Forum de FilmDeCulte

Deux enfants se réveillent au milieu de la nuit pour découvrir que leur père a disparu et que toutes les fenêtres et les portes de leur maison ont disparu.

C'est une de mes marottes que de râler sur l'état actuel du cinéma d'horreur, en tout cas de décrier son fond actuel fait de préoccupation excessive pour la thématique du trauma — ou plutôt, une certaine idée du trauma nivelée par le bas à coups de psychologie de comptoir et de prêt-à-penser en kit qui alimente narcissismes défaillants comme postures victimaires aussi triomphantes qu’impudiques, comme le veut l’air du temps. Dernier exemple en date, le récent témoignage de Kevin Smith et son mantra « trauma is trauma », dans lequel strictement rien ne va.

L’horreur étant par définition un des genres les plus en miroir des angoisses d’une société à un instant T, ou en tout cas de sa partie la plus utile et rentable à séduire et à valider pour l’industrie cinématographique par le biais de formules pensées comme rassurantes, j’ai bien conscience de pisser contre le sens du vent. Néanmoins, mes objections me poussent tout de même à m’interroger sur les alternatives, voire carrément les solutions possibles au problème.

D’où ma curiosité pour ce film au titre incompréhensible, retitré The House ici en France. Le terreau est le même que pour Affamés de Scott Cooper, ou la série Channel Zero, à savoir la nébuleuse des creepypasta et des subReddit dédiés aux récits notamment de cauchemars. Ball a d’ailleurs commencé par ouvrir une chaîne YouTube où il proposait de recréer certains de ces témoignages, proposant en général une version sommaire des reconstitutions des rêves vécus durant des épisodes de paralysie du sommeil dans le documentaire The Nightmare de Rodney Ascher. Les procédés utilisés dans ces vidéos (pas hyper passionnantes), on les retrouve dans le film mais poussés à l’extrême.

Les spoilers éventuels ne sauraient porter sur des éléments d’intrigue, mais plus sur les dispositifs mis en place. Si ça vous botte de tenter, mieux vaut arrêter ici la lecture.

Deux enfants, donc, pris au piège dans une maison dont les portes et fenêtres vers l’extérieur ont disparues. Une présence malveillante dans la maison. Des phénomènes inquiétants (essentiellement des objets qui disparaissent). Très peu, voire quasiment pas de dialogues. Un sound design fait de crépitements, chuchotements, bruits divers et extraits de vieux dessins-animés avec leur musique jazzy et enjouée. Mais surtout, un cadrage constamment et radicalement fixé sur des embrasures, angles, moquette, marches, plafonds, jouets, veilleuses etc. On ne voit en général que les pieds des gamins, et bien souvent on ne fait que les entendre (quand ils parlent (c’est-à-dire rarement)) : on les entend marcher, respirer, ouvrir une porte, monter et descendre les escaliers, dans une succession de plans majoritairement fixes, avec un grain « à l’ancienne ». Et ça dure 1h40.

Clairement, il y a une heure de trop. Minimum. Même si la radicalité expérimentale n’est pas dépourvue de valeur, ni de pertinence, ce que j’en retiens surtout c’est le refus catégorique d’ancrer l’horreur dans le quotidien de manière classique, évitant par exemple, comme dans les franchises type Insidious ou Conjuring, de poser l'exposition d'une famille et ses membres, ainsi que le cheminement « découverte de la menace/résistance/victoire (ou défaite pour les récits plus « courageux ») ». Ce refus de la narration ordinaire, allant même jusqu’à nier l’identification en ne montrant jamais personne, contribue à mettre en valeur la manière dont ces poncifs cinématographiques (mais aussi littéraires, Stephen King ayant durablement imposé cette nomenclature narrative) suffoquent complètement la possibilité horrifique (quand on y regarde de plus près, tous ces démons et fantômes ne sont en réalité bien souvent que des prédateurs classiques et posent au final la même menace qu’un ours ou autre bête sauvage). Si Ball a réussi quelque chose dans son film dilaté comme jamais, c’est de renvoyer par sa mise en scène évitante au procédé lovecraftien des narrateurs quasiment impersonnels, indissociables les uns des autres, à la psychologie schématique, ce qui interdit au lecteur une identification trop poussée, et permet du coup à l’auteur de laisser l’atmosphère désespérante au cœur d'éléments horrifiques (qui n'ont pour le coup rien à voir avec le simple portage testostéroné d'un prédateur de parc national) prendre le devant de la scène.

