'est jamais senti aussi proche d'un peintre que sur ce film.

Par conséquent, je lui trouve une qualité proprement fascinante. Ce n'est évidemment pas le film "le plus Spielberg", le plus représentatif, le plus personnel et encore moins son meilleur film, mais c'est sans aucun doute celui où il se lâche le plus, où il laisse le plus libre cours à son imagination, où "anything goes", comme en témoignent ces transitions abusées ou ce célèbre plan-séquence de la poursuite de Bagghar.

En un sens, Tintin c'est l'expression sans filtre du ça de Spielberg.

Si je m'en réfère à la définition de Wikipédia (tut-tut les rageux) : "Conceptuellement, le Ça représente la partie pulsionnelle de la psyché humaine, il ne connaît ni normes (interdits ou exigences), ni réalité (temps ou espace) et n'est régi que par le seul principe de plaisir, satisfaction immédiate et inconditionnelle de besoins biologiques."

That's a bingo.

S'il partage évidemment des points communs avec les autres Spielberg, et s'avère le premier de cette nouvelle vague de films où Spielberg parle directement de son rôle de story-teller (Spielberg EST Tintin, adulte-enfant "toujours à la recherche d'une bonne histoire", obligé d'être constamment en mouvement, vecteur aidant les autres à se développer, en l'occurrence Haddock qui regagne son identité et son foyer), Tintin est unique dans sa filmo.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 18 Jan 2018, 09:30 
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Film Freak a écrit:
un film aussi riche
Bof.
Citation:
beau
Non.
Citation:
et fun

lol



ceci était un message à la Film Freak 8)

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Netflix les gars, Netflix.


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 06 Fév 2018, 10:54 
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UPDATE!

The Post (2018) 5/6
Film utile et passionnant qui fait résonner l'Histoire avec l'actualité, et inversement. Streep règne sur un casting royal.

The BFG (2016) 2,5/6
Pas accroché. L’histoire m’emmerde et esthétiquement c’est très inégal.

Bridge of Spies (2015) 4,5/6
Vachement bien. Suis pas à fond, mais c’est remarquablement fait.

Lincoln (2012) 5/6
Un monument, filmé par un monument, incarné par un monument : le rendez-vous ne déçoit pas. Spielberg, visiblement dans son élément, n'a rien perdu de son talent de conteur et de son sens du détail qui fait mouche. Daniel Day-Lewis, une fois de plus, est exceptionnel, il crève l'écran dans chacune de ses scènes. La réussite du film tient aussi à l'admirable scénario qui a l'intelligence de se concentrer uniquement sur l'événement historique (le vote du 13ème amendement qui abolit l'esclavagisme), tout en dressant un portrait assez complet du personnage, de l'homme politique visionnaire au simple père de famille, avec ses joies, ses blessures. Ses responsabilités. Évitant l'hagiographie, Spielberg (le conteur-né) a pu trouver en Lincoln (l'orateur-né) une figure paternelle comme il les aime tant. Par la mise en scène et par l'interprétation de Daniel Day-Lewis, Lincoln repose sur l'équilibre parfait entre l'iconisation et l'humanisation du personnage, tout en nous faisant vibrer avec ce moment d'Histoire. C’est superbe.

War Horse (2011) 4/6
Rattrapé l’an dernier. Assez séduit par cette proposition à l’ancienne, avec une esthétique qui frôle le kitsch mais qui est, en fait, superbe. Un beau film, mais que je trouve en retrait dans sa filmo.

The Adventures of Tintin (2011) 5,5/6
J’adore. Vu deux fois de suite au ciné, VO puis VF. Le cinéphile et le tintinophile en moi ont tous deux étés comblés, ravis. A mes yeux une magnifique réussite, faite avec amour et respect. La mocap était vraiment ce qu’il fallait pour adapter Tintin sur grand écran.

Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull (2008) 2/6
Une sacrée déception, un peu gênante. Non seulement je n’ai pas aimé, je trouve le film raté. Je m’en balek du 5e qui arrive – même si je me dis qu’il ne peut que corriger les défauts de celui-ci.

Munich (2005) 5/6
Sorti de là les jambes en coton. Plus revu depuis la sortie - a revoir absolument.

War of the Worlds (2005) 5/6
Film d’une noirceur post-9/11 assez jouissive avec une réal à tomber (putain de spectacle). Je voulais que le fils crève, mais bon...

The Terminal (2004) 4,5/6
Sans grande prétention, mais j'ai marché à fond. Surtout grâce à une perf énorme de Hanks. Je l’ai déjà vu trois fois je crois..

Catch Me If You Can (2002) 5/6
Derrière la légèreté de la course-poursuite tintinophile, cette éternelle question du rapport au père, touchante. Un grand Spielberg, donc, qui bonifie de vision en vision.

Minority Report (2002) 4/6
Plus revu depuis la sortie - à revoir absolument. Je n'avais pas été à fond, bizarrement.

Artificial Intelligence: AI (2001) 5,5/6
A sa sortie en salle, j’en étais sorti mitigé, voire perplexe. Mais la secone vison, et plus encore la troisième, hissent ce film parmi ses meilleurs. C’est somptueux et carrément bouleversant.

Saving Private Ryan (1998) 4,5/6
Plus revu depuis la sortie - a revoir absolument. Total respect pour le débarquement, un tour de force inimaginable. J'avais moins aimé la dernière partie *ce con de Ryan*.

Schindler's List (1993) 6/6
Chef-d’œuvre.

Jurassic Park (1993) 5,5/6
Film dont j’étais fou adolescent. Le premier film que je suis allé voir deux fois au cinéma. Effets spéciaux miraculeux pour un divertissement riche en thèmes, en frissons, en émotions. Grandiose.

