(il n'y a pas encore d'affiche et la photo d'exploitation cannoise est horrible)
une belle ode au vivre-ensemble, à travers la rencontre entre une connasse csp+ macroniste egocentrée et un random électeur fn issu des territoires.
alors, non pas que les états d’âme et aventures sentimentalo-sexulles d’amélie de montchalin ou de brune poirson - filmés comme dans une pub pour assurances - ne m’intéressent pas, mais mon principal sujet de préoccupation pendant le film c’était de savoir si je préférais découper ce personnage à la hache ou la dissoudre dans de l’acide ?
le début donne le ton. dans une surcharge stylistique ostentatoire et chichiteuse, il montre cette consultante de luxe en plein breakdown. alors l’empathie est immédiatement difficile avec une meuf de mckinsey présentant un plan de licenciement préparé avec l’aide de l’ïa (==> qu’elle crève). j'avais aussi envie de dire « ta gueule » au mec qui hurle « regardez moi je suis réalisateur !!! » derrière la caméra - d’autant qu’il est très perceptible que ce ne sont que des effets de style qui ne traduisent aucun sentiment intime, et surtout : rien n’existe à part elle, en très gros plan. c’est sûrement quelque chose qui se veut très littérature contemporaine, sonder l’âme tout ça. mais c’est surtout une vision profondément auto-centrée, ultra individualiste, et bel et bien très libérale de la vie actuelle. rien n’existe à part elle, jamais. ses envies, ses états d’âme, elle elle elle moi moi moi je je je.
donc dans le film, personne n’a jamais le droit à un moment pour exister en tant qu’individu. le main character syndrome est exacerbé. ses collègues n’existent pas, le mec qu’elle date est une blague, sa psy est une employée qu’on paye à qui on parle mal, même sa mère (qui a le droit a une scène en bonne et due forme, incroyable) n’a d’intérêt que parce que les états d’âme de cette dernière ont pour cause ses états d’âme à elle et ont un impact sur elle. absolument tout le monde n’est qu’un figurant dans la passionnante épopée de sa vie. c’est peut-être un commentaire : quand on n’a d’intérêt pour à ce point rien d’autre que soi-même c’est dur d’aller bien. si c’est le cas je ne l’ai pas vu, j’ai juste trouvé ça insupportable.
et donc, cette charmante femme est mariée avec deux enfants et après son burn out emmène sa famille dans sa ville natale, avant de se lancer dans une liaison avec son fantasme adolescent. et son mari n’est qu’un figurant dans cette histoire, le mec un peu moche et chiant. ses enfants aussi. vraiment la meuf est consommatrice de son couple et de sa famille, qui la suivent au gré de ses états d’âme et qu’elle trompe et jette pour aller mieux. l’absence totale d’un plan, d’une seconde accordée à la famille dévastée par ce qui se passe m’a heurté, vraiment.
approche exacerbée par un petit parti pris de ne pas tout formuler, expliciter, des petites ellipses récurrentes sur les éléments narratifs. d’un côté c’est stimulant parce que ça évite des scènes trop connues. d’un autre c’est relou parce que ça fait des mystères inutiles autour de trucs utiles à comprendre. mais par ailleurs, ça rend ultra violent le traitement réservée à la famille. rien à battre, poubelle.
et mélanie thierry… je l’adore, vraiment. à mes yeux c’est one of the greats. mais elle est trop bien pour son propre bien. elle naile la connasse avec beaucoup trop de talent. tu as vraiment une monstruosité macroniste devant les yeux. absolument haissable, sa manière de mal parler aux gens est insoutenable, ses faux sourires sont horribles, elle est absolument détestable de bout en bout. beaucoup de mal à déterminer dans quel mesure c’est volontaire, si c’était le but, ou quoi mais elle est : a t r o c e. ma phobie sociale totale.
puis il y a l’histoire « d’amour » avec bastien bouillon, donc (qui lui est juste woof). il y a l’évidence que tout ça n’est pas fait pour durer et que donc on regarde juste une random histoire de cul dans un hôtel, du mal à me passionner pour ça. il y a l’artifice absolu de ne les faire avoir aucune sorte de conversation substantielle durant tout le film (j’ai rigolé en pensant qu’il suffisait de lancer un débat d’idées « pensez vous que les immigrés ont trop d’aide par rapport aux français qui galèrent ? » et que l’engueulade qui suivrait entre les deux ferait que le film sur cette histoire d’amour se transformerait en court-métrage). il y a le fait que le film lui donne une vague back story mais aucune personnalité, en application de ce que déclarait jean luc mélenchon au moment des émeutes : « nous autres, familles populaires, nous n’avons rien d’autre que nos enfants, c’est notre seule richesse mais c’est la plus grande ». il y a cette storyline sur son père alzheimer totalement plantée là, dossier de l’écran artificiel et superficiel.
et puis il y a le fait que c’est sensiblement la même chose que simple comme sylvain (et que partir un jour ?), qui n’est quand même pas vieux. lequel avait un style formel tout aussi visible mais sincère et personnel. lequel explorait vraiment les enjeux et particularités d’une relation adultérine de ce style. lequel traitait les gens qui passaient devant la caméra comme des êtres humains. lequel se cassait aussi un peu la gueule au moment d’arriver sur la problématique de différences de classe entre les deux, mais c’était quand même moins dramatique qu’ici où la scène du mariage est vraiment une offense faite au cerveau humain. et puis c’était québecois, donc de fait on avait pas l’impression de ce film safari chez les bouseux né dans le bureau de grégory weil, avec lutz qui nous prie de ne pas get fooled by the rocks that he got, il est toujours alex from the block.
vous l’aurez peut-être compris, je n’ai pas été conquis. (sortie le 10 septembre)
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