Forum de FilmDeCulte

Jean a quitté sa famille et sa Bourgogne natale il y a dix ans pour faire le tour du monde. En apprenant la mort imminente de son père, il revient dans la terre de son enfance. Il retrouve sa sœur, Juliette, et son frère, Jérémie. Leur père meurt juste avant le début des vendanges. En l’espace d’un an, au rythme des saisons qui s’enchaînent, ces 3 jeunes adultes vont retrouver ou réinventer leur fraternité, s’épanouissant et mûrissant en même temps que le vin qu’ils fabriquent.

On va pas se mentir, le film est EXACTEMENT à l'image de l'idée que vous vous en faites en lisant ce synopsis.
Vous voyez très bien le genre de film que c'est, le genre de récit, le genre de leçon que chacun va apprendre, etc. C'est globalement sans surprise.

Et pourtant, c'est pas déplaisant du tout. C'est même souvent assez touchant.
Le salut se trouve dans ce traitement typiquement klapischien, sous forme de chronique, adoptant cette fois comme seule structure les quatre saisons d'une année et donc d'un cru, et réduisant l'aspect choral qu'il affectionne tant à une simple fratrie de trois personnages, tous attachants et surtout servis par de bons comédiens.

Que ce soit dans l'évitement de certaines scènes convenues (la dispute en ellipses) ou dans ses bons vieux aphorismes ("un couple c'est comme un vin, quand ça vieillit c'est pas que du pourrissement"), le film parvient à retrouver par moments la justesse de sa trilogie Xavier, comme quand il fait dialoguer le passé et le présent, l’enfant et l’adulte, le père et le fils, ou qu'il capture la convivialité des vendanges. Il se hisse donc clairement au-dessus des Klapisch récents plus artificiels (Paris, Ma part du gâteau, 10%).

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C'est en effet mieux que les derniers Klapisch. Mais il arrive des fois que, dans un film, tout soit au rendez-vous - la délicatesse, le tournage sur 4 saisons qui rend bien à l'image, l'humilité, les petites touches d'humour et d'inventivité - et pourtant que ce soit inoffensivement raté. C'est dur à dire car ce n'est pas une remarque constructive mais tout simplement... ça ne prend pas. Et pourtant on passe un bon moment.

Si je devais à tout prix pointer un reproche objectif, ce serait Pio Marmaï. Le mec a bâti son succès sur son côté passe-partout (on peut s'identifier à lui car il n'a aucune caractéristique, ce mec c'est nous... il pourrait aisément jouer dans le biopic de presque chaque foruméen), mais malheureusement c'est pas un acteur jojo. Il y a quand même plus d'un moment où rien ne se passe sur son visage, où t'es jamais captivé par lui, par ce qu'il va faire ou comment il va dire telle ou telle réplique. C'est un galet...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Assez d'accord avec vous... La fatrie est attachante et l'écriture arrive à donner une place à chacun de ses membres, à part Pio Marmaï les acteurs sont plutôt bons (Marmaï est pas mauvais mais complètement lambda)... mais ce qui nous est raconté est calibré, et malgré certains moments touchants ou drôles, le résultat est inoffensif. Et cette voix off qui sur-explique, c'est non.

Vu il y a deux semaines. Klapisch fait dans le feel-good movie inoffensif, comme à son habitude, et c'est plutôt agréable, notamment sa manière de montrer plutôt que dire (même si le film commence par une voix-off lourdement explicative). La narration, pas avare d'ellipses, fait preuve d'une efficacité toute américaine.
Pio Marmaï joue tellement mal qu'il en devient vaguement attachant, endearing, dit-on dans l'autre langue. Son jeu démonstratif présente toutes les tares du mauvais acteur qui imite les comédiens actors studio des années 70, mais tellement mal. Son personnage, et partant, l'acteur est tellement transparent dans la manière d'exprimer ses émotions qu'on croirait voir un adolescent qui n'a pas grandi, ou un acteur qui n'a pas conscience qu'il joue comme un ado (ce qu'on peut rencontrer dans la vie). Cela le rend ridicule mais aussi attachant, comme déjà dit.
L'un de ses comparses, outre Ana Girardot, m'a beaucoup plu, un certain François Civil, dont le jeu ne sonne jamais faux alors qu'il est dans le même registre "brut de décoffrage", "je ne calcule pas". Mais il joue le petit frère constamment ignoré. Son rôle est intéressant, même s'il incarne un type extrêmement conventionnel (ce qui ne l'empêche pas, au contraire, d'être émouvant).
Globalement, cette image édulcorée d'un terroir français fantasmé n'est donc pas déplaisante, et tous ses traits de prétendue sagesse distillés tout le long du film tel celui cité par FF ("un couple c'est comme un vin, quand ça vieillit c'est pas que du pourrissement") arrivent, bien qu'ils prêtent à dérision, à créer l'illusion d'un monde rassurant, où racines et jeunes générations coïncident malgré les conflits générations.
Dans le genre, Saint-Jacques La Mecque est bien meilleur (et je me range à l'avis de Luc Moullet en disant cela).