Je suis assez réticent devant ce type de "décodage"...
ça voudrait dire que la "clef" en même temps que le "fil rouge" thématique qui permettraient de saisir l'unité de la filmo de Spielberg, ce serait qu'il a souffert du divorce de ses parents, et qu'il a dû représenter différentes images de père lui permettant au bout du compte de le comprendre, une fois devenu père lui-même, et de dire adieu à sa propre enfance?
Franchement, ce ne sont là que des super-clichés de psychologie de magazine et de bazar, et ces thématiques sont toujours soulignées au gyrophare dans n'importe quel film mainstream des familles : je m'étonne donc de ce réductionnisme qui consiste paradoxalement à les hisser à la hauteur d'un Sésame de toute la filmo d'un réalisateur. Voilà donc tout le mystère, toute la richesse à extraire du cinéma de Spielberg? Si c'est ça...
J'ai plutôt l'impression que tu interprètes et reconstruis la "psychè" de Spielberg comme si lui-même était le perso principal d'un film amblin dont tu serais fantasmatiquement le réalisateur à force d'identification personnelle.
Inscription: 25 Nov 2005, 00:46 Messages: 86816 Localisation: Fortress of Précarité
Ce n'est qu'une donnée et un thème parmi tant d'autres dans sa filmo. Tu peux, sans connaître son passé, noter les récurrences thématiques de son oeuvre et en déduire la vision du monde de l'auteur. Nul besoin de connaître le sésame.
Je ne suis pas psy, je n'ai pas pour vocation de guérir Spielberg, je me contente d'étudier son parcours, de voir ce dont il choisit de parler dans ses films et comment il en parle, comment cela évolue au fil des ans, etc.
Et sinon, je ne pense pas parler UNIQUEMENT du divorce de ses parents, là c'est toi qui réduis tout à ça.
Je ne dis pas que tu es psy, puisque je souligne que ces thématiques sont des clichés sursignifiés, justement faits pour qu'on se dise "ah tiens, une thématique" . On les sert à la louche dans le cinéma des familles mainstream, d'une part. Elles sont centrales dans le cinéma de Spielberg de l'autre, s'offrant avec tant de visibilité qu'elles sont des "effets de signature".
Or un "effet de signature", pour moi, ce n'est pas avoir une thématique. On a tendance à confondre thématique (réelle, personnelle, vécue), et effet de thématique (pour donner du réel, de la personnalité et du vécu à ce qui n'en a pas et sinon resterait de la dramaturgie de carton-pâte).
Le divorce des parents que tu évoques fonctionne mutatis mutandis comme le "trauma originaire" à partir duquel on déploie l'arc d'un perso dans les règles habituelles d'un cinéma assez formaté qui, il faut bien le dire, use et abuse comme le montrait Gilles Deleuze de l'hyper-oedipianisme comme horizon de compréhension des désirs, pensées, actions des personnages de carton-pâte de ce cinéma-là. En somme, ta lecture nous offre une version "amblin" de Spielberg (comme individu) au centre de ses films "amblin" et les résumant.
Donc, on a le divorce des parents, trauma motif, ensuite les représentations de pères pour tenter de sublimer ce dernier (de père-enfant lui-même à père-père), puis, en acmé de ce "tout-à-l'égo" oedipien, l'adieu ému à sa propre enfance. C'est ça, ou dans les limites étriquées de cet imaginaire de psycho mag, tout l'horizon personnaliste contenu derrière la filmo de Spielberg?
Alors de deux choses l'une: ou tu as raison, c'est bien ça la matière psychique qui agit les films de Spielberg, et alors quelle vacuité, platitude et insignifiance, que tout l'imaginaire se ramène en dernière instance à la "petite affaire personnelle et privée" tournant toujours autour de papa-maman. Ou tu as tort, et on peut encore espérer que le cinéma de Spielberg soit bâti sur un imaginaire un peu plus intrépide, un peu plus risqué, que ce psychologisme œdipien dont en effet ses films sont grevés .
Notons par ailleurs que cette tendance à réduire les films à des enjeux de psychologie personnelle qui ramènent à l'Auteur comme le centre de tout, est une tendance hélas dominante dans la Critique ciné, dénotant la pauvreté analytique des outils dont on dispose. (Hélas encore, cette tendance se relie à cette tendance dominante, dans un certain cinéma dit "d'auteur", français ou non, à se prendre soi-même - le réalisateur/auteur - et surtout ses "souvenirs d'enfance", comme le centre du monde. A tel point que désormais on a l'impression qu'en France ou ailleurs, faire un film dit d'auteur, c'est badigeonner la toile de trucs et bidules œdipiens/familiaux qu'on ressort de sa "propre enfance perso" comme des bibelots sortant de leur naphtaline.)
