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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 15 Jan 2010, 10:45 
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Petit joueur

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(forum) Discussions autour de :
Vincere (M. Bellocchio), Les Tops 2009, Avatar (J. Cameron), La terre de la folie (L. Moullet), Tetro (F. F. Coppola) (..)

(blog) Rohmer est mort : le reste est beauté
On naît cinéaste, disait Rohmer, à propos de Rossellini, dans son article sur Stromboli. La formule dit tout ; chez Rohmer, il n'y a pas d’histoire, pas de devenir, pas vraiment de culture, ou de formation ; la naissance est tout ; on comprend qu'il ne soit pas révolutionnaire. Tout est, chez Rohmer, et c’est cela le cinéma, le rapport unique et privilégié à l’être. Le cinéma est le seul à pouvoir montrer. On est dans la pure ontologie, dans le platonisme chrétien, dans la morale. Les valeurs sont établies, et les êtres hiérarchisés. (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Avatar.
<i>Comme prévu, Avatar, film auto-proclamé (et ce depuis dix ans) révolutionnaire, soi-disant synthèse d'un siècle de cinéma et précurseur d'une esthétique nouvelle, déchaîne les passions et remet en branle la grande valse des opinions. Une valse à trois temps qui s'offre encore le temps de s'offrir des détours du côté de Pandora... (..)

(blog) Au cinéma, tous les jours : Suite de l'entretien avec Ivan Sougy et Steve Gallepie.
L'actualité cinéma de la fin d'été et de l'automne aura été "riche" à Lyon. Fin août, la salle du CNP (pour Cinéma National Populaire) Odéon, l'une des salles de cinéma les plus anciennes de France, fermait ses portes de manière scandaleuse. En patron voyou, Galeshka Moravioff profitait de la fermeture annuelle du cinéma pour faire vider la salle sans en avertir les employés qui le découvrirent quelques jours plus tard en même temps qu'ils venaient reprendre normalement leurs fonctions que, bien sûr, ils ne pourront reprendre. Dans la foulée, le 5 Septembre, une journée de mobilisation est organisée avec les moyens du bord par les employés des CNP et quelques cinéphiles lyonnais. A cette occasion, les CNP sont en grève (deux autres salles dans Lyon) et quelques films sont projetés pour la dernière fois dans une salle de l'Odéon désormais en friche mais quasiment pleine de spectateurs. Mi-octobre G. Moravioff signale à Marc Artigau, directeur chevronné de la programmation des CNP depuis de très nombreuses années, sa mise à pied conservatoire en vue d'un licenciement pour fautes graves, le PDG des CNP comptant reprendre la main sur la programmation de ses salles. Neuf autres postes sont supprimés dans les deux CNP restant, en particulier tous les postes de contrôleurs. Au même moment se tient à Lyon la première édition du Festival Lumière organisé en grande pompe par la ville et l'Institut Lumière. Un festival vitrine censé "commémorer" une fois par an le cinéma. Impossible de ne pas voir dans le télescopage de ces deux faits d'actualité de l'automne, une sorte de coïncidence fatale, un reflet on ne peut plus juste de l'absurdité de la situation à Lyon où, comme partout ailleurs, un certain cinéma de proximité quotidien disparaît au profit des grosses machines commerciales et institutionnelles avec l'accord des politiques culturelles locales. Il n'est pas inutile de préciser qu'à cette actualité cinématographique, est venue s'ajouter au même moment la reprise d'une importante grève des TCL (Transports en Commun Lyonnais), autre combat social de longue haleine contre une direction bien peu soucieuse de ses employés. La crise des merveilleux petits tramways électriques lyonnais rejoignait la crise des CNP. Nous avons souhaité rencontrer quelques employés des CNP pour leur offrir un espace de parole digne de ce nom. Un espace plus large que les nécessaires quelques lignes de revendications dans les divers journaux locaux, où ils puissent revenir plus en détails sur cette vieille "affaire" compliquée des CNP avant que ceux-ci ne disparaissent totalement, où la parole des travailleurs puisse prendre son élan pour évoquer des choses que nous, spectateurs, ignorons souvent et qui font aussi l'importance des lieux de vie agonisants tels que les CNP. (..)

(blog) Le siècle ; des spectres à l'ange de l'histoire : Autour du livre Survivance des lucioles de G. Didi-Huberman
À l'occasion de la parution du dernier livre de Georges Didi-Huberman, nous rassemblons ici les textes de Pasolini dont il est question dans l'ouvrage. (..)

