En 2001, le succès du petit In the Bedroom de Todd Field surprend l’industrie avec son cast impeccable, son méga succès critique, un profit juteux au box office (le film rapporte vingt fois sa mise) et son atterrissage en beauté aux Oscars. Parallèlement, le gang Weinstein se dit que relancer la carrière assoupie de Gwyneth Paltrow, pas bankable pour un sou, mais icône glamour à rentabiliser, serait de bon aloi après sa statuette honteuse et critiquée de Shakespeare in Love. Les deux frangins s’emparent des droits d’une pièce à succès de Broadway-l’éternelle-vache-à-lait, Proof, écrite par David Auburn. Même principe, soit un trauma familial, même plan de bataille. Dès l’annonce du projet, les columnists s’enflamment et prédisent que Preuve Irréfutable (sic) sera l’un des poids lourds aux Oscars. John Madden, soit Mr. Larbin, est réengagé pour réaliser le film avec un budget de 20 millions $. Autour de Paltrow qui sera mise en orbite comme cela est bien précisé dans son contrat, sont réunis Anthony Hopkins, Jake Gyllenhaal et Hope Davis, tout ça pour faire joli et sérieux à la fois. Sorti au départ sur 8 écrans en septembre 2005 et considéré comme le starter officiel de la saison des prix, Proof se viande méchamment avec des critiques mi-figue mi-raisin et un public qui s’en tape complètement. La nomination de Gwyneth Paltrow aux Globes fait rejaillir un ferme espoir chez Bob et Harvey qui cachent leur gêne tant bien que mal. La campagne promo est relancée en pagaille, mais les projos destinées aux académiciens à aguicher ne sont intéressantes que pour les buffets servis a près le film. Péniblement, le film termine à 7,5 millions $ dans l’indifférence générale et passe inaperçu aux Oscars, Gwyneth est dégoûtée.
Y’a ptêt une raison à ça, il faut dire que Proof est un gros navet. Le postulat fonctionne certainement très bien sur une scène de la 42ème rue, mais les tunnels hystériques sur grand écran, quand on a l’impression que le réalisateur est plus souvent à côté de la machine à expresso que derrière sa caméra, ça le fait moyen. La scène d’ouverture, longuissime au possible, est l’équivalent filmique d’un trajet, au hasard, Dunkerque/Metz en train Corail avec des gamins braillards. De temps en temps, Madden se permet quelques contre-champs qui demeurent inutiles pour faire oublier la théâtralité inexorable du dispositif narratif. Et la suite ne tend pas vers l’extase, bien au contraire. Aucune idée de mise en scène ne vient éveiller un intérêt quelconque chez le spectateur qui pourra pour se divertir, regarder le film en allemand sous-titré espagnol. Car tout ici est prévisible, ennuyeux, désabusé. Les acteurs, qui faisaient sur le papier tout le potentiel de l’œuvre, achèvent de reléguer Proof dans une étable de vaches molles. Jake Gyllenhaal, perdu dans un personnage sans substance aucune et vague faire-valoir masculin, semble regretter tout du long d’avoir signé pour un tel naufrage, quand Anthony Hopkins plus décati que jamais s’ennuie à mourir sans même oser cabotiner. Hope Davis est la seule à tirer son épingle de la meule à mélasse, mais c’est parce qu’elle paraît jouer dans un autre film. Quant à la blondasse dépressive, elle se tue à la tâche en criant méticuleusement le plus souvent possible, avec en filigrane, « je veux un … de deuxième Oscar sur ma ch’minée » à chaque réplique. Sauf que Gwyneth qui crie, c’est faux, c’est risible, c’est assez proche du couinement de petite fille riche qu’elle est parce que la costumière n’a pas inclus de twin-set Calvin Klein dans la garde-robe. Coté performance mémorable, c’est donc la déroute, cela justifie surtout que cette épine dans le pied Weinstein soit facilement dispensable. Ce coup-là, les Athéniens ne s’atteignirent pas.
_________________ Marie-couche-moi là.
je disais UIIIIII bien avant UGC, bande de Tipiaks !!
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