Hook (1991) 4/6 (?)
Un des films de mon enfance, dont j'ai usé la VHS. Plus revu depuis longtemps, donc un peu peur de la revision... Mais je crois vraiment que ça tient la route.

Indiana Jones and the Last Crusade (1989) 5,5/6
Vu, revu et rerererererevu la vidéo en son temps… Episode mémorable de bout en bout qui clôt (hum) la trilogie en beauté.

Empire of the Sun (1987) 4/6
Découvert sur le tard. Bien aimé, mais pas la claque espérée.

Indiana Jones and the Temple of Doom (1984) 5/6
Plus revu depuis longtemps... mais c’est mythique!

E.T. the Extra-Terrestrial (1982) 6/6
Chef-d’œuvre. Un des films de ma vie.

Raiders of the Lost Ark (1981) 6/6
Le film d'aventures ultime. Mon préféré de la saga.

Close Encounters of the Third Kind (1977) 6/6
Pour son premier film d'E.T., Spielberg choisit la fascination plutôt que la peur, le contact plutôt que le conflit. Le respect. Film qui m'a marqué au fer rouge étant gosse... Et en 40 ans le film n’a pas une ride. Chef-d’œuvre.

Jaws (1975) 5/6
N'a jamais été culte pour moi, mais c'est en tout point remarquable et exemplaire.

Duel (1971) 5/6
Un pitch qui tue, le sens du suspense et une mise en scène en béton pour un dispositif minimaliste. Juste respect...

Toujours pas vus (et pas spécialement pressé de les voir..):
Amistad (1997)
The Lost World : Jurassic Park (1997)
Always (1989)
The Color Purple (1985)
1941 (1979)
The Sugarland Express (1974)

Mon top 15 :
1. E.T.
2. Schindler's List
3. Close Enconters of The Third Kind
4. Raiders of the Lost Ark
5. A.I.
6. Tintin
7. Indiana Jones and the Last Crusade
8. Jurassic Park
9. Duel
10. Jaws
11. Munich
12. War of the Worlds
13. Catch me if you can
14. Lincoln
15. The Post

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 13 Fév 2018, 17:22 
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Je me suis pas fait les 40 pages du topic pour voir si cela avait été mentionné (mea culpa si c'est le cas), vu passer ce tweet qui peut en intéresser quelques uns



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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 14 Fév 2018, 01:21 
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1957-1962 : Bridge of Spies (2015)

Bien qu'il se passe la même année (pour la première moitié en tout cas) qu'Indiana Jones & the Kingdom of the Crystal Skull et donc évoque soviétiques et Guerre Froide, il n'y a pas aucun vrai pont entre les deux films si ce n'est que celui-ci vient servir de réponse sérieuse au précédent comme Ryan ou Schindler pouvaient le faire aux Indiana Jones mettant en scène des nazis. Toutefois, ce qu'il y a d'intéressant et de différents ici, c'est que là où les nazis étaient le Mal incarné peu importe le genre (film d'aventure fantastique et drame historique inspiré de personnes ayant existé), cette fois on passe de caricatures de soviétiques à des portraits bien plus complexes.

J'en avais déjà parlé à l'époque, dans mon top de fin d'année, mais tout est résumé DÈS LE PREMIER PLAN.

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C'est un film d'images. D'images qui se renvoient l'une à l'autre, de reflets. D'images que l'on se donne ou que l'on affuble. Des deux faces d'une même pièce et de la face qu'on essaie de sauver. Et tout ce propos, sur l'image, dans tous les sens du terme, et la communication, entre les blocs, les héros ou anti-héros, les espions et avec soi-même, est contenu dès ce tout premier plan du film, qui refait une toile de Norman Rockwell, réunissant et opposant l'homme, son reflet et son portrait.

Laquelle est l'image la plus fidèle, la plus vraie? En une image, Spielberg expose toute la complexité de la situation : comment déceler le vrai du faux? La vérité du mensonge? Le patriote du traître? Explorant ainsi la symétrie entre les populations, Spielberg parle d'égalité avec humanité. Et c'est un dernier écho du mur qui vient entamer l'imagerie rockwellienne de l'Amérique.

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S'il reste à mes yeux un Spielberg mineur, Bridge of Spies est un fascinant film de non-espionnage à la structure atypique et qui ose à la fois le romantisme et l'absurde.


1963-1974 : Catch Me If You Can (2002)

Le film de super-héros de Spielberg. C'est pas pour rien que ça commence en 1962, comme la bande-dessinée Spider-Man et le film Dr. No. La scène où Frank arrive dans sa nouvelle école, se fait bousculer puis décide de se faire passer pour un professeur remplaçant, c'est comme une scène de découverte de super-pouvoir. Quand il voit le pilote d'avion au ralenti, il trouve son uniforme de prédilection. Et son arch nemesis pourrait lui sortir un bon vieux "we're not so different, you and I" de bad guy car il vient d'un foyer brisé également.
À ce titre, c'est vraiment un superbe film sur la façon dont les fils voient leurs pères, et comment ceux-ci sont les seuls à voir à travers les mensonges de leurs fils. Dans le film, Frank trompe tout le monde sauf son père, son beau-père, et son père de substitution, l'agent du FBI Carl Hanratty.

De tous les Spielberg axés autour de la quête de la vérité, je n'avais jamais remarqué qu'il s'agissait de celui qui en faisait sa question première. Si c'est l'un des rares Spielberg à être aussi non-linéaire dans la structure, c'est sans doute parce qu'il est construit comme une énigme à résoudre.