Intéressant et révélateur bien que beaucoup trop long, Skinamarink me confirme que l’avenir du genre vers des rivages moins complaisants, en plus d'être souhaitable, est non seulement possible mais se situe qui plus est au carrefour de la narration transmédia. Par exemple, et toujours sur YouTube, avec les fameuses Backrooms (dont un portage ciné est prévu : on aura sûrement droit à de l’exposition reloue là où le matériau de base s’en passe habilement), ou mieux encore les vidéos Gemini Home Entertainment, ce que j’ai vu de plus flippant, menaçant et évocateur depuis The Thing ou It Follows tout en étant anti-cinématographique.

Ah, et spéciale dédicace à FingersCrossed : budget de 15000$, avec 2 millions de bénéfice.

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Looks like meat's back on the menu, boys!

Le pitch me donne très très envie, mais le reste de la description refroidit un peu, 1h40 de prise de vue sur une ambiance et des pieds. Il faut que l'ambiance de stress soit très bien dosée sinon, le corps se fatigue et la tension a tendance à retomber. En tout cas, cette critique m'a permis de découvrir Gemini home Entertainment, merci à toi.

Il est dans ma liste des films à télécharger. Aucune sortie prévue en France pour l'instant.

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CroqAnimement votre

Même les critiques enthousiastes font état du fait qu'il faut encaisser la mise en forme. Quand ça prend, je trouve que ça évoque bien les sensations d'une nuit blanche avec une grosse fièvre, où ça m'est déjà arrivé en effet de fixer un coin de la pièce et à me sentir étouffé par le sommeil qui ne vient pas, la notion du temps complètement flinguée et les bruits tout autour. Après de là à faire tout un film comme ça ?...



Ouais, World's Weirdest Animals et Wilderness Survival Guide m'ont mis mal.

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Entre son pitch simple mais fou et sa réputation, j'étais chaud comme la braise.

J'ai tenu 20 minutes.

C'est déjà moche avec son délire de copie dégueu, comme si on matait un truc entre la vidéo maison du vieux caméscope de papa et un film grindhouse, mais alors le concept de filmer des corniches, des coins et des plafonds 90% du temps, non merci.

On est face à une vraie "proposition", comme on dit, qui tranche effectivement d'un point de vue formel et narratif avec le tout-venant du genre que j'ai très souvent brocardé ici, mais là c'est pas possible. Par curiosité, j'ai avancé le film de 10sec en 10sec pour voir si ça évoluait et non. En salles, j'aurais peut-être été davantage dedans mais ça tient quand même de l'expérimental casse-couilles.

Un court métrage aurait suffi.

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UBERLINKS toujours dispo sur OCS et MyCanal!

Me suis endormi après environ 40mn ce qui est un exploit en soi. Je sais pas si je vais le finir. Comme dit FF c'est sans doute une expérience à vivre en salles mais là il y a vraiment un côté film de petit malin qui se gausse de son "concept" en épuisant le spectateur. Concept d'ailleurs dont on peut discuter de la pertinence, j'aime bien l'idée de l'horreur tapie dans les coins où l'on ne regarde pas mais bon 90mn de plans de plafonds et d'angles de murs c'est quand même raide. On sent un refus de l'intrigue qui là encore fait un peu forcée si bien qu'on ne se raccroche à quasiment rien.

Après 40mn j'ai pas l'impression d'avoir vu une moitié de film. Et j'avais vu passer un extrait de 2mn sur Twitter et à postériori j'ai quasiment le sentiment que ça suffisait pour résumer le projet.

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CroqAnimement votre

Oui, toute la dithyrambe qu'on peut trouver sur internet est 100% une affaire de poseurs.

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De ce que vous en dites, j'ai l'impression de la fausse bonne idée comme ce film "d'horreur" nullissime filmé en scred à Disney world.

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Netflix les gars, Netflix.

Difficile de dire que ça part d'une "bonne idée", ça part d'une idée en tout cas. C'est surtout que c'est très expérimental, vraiment radical mais pas forcément convaincant.

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CroqAnimement votre

L'idée de désolidariser radicalement l'horreur de l'humain est forcément bonne, parce que là on arrive à saturation tous media confondus. Maintenant une idée ça fait pas un résultat.

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