Critiques, vos papiers :Variations autour de The Limits of Control de Jim Jarmush

(blog)
Il était une fois la musique, la création musicale, les thèmes, les variations autour du thème. Fantasia ! Le principe de la variation dans la musique se résume à conserver un motif, une idée musicale ; voire même carrément un thème – et à le faire varier de multiples façons, d'itérations diverses qui se rejoignent dans le fait que cette idée, motif, se retrouve altéré, modérément modifié ou arrangé différemment. Il est possible que des musiciens, auteurs, compositeurs et autres me tombent sur le dos pour avoir tracé un tel schéma grossier mais il n'en faut pas plus pour comprendre ce qui fait le cœur du dernier film de Jim Jarmusch. J'ai bien écrit dernier et pas nouveau, parce qu'il n'a rien de nouveau ; Jarmusch reprend des thèmes de sa filmographie passée à laquelle il incorpore une sensibilité musicale exacerbée. C'est-à-dire qu'il fait le même cinéma qu'à ses débuts. (..)

(blog)
Jim Jarmusch a-t-il atteint ses limites, les a-t-il dépassées ? Ses errances mythiques, en l’amenant au fin fond de l’Espagne l’ont-elles perdu ? Ce sont des questions qu’on peut se poser. En radicalisant son style, en tendant vers une forme d’abstraction poétique très contemporaine, pour ne pas dire branchée (c’est-à-dire courant le risque de la pose, de l’artificialité etc), il a certainement abandonné ce qui faisait un peu de son charme : l’humour et la truculence des dialogues et des situations. Mais on pourrait également se dire, après tout que plus qu’une fuite en avant, The Limits of Control opèrerait un retour aux origines, si on songe aux péripéties des personnages de Permanent Vacation ou Stranger than Paradise, déjà peu loquaces à l’époque. Alors que penser ? (..)


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 15 Jan 2010, 11:06 
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Tiens, zad est cité dans l'article sur Avatar.
Il est fort ce zad, au milieu de dizaines de pages, il écrit 3 lignes, c'est ça qui sera retenu ailleurs.
J'ai toujours su que c'était lui le meilleur d'entre nous.

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Pré Carré


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 15 Jan 2010, 11:15 
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Serial Modo
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lol, surtout que je citais liam en déformant ses propos, non?

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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 16 Fév 2010, 13:29 
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A l'occasion d'une rétrospective de ses films organisée par la Cinémathèque française, le cinéaste portugais est venu parler de son travail.... Pedro Costa, c'est quelqu'un de discret. Gageons qu'il n'éprouve aucun plaisir particulier à s'entretenir avec nous. Quand il raconte son passage du tournage professionnel à l'artisanal, du 35 mm au numérique, il ne cherche pas la bonne formule, il ne vous tient pas de grands discours sur l'ontologie du cinéma ou l'esthétique de la pauvreté. Il vous dira simplement que dans le quartier de Fontainhas, il n'y avait pas la place pour les camions de la machinerie. Il aurait fallu élargir les ruelles pour les faire passer. Et puis même, il avait essayé, ça posait problème, ces puissants projecteurs qui éclairaient tout le quartier. Ça réveillait les types qui devaient se lever à 4h du mat' pour aller bosser. Alors, on pouvait certainement s'en passer. (..)


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 17 Fév 2010, 18:45 
.


Dernière édition par Jerzy Pericolosospore le 11 Juin 2014, 11:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 17 Fév 2010, 23:43 
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lol, Jerzy craque.


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 18 Fév 2010, 15:43 
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surtout il a lu jusqu'au bout, ça c'est du courage


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 18 Fév 2010, 20:40 
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Et je suis plutôt d'accord avec lui je dois dire. En plus c'est superbement écrit alors je ne peux que souscrire à sa démonstration.

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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 14 Mar 2010, 09:19 
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(blog) Critiques, vos papiers : Invictus.
Depuis A Perfect World, la métaphore de la voiture comme machine à remonter le temps tourne à plein régime chez Eastwood. Invictus fait rouler la voiture présidentielle de Mandela sur cette même route où il avait laissé en plan (final) les spectateurs de Gran Torino. Cette automobile remontant le temps est devenue également, chez le réalisateur, machine à intégrer l'american way of life. Comment tracer la route du récit en mettant, d'un côté de celle-ci, les Blancs rugbymen, gentlemen de l'apartheid, et de l'autre, les Noirs footballeurs, voyous et désorganisés ? (..)

