Ratatouille a écrit:
Pour encore rebondir sur notre conversation des interviews intéressantes de chercheurs fréquemment cités actuellement pour comprendre les récents évènements:
http://www.slate.fr/story/54109/fn-stup ... he-guilluyhttp://www.dailymotion.com/video/xmz29o ... rondo_newsdeux liens, plus celui du monde, tous issus d'un même type, Guilly auprès duquel Sarkozy s'est beaucoup inspiré
Ratatouille, tu te fais le relais de l'UMP ?
http://www.arretsurimages.net/contenu.php?id=4815Citation:
Après la fracture sociale de 1995, les "fractures françaises" de 2012 ? Libération raconte ce vendredi 30 mars comment un livre paru fin 2010, et écrit par un géographe qui se revendique à gauche, a fortement inspiré la stratégie de campagne... de Nicolas Sarkozy. C'est Le Figaro qui a révélé le 18 mars cette nouvelle source d'inspiration. Enjeu central pour Sarkozy : capter les voix des nouvelles classes populaires de la "France périphérique".
Curieuse deuxième vie pour un livre publié il y a plus d'un an. Christophe Guilluy, présenté par Libération comme un "géographe de formation, en rupture avec le milieu universitaire, qui se revendique à gauche tendance chevènementiste depuis toujours", publie fin 2010 Fractures françaises (éd. François Bourin). Ce livre décrit une nouvelle géographie sociale composée de classes populaires complètement oubliées par les politiques et les pouvoirs publics : celles qui vivent dans des petites villes rurales ou villes moyennes.
Dans son édition de ce vendredi 30 mars, Libération raconte comment Sarkozy s'est inspiré de ce livre pour définir sa stratégie de campagne : "En juin, Jean-Baptiste de Froment, le conseiller éducation de Nicolas Sarkozy, tête chercheuse du programme, découvre le livre. Convaincu de tenir là une grille de lecture originale et pertinente de la société française, il fait une note de quatre pages au chef de l’Etat. Et organise dans la foulée un tête-à-tête. Guilluy hésite mais s’y rend. L’entretien dure une quarantaine de minutes". Un mois plus tard, nouvel entretien. Entretemps, le livre a été lu par les conseillers de Sarkozy, notamment Pierre Giacometti et Patrick Buisson, et par Bruno Le Maire, responsable du programme de l'UMP.
Le livre de gauche repris par la droite
Résultat : aujourd'hui, "au QG du candidat, on reconnaît volontiers que la stratégie de campagne s’est largement inspirée de ce petit livre de 195 pages. Notamment dans la tonalité (martiale et protectrice) et les thèmes (souverainistes et droitiers) des discours", explique Libé.
Un livre publié fin 2010 qui refait surface pour la présidentielle
L'ouvrage du géographe est paru fin 2010, Marianne en avait notamment publié les bonnes feuilles en insistant sur la "géographie médiatique" qui consiste à ne parler que des difficultés de la banlieue, véhiculées avec "l’image-type d’un paysage angoissant, celui de grands ensembles de logements sociaux, souvent dégradés et où les violences sont récurrentes" . La banlieue occulterait tous les territoires dans le débat public. Or, l'essentiel des classes populaires ne serait plus en banlieue. Outre Marianne, Mediapart s'était également fait écho de ce livre en mars 2011 sous l'angle de la percée du FN. Un livre qui n'était pas pour autant encensé par l'ensemble de la presse. Dans une critique publiée en février 2011, Alternatives économiques dénonçait par exemple une thèse reposant sur "des soubassements fragiles, voire erronés" sur les banlieues.
Et revoilà le livre de Guilluy
Avec la campagne présidentielle, le livre connaît un regain d'intérêt, notamment parce qu'il parle de ce que certains sociologues appellent "la France des invisibles". En décembre 2011, Le Monde consacre un article à "La France d'à côté" qui "ne se sent plus représentée", et relaie une large partie des travaux du géographe. Ce dernier accorde par la suite une longue interview à Mediapart début janvier. Mais c'est le 18 mars 2012 que les articles évoquant les travaux de Guilluy changent de tournure. Ce jour-là, Le Figaro dévoile la stratégie de Sarkozy pour réunir "les deux France", celles justement décrites par le géographe.
Les deux France de Sarkozy sont celles de Guilluy.
Mais qu'y a-t-il exactement dans ce livre pour que Sarkozy y puise la principale source de sa stratégie ?
La "France métropolitaine" vs la "France périphérique"
Dans Fractures françaises, Guilluy dénonce effectivement une "géographie médiatique", qui présente la banlieue comme le territoire en difficulté, par opposition à des centre-villes bourgeois et des zones pavillonnaires où réside la classe moyenne.
