Mercredi dernier, je vois l'affiche de ce film dont je n'avais pas entendu parler, lis le synopsis et je ne me sens pas bien. Peut-être à cause de l'ambiance post-prez / pré-lèges ? j'y vois une sorte de produit du "Système" pour déconsidérer les alternatifs écolos. Cela fait 20 ans que je suis la lutte anti-aéroport à NDDL, opposant passif-actif (vais aux manifs, à certaines réunions, aux rassemblements sur le site) et depuis l'investiture de Fillon, je suis persuadé que l'expulsion du site va se faire avec des morts et que ce sera recherché par l'Etat. L'élection de Macron ne m'a pas rassuré sur ce point (j'en veux, mais j'en veux à de Rugy... enfin, comme on peut en vouloir à un député). Tout ce qui touche de près ou de loin à la Zad de NDDL depuis cette ignoble et inique consultation me déprime au plus haut point.
Je scotche l'affiche. En colère contre Eric Judor, pubard pour EDF et référence comique française des hipsters, qui sort un film se moquant des écolos, comme s'ils n'étaient déjà pas assez déconsidérés, le monde de l'Art les épargnant encore un peu.
Alors que Judor m'est sympathique. J'aimais beaucoup Eric et Ramzy, époque des mots. J'ai détesté la fumisterie H, regardé la moitié de l'insupportable Tour Montparnasse infernale. Et, par hasard, je vais voir Steak qui me plaît beaucoup, sans être fan pour suivre les carrières de chacun. Mais avec une sympathie renforceé pour Eric Judor, qui a un truc. Je jette un œil rapide à Platane, je n'accroche pas mais toujours cette sympathie pour Judor.
Puis je me dis que faudrait pas que je devienne parano parce que les Zadistes, c'est quand même une idée de génie pour une comédie ! Durant les manifs, les réunions (un peu moins les réunions) ou les rassemblements, quand t'oublies que le sujet est sérieux, c'est difficile de ne pas être effaré par certaines caricatures d'hippies et de ne pas se foutre de leurs gueules. D'autant que certains d'entre eux sont d'un sectarisme à faire peur, seulement dépassé par celui des musulmans fondamentalistes (avant d'être rattrapé par les macronistes ?). Et puis j'oublie.
Hier, 2 heures à perdre dans la ville de Laval (53). Mayenne. Pays de Loire. Où la Loire ne passe pas, comme dans 3 départements sur 5 de cette Région, et quand elle passe en Maine-et-Loire, Angers est aux bords du Maine. A Nantes, ce n'est déjà plus la Loire, mais l'Atlantique. Précurseur des Hauts-de-France. Pas de culture française ? Pas forcément faux.
Un modèle des villes moyennes de Provinces agonisantes, à ceci près que le taux de chômage est plus faible qu'ailleurs. Ce qui est assez effrayant d'ailleurs, même dans un coin relativement épargné par la souffrance économique, le centre-ville est mort alors que les zones commerciales semblent immenses en périphérie.
Au regard de la taille de la ville, bien sûr : je crois que pleins de Lavallois vont régulièrement faire du shopping à Rennes (Métropole). Merci à l’aménagement du territoire de la "une et indivisible" dont les propositions des candidats à la présidence se limitaient surtout à une planification jacobino-écolo de Mélenchon, donc voué à échouer avec force et fracas, et la démagogie de Le Pen qui a parlé de geler toutes nouvelles grandes surfaces. J'ai souffert quand j'ai entendu cette proposition concrète, simple, intelligente (et très courageuse si ça devait arriver) venir du FN (bon, ça pourrait être un truc piqué à la FI, je ne suis pas allé vérifier, ça serait logique ; seulement s'ils y ont pensé, ils auraient dû insister là-dessus ou le mettre à la place de l'ALBA). Mais pas autant souffert qu'en apprenant l'investiture REM du sociologue du CNRS, de "gauche et humaniste" bien évidemment, Jean Viard, un des collaborateurs contemporains de ce catastrophique aménagement du territoire (exemple concret : son soutien au cauchemardesque Europa City).