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Le 007 de Spielberg, c'est un enfant du divorce qui plonge dans le monde de la fiction pour fuir la réalité.
Ce film, c'est un peu le proto-Ready Player One, on y voit même Frank s'inspirer d'épisodes de séries médicales et juridiques et les rejouer pour atteindre son objectif.
Il a souvent été question de fuite en avant pour les personnages spielbergiens mais la manière dont la fiction, ou l'illusion, intervient comme vecteur de cette fuite semble être quelque chose qui le préoccupait à l'époque parce qu'il y a de ça dans A.I. (le conte de fées qui lance la quête, la fin rêvée permise par les super-méchas) et dans Minority Report (si l'on adhère à la théorie sur la fin imaginée), ses deux films précédents.
Mais au bout de la 3ème fois, Spielberg fait visiblement la paix avec la réalité car Catch Me If You Can est le seul à ne pas se terminer dans l'illusion.

À sa sortie, comme beaucoup de gens, je trouvais que le film était son plus personnel depuis E.T. mais restait mineur. J'avais même charrié Prout Man parce qu'il l'avait immédiatement qualifié de Spielberg majeur, comme en réaction à l'accueil général. Aujourd'hui, je suis plutôt d'accord avec lui.
Et Spielberg aussi d'ailleurs :

Citation:
Pressed to name the film of his that he feels has been most misunderstood, he says, "I think one of the underappreciated movies that I'm so proud of is Catch Me If You Can. I'm really proud of that movie. People enjoy it as kind of a confection, but to me there's some red meat on the bones of that story that I'm very proud of."



1969 : The Sugarland Express (1974)

Troisième fois que je vois le film et je trouve toujours ça aussi inabouti. Road movie en sous-régime qui ne va jamais assez loin ni assez vite dans son délire de poursuite popularisée et n'arrive pas à être le Vanishing Point avec cellule familiale qu'il voudrait être. Il s'inscrit d'ailleurs dans une certaine mode de l'époque (qui n'est sans doute pas ma came donc ça + les personnages tous un peu teubés/pas attachants...) et même si cinq ans séparent les faits relatés de la sortie du film, c'est tout de même un peu le premier film contemporain de Spielberg mais si l'on peut reconnaêtre une qualité au film, c'est qu'il parvient toutefois à se faire intemporel. Ça pourrait se passer n'importe quand.

Le film reste intéressant dans son aspect proto-Spielberg, avec un nombre de fou d'éléments thématiques déjà présents (les parents indignes, les figures d'autorité fourbes et le mouvement perpétuel comme nécessaire à la survie), mais c'est le Spielberg que j'aime le moins avec 1941.


1966-1972 : The Post (2017)

Deuxième vision qui s'inscrit dans le cadre de cette rétrospective et permet au film de renouer avec l'esprit contestataire des films des '70s que Spielberg ne faisait qu'infuser comme parfum à ses films de genre réalisés à l'époque. Entre Lincoln (2013), Bridge of Spies (2015) et The Post (2017), Spielberg aura dédié le plus gros de la décennie à renvoyer l'Amérique aux valeurs fondamentales de sa Constitution : l'égalité (entre blancs et noirs, entre américains et soviétiques, entre hommes et femmes) et la liberté (des esclaves, de circuler, d'expression).

Plus que jamais, je reste époustouflé par cette incroyable mise en scène pour ce qui reste un "petit" film à mes yeux. Il y a quelque chose d'à la fois porteur et léger dans cette chronique succincte d'un moment-charnière où le moindre travelling, le moindre champ-contre-champ est affaire de pouvoir.

En appliquant la réa de Ryan ou Munich à cette histoire, le message est clair : le travail de journaliste est aussi un combat. En somme, The Post, c'est Spielberg qui fait encore un film de guerre.

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 16 Fév 2018, 02:12 
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1972-1973 : Munich (2005)

Bon là on est dans la stratosphère.

Munich ou ce Mission : Impossible où l'on passe son temps à remettre en question l'éthique de sa mission. Rarement thriller aura-t-il été plus pertinemment bavard et cérébral.

J'avais déjà relevé à l'époque comment tout, dans le récit, dans la structure et dans les images, évoquait la communication chère à Spielberg mais pour la première fois, la communication est ici non plus un compromis, un terrain d'entente, mais une perversion. La violence engendre la violence, dit l'adage, c'est parce que si la violence est la seule façon de communiquer alors la communication est stérile, elle devient synonyme de mort.

Dans Munich, la mort contamine tout. Elle hante le protagoniste tout comme elle hante la structure, les retours à l'attentat venant sans cesse se rappeler à son souvenir. Une scène de baise charnelle dans la jouissance au début du film? Une scène de baise mécanique et littéralement parasitée par la mort à la fin. 11 athlètes israëliens tués? 11 cibles arabes. Le montage parallèle les met directement en relation. Et à chaque fois qu'une des cibles sera tuée, la riposte suivra. "We're in dialogue now" dit Carl, conscience du groupe, à propos des représailles du camp adverse. Ce camp avec lequel nos héros n'ont de cesse d'essayer de communiquer (j'avais jamais remarqué comme les premiers assassinats sont précédés d'une scène où un des membres de l'équipe est amené à discuter avec sa cible, notamment l'interview de Hamshari par Robert et la conversation sur le balcon entre Avner et Al Chir). À ce titre, la séquence la plus éloquente est la fameuse scène de l'escalier où l'israëlien en vient à se faire l'avocat du diable, peignant un portrait peu reluisant de son propre foyer.

