Film Freak a écrit:
The Color Purple (1985)
Pendant longtemps, j'ai repoussé la vision de ce film. Je l'avais en VHS depuis 98, je l'ai laissé pourrir sur une étagère, j'ai même pas loué le DVD, et mon attente aura mené aux meilleures conditions pour le voir : sur grand écran à Deauville...et je comprends pourquoi c'est LE Spielberg qui ne m'avait jamais tenté : trop souvent lisse, voire par moments grossiers, décousu et maladroit dans sa structure, le film ne me transporte jamais. Reste quelques moments forts. 3/6
Seconde vision seulement, 13 ans après la première, évoquée ci-dessus, et rien n'a changé dans mon appréciation. Peut-être qu'aujourd'hui, je ne qualifierai pas tant le film de grossier ou lisse mais, sans vouloir faire le jeu des mauvaises langues voyant dans ce "premier film sérieux" (appellation qui n'a aucun sens quand on voit le premier degré de films comme
Jaws,
Close Encounters of the Third Kind ou
E.T.) ou plutôt "premier film à grand sujet" (formule pas forcément meilleure mais qui cerne bien la démarche entreprise par Spielberg pour être vu différemment) la volonté du cinéaste d'être reconnu de ses pairs via les Oscars, l'ouvrage m'a paru plutôt académique. Rares sont les séquences où je sens Spielberg inspiré. Ça me rappelle ce que je disais plus haut au sujet de
Lincoln et
Amistad et comment la mise en scène du premier, pourtant sobre, paraissait plus jeune que celle du second. Ici, c'est un peu pareil.
Dans l'écriture, c'est ce récit étrange, principalement focalisé sur Celie mais digressant régulièrement sur les parcours de Sophia et Shug, et cette narration elliptique, sautant allègrement des années, qui nuit à l'implication au-delà de l'empathie de base pour ce biopic (fictif) d'une pauvre hère.
Si je devais donner dans l'exégèse gratos en cherchant à rapprocher ce film du précédent vu dans la filmo chrono, je pourrais évoquer la ruralité inévitablement liée à l'époque - les deux films se situent au début du siècle - mais la terre est presque un personnage dans
War Horse alors qu'ici, c'est accessoire. Non, à vrai dire, de par l'étendue temporelle de son récit, se déroulant de 1908 à 1937, ce Spielberg ne ressemble à aucun autre. Nombreux sont les films de l'auteur à évoquer une séparation (de se famille et/ou de son foyer) donnant lieu à des retrouvailles en fin de film mais dans le parcours de son héroïne, statique, passive, le film n'a pas vraiment de frère ou de soeur dans la filmo du réalisateur.
Je ne suis par conséquent pas très étonné de constater qu'il s'agit d'un des quelques films de Spielberg que je n'aime pas.