Guilluy dans Mediapart
Selon lui, cette présentation de la géographie sociale serait aujourd'hui dépassée en raison des conséquences de la mondialisation : "Il y a une recomposition sociale des territoires qui dessine les contours d’une nouvelle géographie sociale qui oppose une «France métropolitaine» compatible avec la mondialisation et une «France périphérique» qui en subit les effets", expliquait-il à Mediapart en janvier 2012. La France métropolitaine (que Guilluy estime à 25 grandes métropoles) est composée à la fois de classes supérieures dans les centre-villes et de banlieues marquées par l'immigration. Deux profils de population qui concentrent les préoccupations du débat public.
Or, face à cette France-là, "émerge une France périphérique qui accueille désormais la majorité de la population et surtout l’essentiel des classes populaires, poursuivait le géographe. Ces espaces périurbains, ruraux, industriels, de petites villes ou de villes moyennes, se situent à l’écart des grandes métropoles. C’est sur ces territoires qu’émergent de nouvelles classes populaires, des ouvriers, des employés, des petits indépendants, des petits paysans qui partagent, non pas une conscience de classe, mais une perception commune de la mondialisation et de la métropolisation. Elles partagent ce sentiment d’être à l’écart du développement métropolitain et de subir les transformations économiques".
Au Monde, Guilluy a expliqué que cette France, jusqu'à présent absente du débat public, représenterait 65% de la population. Un enjeu de campagne donc, bien compris par Sarkozy. Car à cette division socio-géographique correspondent des thèmes de campagne, qui résonnent fortement dans la "France périphérique" : le problème des délocalisations, une forte critique de la mondialisation libérale, l'attachement aux emplois publics et aux services publics face à la multiplication des plans sociaux. De ces thèmes découle notamment celui du protectionnisme. Et à ces questions purement économiques s'ajoute une dimension culturelle et identitaire. "Les catégories populaires d’origine immigrée ne vivent plus où vivent les catégories populaires d’origine française ou européenne. Il y a eu un grand chassé-croisé lié à la métropolisation, avec des catégories populaires blanches délocalisées à l’extérieur des villes et une concentration des flux migratoires dans les grandes métropoles", expliquait Guilluy à Mediapart. Sauf que la politique de la ville n'aurait aidé que les banlieues. D'où un sentiment d'abandon : "Il existe donc une fracture culturelle au sein même des milieux populaires qui recoupe une logique territoriale. C’est potentiellement explosif".
Défense du protectionnisme, lutte contre les dérives de la mondialisation, fracture culturelle et question identitaire, autant de thèmes repris notamment par Marine Le Pen, qui fait le plein des voix dans les classes populaires, et que Sarkozy veut récupérer avec un discours sur la nécessité de frontières qui protègent (sans utiliser le mot tabou de protectionnisme).
"Je ne suis pas le Todd de Nicolas Sarkozy"
En développant une analyse reprise par Sarkozy, Guilluy ne serait-il pas "le Todd de Nicolas Sarkozy" (à l'image de celui qui restera, à tort, comme celui qui inspira la fracture sociale de Chirac) ? Interrogé par Marianne2.fr suite aux révélations du Figaro, le géographe s'en est défendu en dénonçant une récupération : "Je n’ai rencontré que deux fois Nicolas Sarkozy : un tête à tête de 40 minutes et un déjeuner avec d’autres chercheurs, aux cours desquels je n’ai fait que redire les analyses que j’ai posées depuis 10 ans sur la table du parti socialiste. Celles-ci se retrouvent dans l’ouvrage collectif au titre explicite auquel j’ai participé : Plaidoyer pour une gauche populaire : La gauche face à ses électeurs".
Sans vouloir être récupéré, il reconnaît tout de même que Nicolas Sarkozy a été beaucoup plus réceptif à ses idées que le PS, qu'il n'hésite pas à égratigner.
nGuilluy sur Marianne2
Car si Hollande fait référence à ses travaux, d'après Marianne2, le géographe ne l'a jamais rencontré. "Le PS est une vaste machine, peut-être trop lourde. J’ai effectivement participé à des groupes de réflexion (...) Seulement, il s’agissait de chercher non pas à élaborer un discours politique et les mesures qui en découlent mais à construire des « éléments de langage »" à destination des classes populaires, tacle Guilluy. Sur le fond, il estimait en janvier que le PS pouvait très bien reprendre le thèmes du protectionnisme et de la laïcité, tout en défendant les services publics. A condition de ne pas rester prisonnier de son principal électorat des métropoles composé de diplômés, cadres supérieurs et fonctionnaires. Un dilemme résumé en ces termes : "Comment parler aux classes populaires sans désespérer « boboland »". Un exercice compliqué pour Hollande, mais pas forcément plus simple pour Sarkozy : selon le dernier sondage IPSOS-Nouvel Obs, auquel le géographe a été associé, "Nicolas Sarkozy «recule fortement» dans les intentions de vote pour la présidentielle de «a France périphérique fragilisée»".
Je copie-colle l'article d'asi...Si ça gène pour des questions de droit je l'enlèverai