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MessagePosté: 19 Mai 2024, 15:09 
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aka L'Enfer du devoir

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Du Vietnam au Liban, le colonel Terry Childers a combattu sur tous les fronts. Vénéré par ses hommes, il est presque devenu une légende. Aussi, quand l'ambassade américaine au Yemen est cernée par des émeutiers, le secrétariat d'Etat le charge de son évacuation. Sur place, la situation prend le colonel Childers de court. Face à une foule armée et incontrolable, il ordonne d'ouvrir le feu. Cette tuerie conduit le héros de l'Amérique devant un tribunal militaire. Abandonné de tous, il se tourne vers un ancien compagnon d'armes, le colonel Hodges, qui va assurer sa défense.

Je n'avais pas revu le film depuis sa découverte lors de mon premier et glorieux festival de Deauville en septembre 2000* et j'en gardais le souvenir moyen d'un film dont je ne me rappelais que d'une seule réplique (la famosa "Waste the motherfuckers!").

Le film échoue sur ses deux tableaux majeurs.

SPOILERS

D'un point de vue purement narratif de film de procès, ou tout simplement de fiction dramaturgique, les choix de point de vue sont tout bonnement inexplicables. Pourquoi ne pas se restreindre à la stricte perception de Hodges (Tommy Lee Jones)? A vrai dire, pourquoi ne pas se cantonner à n'importe quel point de vue exclusif? L'introduction située au Vietnam nous montre les agissements (discutables bien que compréhensible dans le contexte de la guerre et de la volonté de sauver des vies) de Childers (Samuel Jackson) auxquels n'assistent pas Hodges mais lors de la bataille de l'ambassade américaine au Yémen, qui implique Childers mais pas Hodges, le film ne nous montre pas l'intégralité de la vérité (à savoir, la présence de gens armés au sein de la foule, justifiant l'ordre de Childers). Cette info nous est balancée GRATUITEMENT à mi-film, avant même le début du procès, via les images d'une caméra de surveillance dont la VHS avait déjà été révélée plusieurs minutes auparavant mais glissé dans un tiroir pour être arbitrairement sortie à ce moment-là, sans qu'il s'agisse du fruit d'une enquête mais simplement d'une scène de corruption par le National Security Advisor à laquelle PERSONNE D'AUTRE n'assiste, pas même l'avocat de la partie opposée.

Ces révélations aléatoires ne nourrissent pas vraiment une quelconque ambiguïté et si le but était de jouer avec notre perception et nos allégeances (l'intro est là pour nous montrer un Childers qui enfreint les règles de manière à ce que l'on croit qu'il a tiré sur la foule sans raison), il aurait fallu 1. le faire de manière moins malhonnête (soit on a toujours le point de vue de Childers, soit on l'a pas du tout mais ça peut pas être une fois oui, une fois non), 2. le faire de manière plus efficace (l'info sur la présence de gens armés dans la foule aurait dû être le fruit d'une enquête et révélé vers la fin du procès, afin de justifier l'acquittement du personnage).

L'autre tableau sur lequel le film est un échec, c'est bien évidemment le tableau moral.
Le procès va jusqu'à citer les dites "rules of engagement" qui sont au nombre de trois et sans équivoque : qu'il y ait eu des gens armés dans la foule ou nom, Childers les a enfreint toutes les trois. Je serais en-tière-ment prêt à accepter un film qui remettrais en question le bien-fondé de ces règles dans une situation de guerre et face à la réalité de devoir sauver des vies dans un film dont le récit servirait à formuler cet argument mais la plaidoirie de Hodges ici est simplement à côté de la plaque (et le film ose s'auto-congratuler en montrant son fils et son père - illustre militaire dans l'ombre duquel vit le personnage blessé au Vietnam et relégué dans un bureau - le féliciter pour sa conclusion convaincante). Il n'évoque jamais la difficulté des décisions sur place en temps réel, il n'évoque jamais la difficulté de distinguer le civil du terroriste dans ce genre de contexte. Au lieu de ça, le film se contente de faire valider l'attitude expéditive du personnage par tout le monde (y compris l'ancien colonel Vietcong, menacé par Childers et venu témoigner contre lui, qui LUI FAIT UN SALUT MILITAIRE SUR LE PARKING APRÈS LE PROCÈS!!! ON EST OU LA???). Il n'y a aucune ambivalence, aucune ambigüité, rien. Les politiques sont les vrais coupables mais même chez Michael Bay, on distingue mieux la culpabilité du décisionnaire de la vertu de l'exécutant. Le père Friedkin pense peut-être avoir signé une réflexion complexe sur la friction entre les règles et la réalité et comme cela est moche (il prend grand soin de montrer les morts et les blessés, surtout les enfants) mais il n'y a aucune nuance. C'est vulgos, politiquement douteux, mal fichu et malhonnête. Ca se plante sur tout ce que Des hommes d'honneur réussi. Après 12 hommes en colère, c'est étonnant (et formellement inintéressant d'ailleurs).

Je me demandais si j'allais le revoir à la hausse ou rester sur mon impression. C'est pire.

Ça promet pour Traqué.


*Deauville 2000 c'est :
Friedkin
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Ang Lee
Kitano
Nolan
Aronofsky
Singleton
Allen
Frears
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MessagePosté: 19 Mai 2024, 17:25 
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Oui, c'est nul. Un film débile sur l'armée américaine de plus.
Mais l'affiche a déjà tout dit.

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MessagePosté: 19 Mai 2024, 19:21 
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Inscription: 25 Nov 2005, 00:46
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The scene of Sokal (Bruce Greenwood) viewing and destroying the tape after he sees it proves gunfire was coming from the crowd was imposed by test audiences, according to director William Friedkin. This movie was supposed to leave it ambiguous, as to whether or not Childers (Samuel L. Jackson) did the right thing, depicting what happened through subjective viewpoints, and never revealing the objective truth of what occurred.

Ah.

Cela dit, il y a pas que ces images-là, il y a aussi un flashback du point de vue de Childers qui montre la même chose (mais il arrive plus tard, comme je le préconisais).

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