(blog) Admiration de : Nicholas Humbert et Werner Penzel.
"Un cinépoème à propos de la vie nomade", c'est comme ceci qu'est présenté le documentaire Middle of the moment (1995) de Nicolas Humbert et Werner Penzel sur la couverture de son édition DVD. Il n'y a pas plus périlleux pour le cinéma que de vouloir se frotter au nomadisme, à une forme de vie humaine qui échappe ne serais-ce qu'en terme d'espace et de temps - composantes ontologiques du cinéma - aux voies tracées par la société auxquelles peu d'entre nous échappent réellement.(..)

(blog) Le siècle : de(s) histoire(s), du cinéma. Poum poum, tralala (Aragon, même pas peur !)
J'ai découvert la nouvelle l'autre jour, en feuilletant l'un des innombrables programmes du Festival Lumière de Lyon que j'ai reçus par La Poste : Pierrot le Fou a été restauré. J'aurais dû être content, piaffer d'impatience à l'idée de pouvoir enfin voir le film de Godard au ciné, dans sa "splendeur originelle" (dixit Serge Toubiana), et en plus avec des invités prestigieux tels que Tonie Marshall ou Asia Argento dans la salle pour présenter le film et nous guider dans cette étape cruciale pour la vie d'un cinéphile. Franchement, j'avais tout pour être heureux et je crois bien que Thierry Frémaux, le mec à qui on devait tout ça, il comprendrait pas pourquoi je me suis dit "j'irai pas !".(..)


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 14 Mar 2010, 17:05 
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Jerzy Pericolosospore a écrit:
Ce texte est purement grotesque, donnant en plein dans "l'esthétique de la pauvreté" qu'il dénonce. La pauvreté érigée en esthétique, esthétisée au maximum. It sucks.
On croirait un extrait d'une biographie de saint, d'une hagiographie de Saint-François d'Assise rédigée par Gonzague saint Bris. Un mix d'humanisme fraternel à la Saint-Exupéry et d'éloge de la pauvreté - forcément sublime - à la Christian Bobin ou la Duras, sur fond de musique d'Arvo Pärt.


Et la suite est encore pire. On ne sait que choisir:

Citation:
Au fond, ce dont il a toujours eu envie, ce qui le rend heureux, c'est d'aller travailler, comme tout le monde. Alors il se lève et part au boulot à 9h, tous les jours, pendant un an, deux ans. Il va chez Vanda ou Ventura, et il tourne. Alors forcément, tous les jours, en allant chez Vanda, il croise l'ouvrier qui détruit le quartier, brique par brique. Forcément, ils finissent par aller boire des cafés ensemble. Alors l'ouvrier lui dit, « tu sais si ça t'arrange, je peux casser là ou là, aujourd'hui ». Alors Costa donne une petite indication et c'est ainsi, autour d'une tasse de café, un matin comme les autres, que le réel devient, un peu, fiction".
[....]
blablaba blibliblobloblo
[...]
C'est ainsi que Pedro Costa fait, tout naturellement, je dirais presque sans se poser la question, le grand écart entre ceux qu'il filme et la culture la plus élitiste, la plus cinéphile, (Ford, Tourneur, Straub) ; culture dont on use habituellement comme d'un signe distinctif. A propos de la lettre de Desnos, si belle, si riche, si émouvante, qu'il réutilise dans Casa de Lava puis dans Juvemtude en marcha !, il dit quelque chose comme : « oui, cette lettre elle est de Robert Desnos, mais elle aurait pu être de Ventura, alors c'est pas un problème ! ». Tout son travail me semble tenir dans cette remarque sortie l'air de rien. Il ne s'agit jamais de rendre beau ce qu'on considère comme laid a priori, mais d'écouter, de regarder la beauté et la poésie des êtres qu'il a sous les yeux; etc etc etc.