Bref... Pourquoi pas se faire un film ?
2 séances programmées.
Les Gardiens de la Galaxie vol.2. Pas trouvé foufou le 1er. En VF.
Ou Problemos.
Sujet politique pour une comédie. Que ma 1ère ou ma 2e impression à la vue de l'affiche soit la bonne : intéressant.
Comédie française. Avec et par Eric Judor : intéressant (j'ai pas vu grand-chose finalement du bonhomme, je sais qu'il en a des bouses derrière lui, mais il a son ton) et puis le goût du risque. Les Aventures de Max et Léon doit être la seule comédie française que j'ai vue au cinéma en 10 ans (depuis Steak peut-être bien), et je m'étais bien marré devant un bon film (pas vu de comédie française tout court depuis).
On y va.
Je me suis vachement marré. Et un peu énervé.
Avec la musique d'ouverture de reggae festif (qui m'a d'ailleurs fait d'emblée penser au Palmashow et leur parodie de groupes honteux style Kana) mais qui ne colle pas avec les images du bas-côté de la route, coupées par une vanne de Judor, le tout malheureusement avec un montage assez foireux.
En 30 secondes, t'as le film : tu te marres, tu trouves ça bizarre et techniquement limite.
Sur ce dernier point, c'est même plutôt honteux. Les errances d'écritures, de montage, de mise en scène (pleins de travellings sans justification autres que de... bah, changer des plans fixes) donnent l'impression d'un je-m'en-foutisme reposant sur un décalage fumeux, supposément la signature d'Eric Judor. Qui n'est pas l'auteur du scénario. Scénario assez décalé pour justifier de l'embaucher dans le rôle principal, voir une participation à l'écriture (effective, ya des moments très Judor, drôles mais pas forcément les meilleurs et pas toujours à leurs places) mais qui se révèle surtout être très, très faiblard dans sa réalisation, donnant un patchwork peu convaincant alors qu'avec une réelle rigueur, il y avait le potentiel de petit chef-d'oeuvre comique.
Heureusement, les acteurs sont excellents. Sauf... Eric Judor, là encore, ne trouvant pas toujours le ton juste. Et les personnages, plus vrais que nature, dont le génial "shaman" Claude (l'asiat pas vacciné de la BA) et Gaïa, typique le genre de nanas avec qui j'évite soigneusement d'entamer une conversation. Ils sont tous, sauf deux ou trois, veules, lâches, hypocrites et mauvais (les enfants compris) mais avec une certaine profondeur (pas les Bronzés quoi) malheureusement seulement aperçue ou grossièrement et frontalement (comme Dylan le crêteux) avec pour seul résultat cette inquiétante étrangeté censée être la marque d'Eric Judor mais qui ne se justifie vraiment pas et frustre largement aux vues du potentiel.
Réussite notable cependant : finalement, très noir sur la Nature humaine, le film réussit habilement à ne pas déconsidérer une catégorie de personnes par rapport à une autre comme je le craignais.
Apparemment un seul cinéma à Laval, classé art et essai parce qu'il doit y avoir 2, 3 films d'auteur par semaine en VO, le reste à l'affiche étant du gros-gras ricain VF et de l'adipeux français. On était 5 dans une assez grande salle, séance de 16h30, pas entendu de rires, faut dire que je me marrais comme une baleine (2 fous rires pour Claude) mais ça ne peut que se planter et finir vaguement culte chez les hipsters vingtenaires parce que "décalé". Sauf que c'est tellement décalé, que ya carrément une scène, dont l'ellipse était incompréhensible, placée en début de générique de fin, sans aucune raison, d'autant plus qu'elle est très drôle et aurait été encore plus drôle dans la continuité. Puis une scène bêtisier. Puis une animation. Ok.
Dommage que Judor gâche son petit talent en écoutant, je suppose, des proches lui disant qu'un tel génie de la comédie se doit d'être réalisateur.
En tout cas, les clients de Judor s'y retrouveront. De là à aller le voir au cinéma... De là à le revoir avec un pote, oui, parce que je me suis bien marré mais pas sûr que ce soit le cas une 2nde fois.