D'ailleurs, pour la première fois dans un Spielberg, le héros refuse finalement de rentrer chez lui (oui, dans Rencontres du 3ème type, Roy quitte son foyer pour aller avec les extra-terrestres mais parce que c'est sa vraie "place" là où sa famille ne le comprend pas). Ce foyer qu'Ali le terroriste veut, ce foyer qui "coûte cher" comme lui dit Louis, venant d'une famille qui a décidé de placer leurs intérêts au-dessus de toute notion de patriotisme, se détachant de tout gouvernement, y compris le leur où "la merde gaulliste" a remplacé "la merde vichyste". Plus tôt, Avner disait déjà sa femme, qui se moquait alors de lui, que son foyer c'était elle et leur fille. Et on voit dans ses yeux qu'il n'adhère en rien aux propos de sa mère, selon qui la fin (avoir "a place on Earth") justifie les moyens (qu'elle ne veut pas connaître, hypocrite). Ce sabra considéré comme un étranger par les israëliens parce que son grand-père est né à Francfort finit par le devenir, apatride comme Jaime.

Ephraim lui dit de rentrer et Avner répond juste "Non". En retour, quand Avner invite Ephraim à venir "rompre le pain" avec lui, Ephraim répond du même "Non", unique. Et final.
À l'instar de ce dernier regard échangé entre les otages ligotés dans l'hélicoptère et le dernier terroriste armé, la réisgnation désolée des premiers répondant aux larmes du second comme si chacun se rendait à l'évidence : le constat est à l'échec. Ils sont dans une impasse. Aucune communication possible. Il n'y a que la mort. Et le terroriste estime qu'il n'a d'autre choix que de les abattre.

Mais le vrai point final, c'est ce dernier travelling qui suit Avner partir mais s'arrête devant les tours du World Trade Center recréée en CGI dans l'unique but de montrer que le cycle continue.

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MessagePosté: 18 Fév 2018, 00:31 
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1975 : Les Dents de la mer (1975)

Comme beaucoup de gens, je dois ma peur de la mer à ce film. Toutefois, bien qu'il m'ait traumatisé, Les Dents de la mer n'a jamais été un de mes Spielberg préférés. Il l'est pour beaucoup et je n'ai rien à lui reprocher mais je crois que quelque chose dans sa nature même freine mon implication. J'adore le film hein, si je devais noter ce serait un gros 5/6, mais de tous les Spielberg qui ont érigé une histoire de série B d'exploitation en série A, hitchockienne ici (et d'ailleurs, ça m'a frappé cette fois à quel point ça devait être énorme de voir une machine aussi bien huilée à partir d'un postulat de sous-genre et pourquoi ça a autant cartonné à l'époque), c'est sans doute celui qui me parle le moins (le merveilleux de Rencontres du 3ème type et Jurassic Park me touche davantage, l'update des serials que sont les Indiana Jones me transportent plus, etc.)

Néanmoins, derrière cette facture soignée et ces origines bis, Les Dents de la mer est le point culminant de l'obsession majeure de Spielberg à ses débuts : la question de la virilité. Ou comment le film devient une étude de trois archétypes de mâles face à un phallus géant.

La couleur est annoncée par la célèbre introduction, véritable métaphore de date rape. S'ensuit alors les galères d'un flic qui a fui New York pour une bourgade paisible et qui se retrouve impuissant face à l'horreur et à une hiérarchie corrompue (détail quasi-imperceptible : le maire Vaughn, l'autre "méchant" du film, est également promoteur immobilier sur l'île), trop préoccupée par le tourisme pour prendre les mesures adéquates. Tu sens l'influence du Watergate à l'époque...

Pour prouver sa valeur, Brody, le flic aquaphobique à l'autorité bafouée (giflée par une femme devant tout le monde et cocu dans le livre), et Hooper, le nerd gosse de riche, vont devoir s'embarquer avec Quint, le mâle alpha, le chasseur, pour tuer le phallus géant (au bout d'une heure de film! je trouve ça ouf comme c'est tenu comme récit). Quint n'a de cesse de charrier Hooper et ne l'acceptera qu'à l'issue d'un concours de bites qui prend la forme d'un concours de cicatrices censé démontrer qui est le plus badass.

À la fin, l'alpha se fait bouffer les membres inférieurs, le nerd se cache et survit (comme Upham dans Ryan) et c'est le protagoniste à la masculinité remise en question qui l'emporte, comme pour David Mann (get it?) contre son Goliath de camion dans Duel.

Ce sous-texte qui m'avait longtemps échappé me fait aimer encore plus ce film dont la réussite demeure presque accidentelle (la monteuse et John Williams en sont au moins aussi responsables que Spielberg).

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 09 Mar 2018, 02:01 
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1977 : Rencontres du troisième type (1977)
1982 : E.T. l'extra-terrestre (1982)

Il a toujours été évident de rapprocher les deux films, de par leur (sous-)genre notamment, même si l'un se déroule sur plusieurs continents et implique le gouvernement tandis que l'autre se déroule presque intégralement dans une maison et adopte une dimension plus intime, de par leur inspiration biblique (Roy/Moïse prophète de Devil's Tower/Mont Sinaï, E.T. et son parcours christique) qui confine habilement et non grossièrement la SF au divin.
Toutefois, les enchaîner accentue une autre thématique qui fait de ce binôme un diptyque sur le divorce des parents de Spielberg.

À mes yeux, Rencontres restera le film séminal de son auteur. Il y a déjà plein de choses dans les deux précédents mais j'ai vraiment l'impression que la signature Spielberg tel qu'elle existe dans l'imaginaire collectif naît avec ce film. Et dans ce qu'il représente au sein de la filmographie du cinéaste : premier film pour lequel il est crédité au scénario (même s'il a écrit sur les précédents et que celui-ci est passé entre 1000 mains), premier film sur la communication, premier film sur le divorce...