Et gniagniagnia. Quelle pause, quelle complaisance, quelle démagogie, quelle obscénité inconsciente d'elle-même, quelle fatuité dans ces lignes. Sans parler du snobisme pénétré de l'élitisme qu'il dénonce, genre "il nous montra une lettre si belle, si riche, si émouvante de Desnos, mais elle aurait pu être de Tartenpion, ensuite nous sommes aller déguster un merveilleux tacos dans un bidonville, au milieu des pauvres et des exclus de ce monde, si bouleversants, si authentiques. Le cadre, par sa simplicité sans apprêts, me rappelait les lavis de Soutine et les bleus profonds d'Yves Klein. Des enfants en haillons, qui ont ce sourire des gens simples et vrais, nous tendaient leurs escarcelles qui pour un rutabaga, qui pour un chocotoff... C'était la vraie vie, loin du musée du Prado. Nous croisâmes Chicos - qui n'était pas laid a priori, mais tout d'une beauté et d'une poésie qu'il fallait simplement écouter et regarder - qui avait cassé toute la journée cinquante parpaings à mains nues et nous montrait en riant ses mains calleuses, et nous nous disions que nous aussi, si nous avions pu choisir, nous aurions été des ouvriers, comme tout le monde, pour sentir ce contact si émouvant avec la matière, les vraies choses de la vie. Nous nous disions que ce qui nous rendrait heureux, c'est de nous lever et partir bosser, tourner, tous les jours, à 9h. Et au bout d'un an ou deux, forcément, nous aurions fini par croiser l'ouvrier qui détruit le quartier et, forcément, partager avec lui l'arôme du café dans le frais matin. Alors l'ouvrier nous aurait dit: "tu sais, si ça t'arrange, je peux casser des parpaings pour toi". Alors nous aurions gribouillé à son attention quelques directives sur un coin de nappe et c'est ainsi que peu à peu le réel serait devenu fiction"...

Bref, une véritable ligne éditoriale dont je m'étonne plus qu'elle relie entre eux des cuistres distingués s'émouvant des flatules qui sortent de leur derrière raffiné et si fraternellement prolétaire.


Toujours aussi inspiré, Jerzy. :wink:

Il faudrait tout de même faire la différence entre mes propos et les films de Costa.

Ce que je dis, ce que j'estime chez Costa, c'est d'avoir su mettre en accord les moyens avec la fin qu'il poursuivait. Son humilité, sa simplicité, sa patience, son attention, ne relèvent pas de la pose; je la crois naturelle chez lui (ce qui n'a pas l'air d'être ton cas). Il va pas filmer des années Vanda ou Ventura pour aller fanfaronner aux soirées mondaines, la bouche pleine de ptits fours et de champagne.

Il y a un vrai décalage entre la réalisation de ses films et leur réception.

Donc ce que moi, nous, les cuistres et les snobs, racontons de ses films, tu peux bien en rire et te draper dans tes habituels sarcasmes desprogiens, ça n'a pas grande importance.


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 14 Avr 2010, 08:57 
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(blog) Critiques, vos papiers : Max et les Maximonstres.
Certains films sont des lieux communs. Enfin, pas si communs, tant ils émergent d’une expérience personnelle inédite et qu’ils génèrent du coup la confrontation de notre propre écriture à quelque chose d’enfoui, de refoulé et que nous croyions perdu. Et c’est l’occasion d’un film, d’une adaptation, travail d’archéologie personnelle qui, grâce à cet événement, me permit de retrouver ce qui m’était dissimulé et ainsi parcourir à nouveau des espaces qui m’ont été familiers, ressentir une seconde, une autre fois, des émotions qui m’ont jadis mû. Ecrire sur Where The Wild Things Are, tant le conte graphique de Maurice Sendak que l’adaptation qu’en livre Spike Jonze, en proposer une critique ou un texte, est une expérience lourdement ambigüe. Elle est la résurgence de ce "je" qui se veut discret, intériorisé et neutralisé par une écriture qui ne joue pourtant jamais la dupe, qui connaît malgré les palliatifs la part du sujet et la part de l’objet. Une subjectivité enfantine, innocente. Et là, on peut constater les résistances, les difficultés liées à ce souvenir affectif, à cette part d’irrationalité qui participa à une émotion. Et pourtant, faut les dépasser, ces achoppements intérieurs. Il faut passer outre pour, peut-être, mieux les pénétrer, mieux les cerner et en faire fleurir quelques précieuses parts de soi-même. Ecrire cette critique pour moi, c’est finalement retourner à quelque chose de familier. Peut-être plus que d’habitude. (..)

