Quand le pape décède de façon inattendue et mystérieuse, le cardinal Lawrence se retrouve en charge d’organiser la sélection de son successeur. Alors que les machinations politiques au sein du Vatican s'intensifient, il se rend compte que le défunt leur avait caché un secret qu'il doit découvrir avant qu'un nouveau Pape ne soit choisi. Ce qui va se passer derrière ces murs changera la face du monde.N'ayant pas regardé sa version Netflix surnommée aux Oscars d'
A l'ouest, rien de nouveau - qui n'était, à ma grande surprise, pas son premier film mais son...
cinquième - je ne suivais pas avec un quelconque intérêt la carrière d'Edward Berger et je pensais que ce
Conclave, apparu sur mon radar il y a seulement deux mois, était un drame du même registre. Puis j'ai vu un tweet passer évoquant la partie du
Parrain III qui fictionnalise la mort de Jean-Paul Ier et j'ai compris qu'il s'agissait en réalité...d'un thriller?
Intérêt piqué, maggle.
Et effectivement, on n'est plus proche d'Agatha Christie que d'
Habemus Papam.
D'ailleurs, c'est adapté (par l'un des scénaristes de l'extraordinaire
La Taupe) d'un roman de Robert Harris (
The Ghost Writer,
J'accuse) et c'est un improbable cocktail entre un contexte au sérieux papal (LOL) et un récit à tiroirs de plus en plus "grotesque" au fil du récit mais dont les rebondissements les plus abusés sont compensés par leur sens, par la force du propos, aussi grossier fut-il.
Derrière la mécanique d'une enquête qui aurait pu se limiter à proposer un contexte original pour son déroulement se cache une réflexion sur le doute, notion inhérente à la question de la foi, savamment incarnée de façon ambivalente au travers de ce personnage (Ralph Fiennes impeccable) qui met en garde contre les dangers de la certitude et cherche simultanément à découvrir la vérité sur les potentiels secrets de ses compères, guidés par leur ambition derrière leurs airs de Saint-Nitouche (cast génial avec notamment un Sergio Castellito qui bouffe toutes ses scènes). Qui est sans péché? C'est
All The Pope's Men en fait.
Parce qu'inévitablement, il n'est pas uniquement question de Dieu ou de l’Église. Il est impossible de faire un film sur une élection qui sort en plein pendant les élections US sans que sa portée ne s'en retrouve décuplée et le film exploite ce microcosme, conservant une unité de lieu tandis que le monde extérieur bout juste là dehors, omniprésent, pour confronter idéologie et
realpolitik dans un monde de mœurs qui changent (les droits LGBTQ+) et de guerres qui ne changent pas (terrorisme).
La caméra de Berger s'attarde régulièrement sur les gestes de la procédure, les rituels de cet univers codifié, rigide, qu'il s'agisse des mesures à prendre après le décès du Pape ou du règlement du scrutin, soulignant à la fois leur immuabilité et le caractère concret de ces besognes manuelles, palpables dans un monde d'abstraction. Bien qu'il se tourne parfois dans les décors naturels (ou reconstitués) du Vatican, le film réinterprète tout de même les intérieurs comme une sorte de bunker ou de prison (dont on ne sortira jamais pendant les 72h du récit), se permettant une direction artistique subjective.
A plusieurs reprises durant le film, j'ai regretté que la mise en scène de Berger n'embrasse pas davantage le genre, ne mine pas davantage la tension, je me suis demandé ce qu'un Friedkin ou un De Palma aurait fait de ce postulat, et en même temps, je crois que c'est justement la relative retenue du réalisateur, qui s'adonne tout de même à quelques compositions picturales plus imposantes, et la photo naturaliste de Stéphane Fontaine, qui permettent justement au film de ne jamais basculer dans la vulgarité.
Une fois de plus, c'est vraiment
extremely my shit mais je conseille.