C'est sans doute ce qui m'a le plus frappé dans cette nouvelle vision. Tout le film parle de communication, dès les premières secondes, lorsqu'un personnage d'interprète doit traduire les témoignages de mexicains pour un scientifique français, et évidemment jusque dans son apothéose toujours aussi incroyablement et UNIQUE quarante ans après (j'imagine le pitch aux studios : "alors on créé un crescendo tout lent pendant tout le film et à la fin, quand l'Homme rencontre enfin l'Extra-terrestre, ils font un boeuf au synthé"). Mais à côté de cette quête d'une communication avec une entité autre, étrangère, il y a la mort de la communication au sein du couple.

Mari et femme ne parviennent pas à communiquer l'un avec l'autre, Roy n'arrive pas à communiquer ce qu'il ressent, ce qu'il a vu. Très vite, ils ne s'écoutent plus, littéralement parfois, et ne se parleront plus et donc ne seront plus (un couple). J'ai beau avoir vu le film plusieurs fois, je n'avais jamais saisi ce parallèle en vases communicants.

Quand, lors de la promo de La Guerre des mondes, Spielberg disait qu'il serait désormais incapable de finir Rencontres du troisième type tel qu'il l'avait fait (le père abandonnant ses enfants), parce qu'il était devenu père entre temps, j'avais réalisé que je ne m'étais jamais rendu compte que c'était effectivement impensable. Bon, techniquement, sa famille l'abandonne avant et, comme je l'avais évoqué deux messages plus haut, Roy va "where he belongs". Le film prend bien le temps de montrer que c'est la seule solution pour la santé mentale de Roy. Il est "appelé" à la montagne, il a besoin d'y aller, besoin de voir...donc quand il monte dans le vaisseau, on valide totalement. Parce que c'est le genre de truc qui ne se refuse pas. Le truc cool au possible.

Comme un enfant qui justifierait le départ de son père en disant qu'il est "agent secret en fait".

Rencontres du troisième type, c'est Spielberg qui essaie d'expliquer le départ de son père. Le fantasme d'un gamin justifiant que son père ait pu quitter sa mère, abandonner sa famille, etc. C'est pas pour rien que Roy est caractérisé comme un gros gamin.

Le foyer brisé du passé de Spielberg rend la lecture de plusieurs de ses films évidente mais je ne me l'étais jamais formulé exactement ainsi et quand ça a fait tilt, j'ai tout de suite pensé à E.T....et comment il s'agit d'une réponse directe à cette vision idéalisée du départ du père.

C'est vraiment une suite spirituelle. Quand E.T. commence, le père est déjà parti...et il n'est plus le protagoniste cette fois (même s'il s'agissait du point de vue d'un enfant - Spielberg - sur un père), le protagoniste, c'est l'enfant et son parcours va justement être d'accepter le départ de son père. Alors certes, cette maturité sera acquise par le biais du fantastique, mais il n'y a pas de miracle. Le père ne revient pas. Et E.T. se casse.

Si Rencontres du troisième type montrait la mort de la communication au sein du couple parce que monsieur n'arrivait pas à communiquer à madame ce qu'il ressentait, E.T. pousse le principe encore plus loin en l'inversant. Il n'est plus juste question de communication mais carrément de communion. Dès lors qu'ils entrent en contact, lors d'une de ces scènes, récurrentes dans la filmo de Spielberg, dans lesquelles un personnage imite les gestes d'un autre, quelque chose s'active, comme Monica activant l'amour de David dans A.I.. Dès lors, Elliott ressentira ce qu'E.T. ressent.

Au-delà de la figure de la famille éclatée, E.T. est le Spielberg le plus personnel parce qu'il y dévoile son idéal de communication : l'osmose.
Et c'est métafilmiquement son plus grand accomplissement parce qu'il parvient à créer l'osmose entre Elliott et le spectateur.

Je crois qu'il n'y a aucun autre personnage dont j'ai autant ressenti les joies et les peines, avec autant d'intensité. Ce film me déshydrate. Sérieux, hier encore, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. E.T. ressuscite en disant "E.T. phone home!" et moi j'étais genre

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Je trouve ça sidérant comme film. Cette succession de tout petits rien, de moments cruellement et magnifiquement quotidiens, familiers, universels. Cette pureté, du récit, de l'émotion, de la relation entre Elliott et E.T. L'adorablité de Drew Barrymore, le parcours en arrière-plan du frère qui retombe en enfance en se remettant à croire, à parler comme son frère, à avoir peur et à se réfuger parmi ses jouets. Bordel que c'est beau.
Je trouve hallucinant la démarche d'enchaîner les grosses machines que furent Les Dents de la mer, Rencontres du troisième type, 1941 et Les Aventuriers de l'Arche perdue avec ce tout petit film "pour enfants" mais qui est juste SUPER TRISTE.

Comme je l'avais dit à propos d'Empire du Soleil, c'est le premier film de Spielberg sur la désillusion, sur la perte de l'innocence. Pour utiliser une formule cliché, E.T. c'est le film de la maturité. Pour le cinéaste mais aussi pour l'homme, sur sa propre histoire.

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MessagePosté: 14 Mar 2018, 01:49 
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1982 : The BFG (2016)

Bon, sur ce film, j'ai un peu déjà tout dit, notamment sur la manière dont il dialogue avec E.T. Pas besoin de les enchaîner dans le cadre d'une rétrospective dans l'ordre diégétique pour les rapprocher.

