Forum de FilmDeCulte

Et si Skeletor avait été exilé sur Terre par ses ennemis ? Qu’il n’était pas seulement rusé et ambitieux, mais aussi assoiffé de sang ? Que les ennemis en question n’étaient pas si nets que ça ? Et s’il tombait sur deux gamins qui vont parvenir à contrôler son comportement grâce à une amulette ?

Voilà pour le pitch. Niveau traitement, c’est du post-Troma donc fondamentalement pas sérieux, au sens propre comme figuré (privilège à l’humour, et ça reste du cinéma d’exploitation donc pas toujours rigoureux). Dommage, car le pitch pourrait très bien être traité au premier degré comme un authentique trope de fantasy. Ca fonctionnerait bien dans une sorte d’amblinisme dark.

Et certains éléments çà et là indiquent que c’est une route qui a failli être prise : la relation entre les deux gamins, notamment la toxicité de la petite (abjecte) qui devient un plot point ; celle entre les parents, en miroir ; toute la gravitas au cœur de l’écriture, et au-delà des gags, du monstre lui-même, solidement ancré dans ses références (par exemple, il vient de la planète Gigax) ; l’ambivalence de ses ennemis, comme en atteste l’origin story de ce destructeur de mondes. Mais voilà, le choix de tonalité d’ensemble fait que ces éléments surnagent, prometteurs, tandis que l’aspect comique prend le dessus, souvent de manière malhabile, voire grossière, quitte à évoquer une forme d’auto-sabotage de peur d’assumer une approche totalement sérieuse. Attention cela dit : c’est quand même vraiment marrant par moments, et je n’ai rien contre l’humour Troma. Le souci vient juste de la possibilité flagrante d’un traitement plus ambitieux, ce qui suscite quelques regrets.

Là où le film frappe fort, en revanche, c’est dans le travail remarquable qui a été abattu pour faire vivre le lore intergalactique autour du personnage titre : maquettes, costumes, effets visuels… On est dans le sentai neo-retro explosif, radical, shameless, avec du character design incroyable. Une création ambitieuse de SF/fantasy qui sublime les contraintes évidentes de budget avec une énergie et une inventivité tout bonnement admirables. Et bien sûr du gore à la fois cartoonesque et dérangeant hérité des films de Lloyd Kaufman, ancien mentor de James Gunn. Tout ça, plus le personnage amplement réussi, contribue à rendre l’expérience inoubliable, aussi inégale soit-elle. J'aurais pas dit non à des suites façon The Toxic Avenger, a condition bien sûr que ça reste fauché et créatif.

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Looks like meat's back on the menu, boys!