Tout ça donne à penser sur l'infantilisation exponentielle des films et de leur portée analytique, infantilisation qui semble devenue la règle générale. Au nom de cette ineffable "magie de l'enfance" (ceux qui n'y souscriraient pas inconditionnellement auraient bien sûr perdu, sinistres peine-à-jouir, leur "âme d'enfant"). En somme, ce qu'il faut entendre derrière cette nouvelle tyrannie de l'enfance devenue la clef ultime pour traiter toute matière filmique ou exégétique, c'est l'éradication grandissante d'une approche un tant soit peu "politique" du monde, cad en termes non strictement individualistes ou égo-centrés.
Je pense sincèrement que la régression progressive des fictions, de l'imaginaire, vers l'ego a-politique de persos qui se résume à avoir un "trauma d'enfance" tournant autour de l'absence préjudiciable d'un père ou d'une mère, je pense que cette réduction de la représentation du monde à des tropes personnalistes (moi je) ou familialistes (nous nous) isolés de toute compréhension systémique (socio-politique), a un lien évident avec la domination de l'individualisme néo-libéral.
Avant, on avait la "politique des auteurs", qui n'était pas forcément pertinente. Maintenant, on a "l'enfance des auteurs", ce qui n'est pas forcément mieux.
Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 15 Mar 2018, 19:47, édité 1 fois.
l'ellipse (quand les raptors attaquent alors que Grant est au téléphone et qu'on reste sur Hammond avant de revenir sur les autres et de ne voir que deux impacts de balle puis un fusil à terre)
Tu mets ça sur le compte de l'ellipse volontaire mais j'ai toujours eu l'impression que cette séquence était un peu bâclée.
Citation:
Ok.
LOL
Dernière édition par Déjà-vu le 15 Mar 2018, 17:58, édité 1 fois.
Dans ta manière de t'exprimer, tu IMPOSES des vérités sur l'oeuvre d'un réalisateur...je ne peux pas, je ne veux pas, et je ne sais pas discuter avec des gens comme toi.
Il ne s'agit aps de se retrancher derrière des parades style "chacun ses goûts etc.", non c'est juste un constat d'échec. Il m'est impossible de discuter avec des gens comme toi. Et si ça fait de moi quelqu'un à l'esprit fermé alors soit, j'assume entièrement.
[...]
Citation:
He, le nouveau, balade-toi un peu sur ce forum avant de balancer tes vérités "simplifiées" à la va-vite. Je discute quand il y a une ouverture possible, d'un côté comme de l'autre. Ici, je n'entrevois aucun ouverture, aucun espoir.
[...]
Citation:
Enfin disons que toi tu vois dans le cinéma de Spielberg et dans son choix d'explorer sans cesse ce thème, cette représentation, le symbole d'une inscription dans une pensée consensuelle et conformiste (or, déjà, là, on diffère, moi j'y vois surtout un auteur obsédé, comme tant d'autres, par une figure qu'il n'a de cesse de traiter au travers de ses oeuvres et un thème qui découle directement de son expérience personnelle qui se trouve être une expérience et un thème qui résonnent chez un bon nombre de spectateurs car, en effet, dans la société et la civilisation d'aujourd'hui, le rôle du père a une grande importance ; alors oui, on peut se demander "mais pourquoi ne cherche-t-il pas à se défaire de ce "cliché" -comme tu dis-?" mais toi tu y réponds qu'il s'agit d'un enfermement dans un contenu sentimental bien-pensant destiné au grand public forcément adepte de cette idée et de cette représentation du père...et bien ce n'est juste pas ma réponse) et tu utilises cet argument pour, en gros, dénigrer son cinéma (et donc, n'étant pas d'accord avec l'argument de base, je peux difficilement être d'accord avec ce à quoi il aboutit dans ton discours).
Inscription: 25 Nov 2005, 00:46 Messages: 86816 Localisation: Fortress of Précarité
Non mais là que puis-je répondre, concrètement?
J'entends ce que dit Jerzy et je trouve ça réducteur. Au-delà de la pertinence de son propos (que je ne remets pas en question, c'est un point de vue valide), je ne me limite pas à de la psycho de comptoir. Je parle d'autres choses dans son cinéma que la figure du père...après on peut enculer les mouches sur ce qui constitue un thème ou un auteur mais je ne trouve pas constructif les débats sur les termes et les catégories. On n'a qu'à dire que j'utilise ça comme des raccourcis de langage et que le fond est ailleurs.
Et su ce find ne t'intéresse pas, bah écoute je continuerai d'écrire pour Castorp et Arnotte
Ben oui, d'autant qu'il y a à boire et à manger dans tes messages. Des trucs dont je me bats les couilles (la famille, vu que ça me gonfle chez Spielberg), et d'autres trucs qui je trouve éclairent vraiment les films d'une façon intéressante.
_________________ "Je vois ce que tu veux dire, mais..." "Je me suis mal exprimé, pardon."
Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 1 invité
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets Vous ne pouvez pas répondre aux sujets Vous ne pouvez pas éditer vos messages Vous ne pouvez pas supprimer vos messages