Le pitch, l'acronyme, le fait d'aller chercher Melissa Mathison, le fait de garder l'année 1982 (date de publication du roman)...il y a une démarche consciente, délibérée et, comme je le disais à l'époque de la sortie : "C'est moins un film qui cherche à refaire E.T. qu'un commentaire sur la démarche elle-même. On n'est pas très loin du propos sur les dangers de la nostalgie de son Ready Player One à venir et l'ambigüité des dernières minutes du film, plus triste que celle du livre, peut se lire comme une réponse à cette quête illusoire."

La clé du propos de Spielberg réside dans les changements vis-à-vis du livre.

Dans mon top de fin d'année, j'écrivais ceci : "En effet, dans le livre, le BGG se fait construire un château avec un cottage à côté pour Sophie tandis que le film se conclue avec la séparation de Sophie et du BGG. Elle est adoptée et a le droit de grandir comme une petite fille normale tandis que le géant continue à fabriquer ses rêves, mais seul. Avec Empire du soleil, Spielberg avait déjà tué l'enfant en lui, avec Le BGG, il semble en faire le deuil une bonne fois pour toutes. Comme en témoigne ce tout dernier plan, il peut repenser à cet enfant de temps en temps avec un sourire nostalgique, mais la rupture est consommée."

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Un dernier plan qui répond directement à celui d'E.T.

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On pourrait croire que le sourire du BGG témoigne d'une fin plus heureuse que celle illustrée par la tristesse d'Elliott mais depuis A.I., les fins des films de Spielberg sont bien moins premier degré qu'elles ne le semblent.

L'autre modification par rapport à l'ouvrage original, c'est que chez Spielberg, le BGG avait kidnappé/adopté un premier enfant/ami et ce dernier a fini bouffé par ses congénères. "Le BGG c'est un Peter Pan qui aurait grandi mais qui serait resté au Pays Imaginaire tout en continuant à kidnapper des enfants pour ne pas être seul. C'est l'histoire d'un E.T. qui aurait connu un Elliott et l'aurait perdu." disais-je dans ma critique et "Par conséquent, si le géant représente Spielberg, alors il est ce Peter Pan qui a grandi, cet E.T. qui a perdu Elliott. Il est un conteur à la recherche de l'enfant en soi. En réalité, Spielberg est autant le géant que la petite fille et Le BGG, le dialogue entre un cinéaste et la magie de ces films d'antan qu'il cherche à retrouver."

Une magie qu'il retrouve lors de quelques fulgurances mais je dois avouer que j'ai eu plus de mal avec le film en le revoyant (pour la 3e fois mais première à la maison), trop inégal, trop lâche dans sa structure, trop gamin par moments.


1989 : Always (1989)

C'est seulement la deuxième fois que je vois le film après au moins 15 ans. Je ne me souvenais quasiment de rien...et ce sera probablement à nouveau le cas dans 15 ans ou moins.

Ça a beau être le remake d'un des films préférés de Spielberg, je ne retrouve pas beaucoup le cinéaste dans ce récit sans grande surprise, parfois un peu niais ou simplet sur les notions qu'il aborde. Le cast est charmant, même ce grand dadais vaguement fade qu'est Brad Johnson, mais que ce soit la communication (avec l'au-delà!) ou la maturation du protagoniste, ces deux thèmes chers à l'auteur, l'écriture est trop élémentaire pour obtenir un résultat plus probant. Et surtout plus touchant.

Je trouve l'exposition trop longue et en même temps, j'aime assez les deux premières scènes, qui prennent leur temps comme rarement pour présenter le couple, ce qui le rend franchement attachant, mais dans l'ensemble, je ne sens pas Spielberg particulièrement inspiré sur ce film.

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1982 : The BFG (2016)

Bon, sur ce film, j'ai un peu déjà tout dit, notamment sur la manière dont il dialogue avec E.T. Pas besoin de les enchaîner dans le cadre d'une rétrospective dans l'ordre diégétique pour les rapprocher.

Le pitch, l'acronyme, le fait d'aller chercher Melissa Mathison, le fait de garder l'année 1982 (date de publication du roman)...il y a une démarche consciente, délibérée et, comme je le disais à l'époque de la sortie : "C'est moins un film qui cherche à refaire E.T. qu'un commentaire sur la démarche elle-même. On n'est pas très loin du propos sur les dangers de la nostalgie de son Ready Player One à venir et l'ambigüité des dernières minutes du film, plus triste que celle du livre, peut se lire comme une réponse à cette quête illusoire."

La clé du propos de Spielberg réside dans les changements vis-à-vis du livre.

Dans mon top de fin d'année, j'écrivais ceci : "En effet, dans le livre, le BGG se fait construire un château avec un cottage à côté pour Sophie tandis que le film se conclue avec la séparation de Sophie et du BGG. Elle est adoptée et a le droit de grandir comme une petite fille normale tandis que le géant continue à fabriquer ses rêves, mais seul. Avec Empire du soleil, Spielberg avait déjà tué l'enfant en lui, avec Le BGG, il semble en faire le deuil une bonne fois pour toutes. Comme en témoigne ce tout dernier plan, il peut repenser à cet enfant de temps en temps avec un sourire nostalgique, mais la rupture est consommée."

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Un dernier plan qui répond directement à celui d'E.T.

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On pourrait croire que le sourire du BGG témoigne d'une fin plus heureuse que celle illustrée par la tristesse d'Elliott mais depuis A.I., les fins des films de Spielberg sont bien moins premier degré qu'elles ne le semblent.