(blog) Zéro de conduite : Hypocrisie de Clint Eastwood.
Dans la lignée du texte de GLJ publié il y a quelques semaines sur le blog, ainsi que du travail global effectué par Les spectres sur les films de Clint Eastwood (n°3, discussions sur les forums…), j’aimerais approfondir certains traits qui me paraissent décisifs pour comprendre ce que j’appellerais "l’hypocrisie eastwoodienne". En effet, derrière les bonnes intentions et les idéaux pacifistes de son dernier film, Invictus, se distille toute une série d’agencements politiquement douteux qui contredisent les propos soi-disant progressistes affichés au départ, allant même jusqu’à effacer les nuances d’une question (l’égalité de tous) et d’un personnage (Nelson Mandela) complexes. (..)

(blog) Cinéma(s) aux marges : Je(u) d'ombres
Situé devant l'entrée d'une galerie ou d'un musée d'art contemporain, comme attendant face au crépuscule de l'art, le visiteur confondu ne sait jamais trop à quoi il peut s'attendre. Il est secrètement dans l'expectative, parfois, souvent vaine, de trouver une nuance qui ravive quelque chose aussi bien de son goût pour l'art que de la trajectoire que suit sa vie (laissons ici de côté, au vestiaire comme un manteau un peu encombrant, le "beau"). Le secret du but à atteindre prend la forme d'un faux désintéressement maquillé en simple curiosité. Il se révèle toujours lorsque, à la sortie, perce une déception : nous sommes déçus, excédés, incrédules parce que nous attendions bel et bien quelque chose de, autre chose que, ce que nous allions visiter sans généralement savoir exactement de quoi il en retournerait. Cet élément de surprise n'est pas pour attiser notre désintéressement. Bien au contraire, il encourage, dans un choix totalement hétéroclite, le tri ciblé, une sélection instinctive du visiteur venu pour voir et plus encore : se projeter autant que possible dans les œuvres. (..)


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 14 Mai 2010, 10:44 
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(blog) Critiques, vos papiers : Independencia.

L’image qu’on emporte avec soi, c’est d’abord celle de cette forêt. Une drôle de forêt, reconstituée en studio selon les codes du cinéma exotique produit aux Philippines par l’occupant nord-américain, dans les années 20. Quelques plantes arrangées au premier plan, l’amorce d’un étang et de quelques troncs d’arbres ; au fond, de grandes toiles peintes qui simulent l’horizon d’une forêt où personne ne pourra jamais s’enfoncer ; et voila tout ce qui doit suggérer les grands massifs montagneux et forestiers des Philippines. De temps en temps, des tortues batifolent dans l’étang ; ou bien, c’est une poignée d’oiseaux qui se projette dans les airs comme des balles de fusil ; on s’attend toujours à voir apparaître dans le champ l’animalier qui vient de les lâcher dans le décor. La caméra, fixe, à distance moyenne, décompose cet espace en une série de petits fragments plats, disjoints les uns des autres. C’est comme la scène d’un théâtre de poche ou comme les vitrines d’un muséum naturel, spécialement arrangées pour qu’y éclate comme un événement sensationnel, comme un coup de théâtre, l’apparition du vivant. Et c’est vrai qu’on est comme saisi de surprise au moment où l’on voit surgir dans le champ de cette forêt de pacotille un jeune homme, une jeune fille, un enfant, bien vivants et en taille réelle, un échantillon complet de l’espèce humaine. Mais par un curieux renversement, quand paraissent dans le champ une tortue, un oiseau, ou un être humain, c’est plutôt l’effet inverse qui se produit : au lieu que ces spécimens animés accusent l’artificialité du décor, ce sont eux qui paraissent faux et déplacés, et c’est la forêt qui paraît vraie. Le petit miracle qui se produit, c’est quand cette forêt d’opérette se met à vivre pour elle-même, parce qu’un ventilateur ou une lance cachés hors champ l’animent d’un semblant d’intempéries, font trembler le feuillage et briller une rosée d’emprunt. C’est toute l’intelligence de Raya Martin d’avoir fait en sorte que cette forêt de studio où rien n’est vrai, pas même le soleil, joue constamment de son double statut de leurre, de pastiche dénoncé comme tel, et de beau mensonge auquel on soit tenté de croire. Si la tornade finale, toute en éclairs et en ombres, nous saisit d’une vraie peur, c’est peut-être seulement parce que cette forêt d’opérette, continuellement dénoncée comme fausse, nous a, par cela même, laissé une chance d’y croire.