L'autre modification par rapport à l'ouvrage original, c'est que chez Spielberg, le BGG avait kidnappé/adopté un premier enfant/ami et ce dernier a fini bouffé par ses congénères. "Le BGG c'est un Peter Pan qui aurait grandi mais qui serait resté au Pays Imaginaire tout en continuant à kidnapper des enfants pour ne pas être seul. C'est l'histoire d'un E.T. qui aurait connu un Elliott et l'aurait perdu." disais-je dans ma critique et "Par conséquent, si le géant représente Spielberg, alors il est ce Peter Pan qui a grandi, cet E.T. qui a perdu Elliott. Il est un conteur à la recherche de l'enfant en soi. En réalité, Spielberg est autant le géant que la petite fille et Le BGG, le dialogue entre un cinéaste et la magie de ces films d'antan qu'il cherche à retrouver."

Une magie qu'il retrouve lors de quelques fulgurances mais je dois avouer que j'ai eu plus de mal avec le film en le revoyant (pour la 3e fois mais première à la maison), trop inégal, trop lâche dans sa structure, trop gamin par moments.


1989 : Always (1989)

C'est seulement la deuxième fois que je vois le film après au moins 15 ans. Je ne me souvenais quasiment de rien...et ce sera probablement à nouveau le cas dans 15 ans ou moins.

Ça a beau être le remake d'un des films préférés de Spielberg, je ne retrouve pas beaucoup le cinéaste dans ce récit sans grande surprise, parfois un peu niais ou simplet sur les notions qu'il aborde. Le cast est charmant, même ce grand dadais vaguement fade qu'est Brad Johnson, mais que ce soit la communication (avec l'au-delà!) ou la maturation du protagoniste, ces deux thèmes chers à l'auteur, l'écriture est trop élémentaire pour obtenir un résultat plus probant. Et surtout plus touchant.

Je trouve l'exposition trop longue et en même temps, j'aime assez les deux premières scènes, qui prennent leur temps comme rarement pour présenter le couple, ce qui le rend franchement attachant, mais dans l'ensemble, je ne sens pas Spielberg particulièrement inspiré sur ce film.

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MessagePosté: 15 Mar 2018, 01:32 
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1991 : Hook (1991)
1993 : Jurassic Park (1993)
1997 : The Lost World (1997)

Oui, parce qu'il s'agit d'un triptyque. Ou de deux diptyques.

Le premier diptyque est formé par le premier niveau de lecture de Hook et Jurassic Park.
Dans la filmographie de Spielberg, on peut clairement délimiter l'avant et l'après réconciliation entre le cinéaste et son père. Il en a même fait l'histoire d'Indiana Jones et la dernière croisade. Avant ce film, les protagonistes adultes sont souvent des parents "indignes" (Sugarland Express) ou de grands enfants (Indiana Jones) ou les deux (Rencontres du troisième type) et quand les protagonistes sont des enfants, leurs parents les abandonnent/perdent (E.T., La Couleur pourpre, Empire du Soleil). Bouh les parents.

À partir de La Dernière croisade, on se réconcilie avec papa et les protagonistes sont plus souvent des adultes et même plus précisément des pères qui se rachètent (Minority Report, La Guerre des mondes) ou s'assument (Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal). Et quand les protagonistes sont des enfants, leur arc les mènent à comprendre leur père (War Horse), parfois même quand ils ne sont plus des enfants (Munich). Et je parle même pas des enfants qui continuent de vénérer leurs parents même quand ceux-ci sont en-dessous de tout (A.I., Catch Me If You Can).

D'ailleurs, il semble avoir exorcisé ça pour de bon vu qu'il ne parle plus trop de pères depuis War Horse.

Mais ça le préoccupait grandement au début des années 90 et ça se ressent dans ses trois premiers films de la décennie.

Ce que je trouve fascinant dans Hook, ce n'est pas simplement son pitch high concept "et si Peter Pan avait grandi?" mais la réponse que Spielberg donne à la question "pourquoi Peter Pan a grandi". Parce que si Peter a oublié qu'il était Peter Pan, il a aussi oublié pourquoi il ne l'est plus. Peter Pan est devenu adulte et donc, comme les seuls adultes du Pays Imaginaire, un pirate, des temps modernes évidemment (très bien vu), mais surtout un parent oublieux...mais l'idée géniale, c'est cette révélation tardive qu'il a grandi parce qu'il voulait devenir papa et qu'il s'agit alors de la pensée heureuse qui lui permet de voler. Le fait de lier l'acceptation de grandir de Peter Pan à la paternité m'a toujours ému mais là, encore plus que d'habitude (constat avec cette énième vision, mais la première depuis que je suis papa, que ce film, malgré tous ses indéniables défauts, me touchera toujours plus qu'un The BFG).

Le propos de Jurassic Park, au-delà du conte moral "jouez pas à Dieu", est carrément énoncé à un moment donné par Alan Grant dans le film et porte sur la nécessité d'évoluer. Ainsi son protagoniste passe-t-il de mec qui déteste les enfants à figure paternelle adoptive de deux enfants dont les parents divorcent. Il ne s'agit donc plus juste de devoir grandir, comme pour nombre de protagonistes (enfants) spielbergiens jusqu'à présent mais de grandir pour prendre ses responsabilités.
Même La Liste de Schindler témoigne de cette thématique, avec son dragueur de héros qui ne veut pas d'enfants mais s'éveille à l'horreur de la Shoah en regardant une petite fille et devient le "père" de tous les "juifs de Schindler".

Dès Le Monde perdu (et par la suite donc), ça le préoccupe moins et ce malgré la présence de la fille d'Ian Malcolm, quasiment une figurante avant son numéro de gymnastique de triste mémoire. Mais bon, c'est aussi parce que Le Monde perdu est un film qui ne raconte quasiment rien.
Ou du moins, rien de nouveau.

Et c'est là qu'on passe dans les autres niveaux de lecture de Jurassic Park.