(blog) Zéro de conduite : HAuteurs : esprit de conservation.

Be Happy (2008) et La fille coupée en deux (2007) suivent, chacun à sa manière, le parcours de personnages féminins censés représenter les jeunes femmes actuelles, en prise avec leur temps. Avec et à travers ces personnages, que les cinéastes font s'enfoncer non sans complaisance dans d'exécrables sables mouvants, c'est toute modernité formelle et donc passionnelle (ou vice-versa) qui semble s'asphyxier, marquer un brutal coup d'arrêt.

ET BIENTOT, LE NUMERO 4


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 09 Juin 2010, 19:26 
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NOUVEAU NUMERO :

Image

A télécharger au format pdf et à consulter au format webzine à cette adresse

Au sommaire :

JUSTE UNE CONVERSATION AVEC...
Les employés des CNP de Lyon

ADMIRATION DE... RICHARD LINKLATER
Me and Orson Welles (Le_comte)

CINÉMA(S) AUX MARGES
Sur la route, lettre ouverte (Jean-Maurice Rocher)

VARIATIONS DU SUJET : PLAYTIME
Les Attrape-nigauds ( Borges et Adèle Mees-Baumann)

LES POINTS DE RÉEL :
PASSION DU SEMBLANT ET MONTAGE DU RÉEL
Les Voix du peuple (Jean-Maurice Rocher)
Mobile suite Gundam, nature de l'ennemi (Mounir Allaoui)
Rire et mourir (Lorin Louis)

ZÉRO DE CONDUITE
Au milieu coule Desplechin (Stéphane Belliard)

RUINES D'UN SOURIRE (Les spectres)
Herbier imaginaire de la BA de Film socialisme
Quo vadis Godard Quo vadis cinema


PROCHAINEMENT DANS L'ETE : Supplément en présence de Nicolas Klotz et Elisabeth Perceval.


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 13 Juin 2010, 17:39 
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Messages: 33
(blog) Passion du semblant et montage du réel : Pollock : interloqué.

Curieux biopic, trouvé un peu par hasard en DVD dans les rayons d'une des médiathèques qu'il m'arrive de fréquenter. Le film, signé de l'acteur-réalisateur Ed Harris en 2000, cumule peut-être les dangers du genre - qui connaît une véritable effervescence ces derniers temps, en particulier en France, notons-le pour le pire et rarement pour le meilleur - tout en acceptant, d'emblée, dans les choix propres au réalisateur, les reproches qui ne manqueront pas de lui être fait. (..)

(blog) Admiration de... : Takeshi Kitano.

Achille et la tortue <i>raconte les déboires d'un peintre raté qui n'arrive pas à vendre ses toiles. Le personnage s'appelle Machisu, ce qui est en fait la prononciation japonaise de Matisse. Achille et la tortue est donc un film sur l'art, que Kitano a d'ailleurs sous-titré « une histoire cruelle de l'art ». Mais précisons : le double usage du mot ART, par lequel le français désigne indifféremment les seuls arts plastiques ou toutes les formes de pratique artistique, permet ici un raccourci productif. On sait que Kitano est peintre, mais il l'est à peu près autant que Ingres était violoniste. Son médium majeur est l'audiovisuel : cinéma et télévision, et l'acte de peindre dans le film renvoie de manière transparente à la fabrication d'images animées. (..)


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 Sujet du message: Re: Spectres du Cinéma #1
MessagePosté: 09 Sep 2010, 13:40 
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#18

(blog) Critiques, vos papiers : Un poison violent

Faire un film et le montrer, surtout quand c'est le premier, c'est pas rien. On s'expose, on se dévoile, on s'engage, on s'investit, on révèle une part de soi, de son petit théâtre privé : rêves, idées, fantasmes, visions, figures... Mais aussi : fragilités, tics gênants et autres talons d'Achille, habituellement tapis dans l'ombre et qu'on retrouve en pleine lumière. Le projecteur chauffe, il tourne, c'est trop tard. On s'affiche, qu'on le veuille ou non. Les films jeunes et fragiles se présentent au spectateur comme un adolescent mal dégrossi face à des adultes pleins de morgue et d'assurance ; le menton dressé mais le regard hésitant entre timide introversion et franche désinvolture. L'adolescent est conscient de son potentiel, de ses forces et de ses formes naissantes, mais il ne sait pas encore très bien comment s'en débrouiller. (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Cleveland contre Wall Street