J'avais déjà remarqué par le passé la façon dont Jurassic Park, qui suit Hook dans la filmo de Spielberg quel que soit l'ordre dans lequel on choisit de regarder les films, semble être une illustration de la désillusion vécue par Spielberg sur sa suite des aventures de Peter Pan.

Dans un texte de 2003, j'écrivais :
"En effet, Jurassic Park se présente également comme un voyage vers un monde merveilleux. On troque l’île du Pays Imaginaire pour Isla Nublar, territoire choisi par le milliardaire John Hammond pour recréer scientifiquement des dinosaures afin de les exposer au monde entier. D’un pseudo-Disneyland à un autre, Spielberg semble se répéter, seulement cette fois, le parc d’attractions va perdre toute sa superbe lorsque le séjour prend une tournure autrement plus pessimiste. Jurassic Park, c’est Disneyland qui déraille. L’esthétique du merveilleux qu’a tant favorisée Spielberg depuis 1977 traverse le film dans sa magnifique première heure, concrétisant le rêve de millions de (grands) enfants en ramenant les dinosaures à la vie."

Mais le merveilleux va vite céder la place à l'horreur (et pas juste pour la durée restante du film ou sa suite mais également le reste de la filmo de Spielberg jusqu'à The BFG).

Ce Disneyland qui déraille, c'est Hollywood. Ce parc d'attractions qui fait rêver mais s'avère un cauchemar, c'est le tournage de Hook, avec ses stars, ses décors, ses costumes, sa surenchère, sa boursouflure, etc. Spielberg a beau avoir "dépensé sans compter", il s'est laissé berner par une illusion. Ainsi le parc de Hammond, avec son logo qui est celui du film (et fini couvert de boue à la fin), avec son merchandising qui est le même que celui du film, devient une allégorie de blockbuster.

Jurassic Park est plus que jamais un film sur le cinéma et le regard, l'envie de voir, jouant sans cesse avec le public (cf. l'intro : des feuillages qui bougent, ça va être un dinosaure! ah non c'est un véhicule...mais en fait dedans c'est un dinosaure!), jouant sur la suggestion (la vache bouffée hors champ par les raptors avec le harnais qui réapparaît déchiqueté), la frustration (les personnages ragent de ne pas voir les dinosaures), l'ellipse (quand les raptors attaquent alors que Grant est au téléphone et qu'on reste sur Hammond avant de revenir sur les autres et de ne voir que deux impacts de balle puis un fusil à terre), le danger (quand le T-Rex "crève l'écran" en enfonçant le toit vitrée de la jeep des enfants).
Cette scène est la plus parlante, d'ailleurs. Morceau de bravoure du film, intelligemment dénué de musique, l'attaque de la jeep des enfants par le T-Rex est une scène terrorisante où l'on se retrouve tout aussi pétrifié que Grant et Malcolm dans leur jeep à eux, spectateurs derrière leur pare-brise/écran.

Putain, même quand ça disserte sur l'éthique du clonage (j'hallucine a posteriori sur la présence de cette scène longue dans un "film pour enfants"), ça se passe dans un décor improbable (et oppressant) où la table des convives est située au milieu d'une pièce dont les murs sont couverts d'écrans où sont projetées des images.

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Dans Le Monde perdu, Spielberg n'est plus Hammond mais ce Malcolm qui baille en début de film, qui doit retourner sur l'île (même si c'est celle d'à côté) à contre-coeur et qui ne cesse de casser le délire de ceux qui s'émerveillent devant les dinosaures. Spielberg, lui, ne cherche plus à nous émerveiller. Il suffit de voir le découpage de la scène des stégosaures qui n'a rien à voir avec le crescendo magnifiquement millimétré de la découverte du brachiosaure dans le premier film.

Non, Spielberg passe ici en mode sadique. Et le morceau de bravoure de ce film-ci, l'attaque de la double caravane par les deux T-Rex, l'illustre bien. Spielberg ne joue plus du tout sur la terreur pure mais sur le suspense (les personnages sont d'ailleurs LITTÉRALEMENT suspendus à une corde), que ce soit avec Sarah sur la vitre (mythique) ou quand il fait se démener comme un pauvre diable Eddie (génial Richard Schiff) avec sa corde, son câble, sa bagnole, ses essais multiples, et il tombe dans la boue, et le câble est trop court, et la corde se détache, et les héros glissent...tout ça pour le faire couper en deux par les dinos. Cette fois, ce ne sont plus les avocats cupides et désagréables ou les informaticiens traîtres et irrespectueux qui se font punir. Ça peut même tomber sur une petite fille qui partageait pourtant son sandwich au rosbif.

Dieter assailli de petits dinos comme dans un film de zombies, le mexicain qui devient une merde humaine collée à la patte du T-Rex, Papa T-Rex qui encourage son petit à bouffer le neveu véreux de Hammond puis le regarde faire fièrement... Spielberg est vraiment méchant ce coup-ci. Le cinéaste cède trèèèès rarement au cynisme mais quand il fait débarquer le T-Rex à San Diego, achevant l'hommage à King Kong, et qu'il dézingue un vidéo club dans lequel on peut voir une affiche de King Lear avec Schwarzenegger, tu sens qu'il est un peu taquin. C'est pas Bad Boys II non plus mais tu sens le mec un peu en mode "niquez-vous".

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 Sujet du message: Re: Steven Spielberg
MessagePosté: 15 Mar 2018, 12:29 
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Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Top Steven E. De Souza

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Billy Hayes

16

3044

17 Oct 2006, 18:17

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Steven Soderbergh

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Film Freak

21

3805

12 Nov 2012, 18:19

Mickey Willis Voir le dernier message

 


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