Un vrai-faux procès où la ville de Cleveland, dévastée par la crise des subprime, attaque les banques en justice : voilà une idée originale, qui promettait que la discussion soit plus ouverte que dans un Michael Moore, et moins hypocrite que dans In the air. Le fait est que Cleveland contre Wall Street constitue un parfait antidote au cynisme de ce dernier, sans parler des récentes « fictions de crise » comme Krach ou Wall Street 2, que nous n’avons pas vus mais dont les premières images laissent vite comprendre que leurs auteurs trouvent plus fascinant l’univers impitoyable des traders que le sort des pauvres cloches mises à la porte de leur maison à cause d’eux. Plus malin que Fabrice Genestal ou Oliver Stone, Jason Reitman avait saisi l’opportunité de la crise pour émailler une fiction sentimentale parfaitement convenue de quelques témoignages authentiques de chômeurs et enduire ainsi un scénario du dernier cynisme d’un badigeon humaniste et compassionnel qui suffit à certains pour présenter le film comme une satire du libéralisme et une critique de la sauvagerie en milieu professionnel. Il faut dire qu’In the air tombait à point nommé au moment où des masses d’éditoriaux indignés martelaient qu’il n’y avait rien de plus urgent que de moraliser le capitalisme – époque qui nous paraît déjà bien lointaine. Pourtant, par un curieux renversement, le personnage de George Clooney, serial killer du licenciement négocié, nous apparaissait progressivement comme un ange à la Franck Capra, qui ouvrait les yeux des salariés reconnaissants sur l’opportunité merveilleuse des licenciements abusifs : la main invisible du marché et la main de la Providence s’alliaient fraternellement pour forcer tout un chacun à sortir d’une routine contre-productive et à repartir du bon pied car le film affirmait sans ciller qu’un salarié licencié a toutes les chances de s’accomplir personnellement en choisissant le métier grâce auquel il réalisera enfin ses rêves d’enfant. Et si par malheur il ne retrouvait pas tout de suite du travail, il aurait au moins l’occasion irremplaçable d’éprouver la solidité des soutiens familiaux, car il est bien connu que le chômage fait le bonheur des familles, comme Jason Reitman a dû le lire dans les pages psychologie de Vogue. (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Aftershocks

Un film aura massivement occupé les écrans des salles de cinéma chinoises cet été. Il ne s'agit pas de The Last Airbender ou de Inception (pas encore sortis en Chine), mais de Aftershocks réalisé par Xiaogang Feng. Le film raconte le parcours d'une famille disloquée après le tremblement de terre meurtrier de Tangshan en 1976, en partant des quelques heures qui ont précédé la catastrophe et en remontant jusqu'à nos jours. Production 100% nationale avec des effets spéciaux de l'apocalypse qui n'ont rien à envier à ceux d'Hollywood, il est probable que le matraquage médiatique qui a accompagné la sortie de cette mega-production relève simplement auprès du public de l'exaltation du sentiment national. Il en va un peu différemment. Ou plutôt, cet appel de concurrence avec les blockbusters hollywoodiens, se double d'un message à usage local. (..)

(blog) Critiques, vos papiers : Film socialisme

Les premiers plans qui me reviennent en tête, quand j’y repense, ce sont ces vagues, ou plutôt le remous de la mer sur le passage du bateau de croisière ; plans éminemment godardiens.

On se souvient de Prénom Carmen qui déjà était rythmé, visuellement, dans le montage, par le fracas répété des vagues contre les rochers. Ces plans disaient à merveille la violence sauvage et incontrôlée du sentiment amoureux. Violence qui devait précipiter la perte des deux amants. Réinterprétant l’opéra de Bizet, Godard employait l’élément maritime dans son interprétation métaphorique la plus classique, celle du romantisme du XIXème siècle. En dépit de toutes les expérimentations stylistiques qui traversaient le film, il manifestait là, avec beaucoup de distance et quasiment pour la dernière fois, son affection pour les "histoires de cinéma", comprendre un récit épique et tragique, des relations passionnées, des héros torturés. Et déjà, au milieu de ce tumulte, il jouait Oncle Jean, celui qui soliloque sur la guerre froide et l’impérialisme américain dans son coin, le cigare au bec. (..)


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